67. Marc. 9. 7 à 13. Lecture commentée. La Transfiguration (fin)
Article 67. Bible. Lecture suivie. Evangile selon Saint Marc 9. 7 à 13 - Mon Fils bien-aimé - , puis lecture des compléments dans les autres évangiles :
Mt. XVII, 1 à 13 ; Lc. IX, 28 à 36.
IX, 7
Une nuée survint qui les enveloppa, et de cette nuée sortit une voix : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le ! ". - IX, 8 - Immédiatement ils regardèrent autour d'eux et ne virent plus personne ; Jésus seul était avec eux.
Ils ont donc dans ce passage de "La Transfiguration" une vision collective, qui disparaît brusquement. Cette "vision" est-elle réalité ou vision ? Une "hallucination collective", comme la médecine psychique la formulerait aujourd'hui ? Luc suggère, au verset 32, que cela pourrait bien être un songe –collectif ?- des disciples ; rêve éveillé, en voyant le Christ en prières ? Si cette vision est réalité, tous les passants éventuels pourraient la voir. On n'aura jamais la réponse. Chacun aura la sienne, selon les heures, et selon les convictions. Selon l'esprit de Jacques Ellul dans "Le défi et le nouveau" (le chapitre sur Jonas) la seule réalité ici est spirituelle ; n'en cherchons pas d'autre. Jésus et les 3 Apôtres présents ont donc une vision, qui les concerne tous les quatre.
Notons encore que, chez Luc, Dieu confirme Jésus dans sa vocation exceptionnelle de Fils bien-aimé, mais quand les deux autres prophètes sont partis.
Cette scène est proche de celle du baptême de Jésus : la nuée ; la voix de Dieu ; ce que la voix dit. Voici pourtant les différences :
- Au baptême la nuée est au-dessus de Jésus ; elle s’entrouvre pour laisser passer la colombe ; ici, la nuée les "enveloppe" : du seul Jésus, on passe aux trois disciples. La nuée accentue l'origine du mystère de la parole de Dieu ; Dieu ne doit pas être vu.
- une addition ici à la scène du baptême de Jésus dans les quatre évangiles : "écoutez-le". Le message de La Transfiguration est donc destiné dans l’instant aux 3 disciples, ou apôtres, Pierre, Jacques et Jean, pour fortifier leur foi, qui est alors à la fois juive et "chrétienne", pour souligner la continuité entre l'Ancien ou Premier Testament et le Nouveau ou Second Testament. Ensuite ce message sera destiné à tous les croyants. Notons le singulier de l’expression « Mon Fils.. » ; la majuscule souligne l’unicité : cette expression est réservée à Jésus ; elle devient un nom propre. Notons la préférence affichée de Dieu pour Jésus dans l'expression : mon Fils bien-aimé face aux autres prophètes, aux autres croyants.
Enfin Jésus reçoit ici une seconde consécration, après celle du baptême ; c’est une véritable intronisation. Voici, avant la Crucifixion, le premier des deux volets extrêmes de sa vie : son apothéose et sa mort cruelle.
IX, 9
Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu'ils venaient de voir, si ce n'est lorsque le Fils de l'homme serait ressuscité d'entre les morts. - IX, 10 - Ils retinrent ces mots : "ressuscité d'entre les morts", et se demandaient, à part eux, ce qu'ils signifiaient.
Maintenant nous avons vu plusieurs fois cet "ordre" de la part de Jésus de tenir ces choses mystérieuses secrètes. Il ne tient pas, rappelons-le, à être propulsé sur le devant de la scène, à être amené à jouer le rôle politique d'un Messie d'Israël, à se faire trop repérer des autorités avant que lui-même ne le décide, et, dans un cercle plus proche, à rendre peut-être les autres disciples jaloux, qui sait ? Mais évidemment, après sa mort et sa résurrection, les circonstances seront différentes.
Il y a du nouveau toutefois pour les Apôtres dans les paroles de Jésus : c'est ici que le mot "ressuscité" apparaît pour la première fois, et les disciples s'interrogent (entre eux, loin du Maître, comme d'habitude) ; en effet, ils doivent avoir honte car Jésus leur reproche souvent leur incompétence, leur incompréhension ; ils n'osent pas demander à Jésus de peur de se le faire reprocher. Une fois de plus, ils n'y comprennent rien (et là on peut les comprendre, surtout dans leur contexte culturel, à la croisée des chemins juif et chrétien) ; jusqu'ici aucun des prophètes n'est ressuscité ; Elie ne meurt pas, il monte au Ciel, donc il ne ressuscite pas. Enfin c'est vague pour Elie ! Et le mot ressuscité n'est sans doute pas un mot de la culture juive.
Le Fils de l’homme sera re- suscité…Il vit encore dans nos cœurs aujourd’hui
IX, 11
Et ils l'interrogèrent : "Pourquoi les Scribes disent-ils : il faut qu'Elie*
vienne d'abord ? " - IX, 12 - Il leur répondit : "Elie* vient d'abord pour tout rétablir. (ici ne manque-t-il pas : et ils l'interrogèrent à nouveau : ) Comment peut-il être écrit du Fils de l'homme qu'il doit beaucoup souffrir et être méprisé ?- IX, - 13 - Mais je vous dis qu'Elie est venu, et ils l'ont traité comme ils voulaient, conformément à ce qui est écrit de lui."
Les disciples -juifs- sont attachés à leur culture juive, au prophète Elie ; Ils se posent des questions sur lui par rapport à Jésus, tout nouvellement entré dans leur vie (ainsi d'ailleurs que sur Jean Le Baptiseur : cf Mt. 17.13) ; ils l'interrogent donc sur Elie, sur son rôle, sur ses conditions de vie.
Puis on arrive à l'expression au singulier du "Fils de l'homme" : les questions des disciples sont peut-être de cet ordre : 1) Fils: sans ou avec majuscule ? 2) Fils avec majuscule : Elie, Jean Le Baptiseur ou Jésus ? Il n'y en a qu'un avec majuscule, Le Messie, espoir commun aux Juifs et aux chrétiens.
Enfin Les disciples se posent la question de la souffrance - obligatoire (IX. 12 : il doit) - de celui qui, plus que tout autre, risque sa vie pour Dieu : serait-ce un scandale incompréhensible pour eux ? Jésus alors ne semble, dans l'év. de Marc, répondre qu'indirectement en renvoyant les disciples à la vie d'Elie, racontée dans la Torah (Rappel : les cinq premiers livres de la Bible qui transmettent l'enseignement de Moïse) : Elie est aussi un fils d'homme. Jésus reste secret, vague, sur cette souffrance, peut-être pour ne pas effaroucher ou attrister ses disciples, les décourager. Ce n'est que plus tard, lorsqu'il ira vers Jérusalem, qu'il soulèvera progressivement le voile sur ses souffrances à venir. Dans l'évangile de Matthieu, au contraire, dans le chapitre parallèle, Jésus aborde cette question de la souffrance à la suite de son propos sur Elie (Mt. 17. 12 : "C'est ainsi qu'à son tour le Fils de l'homme doit souffrir pour eux."
Les versets correspondants de Matthieu éclairent donc ce passage (Mt. XVII, 11-13) : D'abord Jésus dit qu' Elie "est déjà venu" : c'est du passé. Jésus se perçoit seul Messie, il sera seul, pour l'avenir. Ensuite Matthieu fait une comparaison entre Elie et Jésus : tous deux ont connu la souffrance et le mépris (voir : I Rois, 18-19)
"Moi seul [ des prophètes de Dieu] je suis resté et ils cherchent à m'ôter la vie", dit Elie (verset 19, 14).
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Note* : Elie, le fidèle serviteur de Dieu : On ne sait pas grand-chose des origines et de la vie personnelle d'Élie. Il apparaît brusquement au chapitre 17 du premier Livre des Rois : Élie, le Tishbite, de la population de Galaad ...et il termine sa vie au deuxième chapitre du second livre des Rois. (Portrait d'Elie : https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200166.html )
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Cet article est aussi inséré dans l’ensemble plus vaste de mon école du dimanche biblique entièrement sur la toile (sans doute la première...) :
855. Marc 9. 1 à 13. Ecole du dimanche. 2. Mai 1e sem. La Transfiguration (12 12 2017)
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Livres de Marike (décrits sur la toile, dans ce blog, et recensions) :
- Anthologie de la prose française. 1100-1900.
Ed. indépendante illustrée. 2005. 480 p. Prix : 26 €. Epuisée. Qui la rééditera ?
- Etude des Evangiles, suivi de : Les Evangiles et l'écologie
L'Harmattan, coll. Chrétiens autrement. 2006. 155 p. Prix : 14,50 €
- Interroger sa foi. Du calvinisme au judéo-christianisme libéral. Préface du pasteur P. J. Ruff. Editeur : Edilivre. 2013. 261 p. Prix : 20€
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Livres de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences :
Une page sur lui et ses oeuvres : voir en marge d'un article : PAGE 4 :
http://marike.over-blog.com/
pages/4_Michel_Lefeuvre_et_ses_oeuvres_Michel_Lefeuvre