247 - J. Calvin. "L'Institution de la religion chrétienne". Mal. Volonté et liberté. Grâce.

Publié le par marike.over-blog.com


18 06 09

 

247 - Jean Calvin. "L'Institution...". La corruption. La volonté et la liberté. La grâce

 

Livre II. Chapitre 3

 

Par le péché originel :


Ce qui est né de la chair est chair (Jean 3.6)


Certes, toutes ces méchancetés n'existent pas en chaque être humain, mais aucun ne peut nier qu'il en porte, en lui, la semence.


En la corruption universelle dont nous avons parlé, la grâce de Dieu est intervenue, non pas pour guérir la corruption de la nature, mais pour la limiter et en réduire les effets.


Aucun animal n'est animé de façon aussi désordonnée...De tels cas sont restreints par le Seigneur, dans ses élus, de la manière que nous décrirons. Dans les réprouvés ils sont seulement tempérés, comme par une bride, afin qu'ils ne dépassent pas les limites que Dieu juge opportunes de placer pour la conservation du monde.

 

Calvin donne un exemple d'homme vertueux puis il nous dit :


De telles vertus ne sont pas reconnues à la nature, mais sont des grâces particulières du Seigneur qu'il accorde même aux pécheurs, comme il lui semble bon et comme il lui plaît.

 

Si nous pensons que Calvin exagère, il suffit de regarder nos actualités télévisées aujourd'hui : la drogue, les paradis fiscaux, le chômage en masse depuis des années, la catastrophe aérienne -290 morts, je crois ? -, le tamiflu et le risque de pandémie, la décadence de l'école, les riches qui s'enrichissent toujours, les pauvres qui s'appauvrissent de plus en plus...L'homme ne porte-t-il aucune responsabilité dans tout cela ? Il ne faut pas être grand clerc pour voir qu'elle est partout, sa responsabilité... La Bible traduit donc en son langage une constante ... bien qu'il y ait des époques quand même plus fastes que d'autres...

 

 

 

Maintenant suit un paragraphe assez confus, dont le sujet est sans doute difficile à circonscrire, sur la volonté et la liberté de l'homme face au péché originel.

 

Distinguons d'abord entre nécessité (intérieure) et contrainte (extérieure).

 

Augustin est la référence première, comme d'habitude :

Il déclare sans difficulté qu'il existe en nous un asservissement au péché. Il convient donc de distinguer : l'homme, depuis qu'il a été corrompu par sa chute, pèche volontairement et non pas malgré lui ou par contrainte. Il pèche, dis-je, sous l'effet d'un très fort désir et non sous celui d'une contrainte...Et pourtant, sa nature est si perverse qu'il ne peut qu'être incité, poussé ou conduit au mal. Si cela est vrai, il est clair que l'homme est soumis à la nécessité de pécher.

 

La thèse de Bernard de Claivaux, voisine de celle d'Augustin, dit Calvin,  est ensuite présentée sur ce sujet (p. 237) ; il préserve la volonté et la liberté entières de l'homme (donc sa responsabilité) -ce qui est volontaire est également libre-, tout en le montrant en même temps asservi au péché (nécessité) : la volonté, étant libre, s'est asservie au péché.

 

Thèse que récuse Pierre Lombard dans ses « Sentences » : L'homme est entièrement libre face au péché. Cela lui vaut la condamnation de Calvin : « Une peste pour l'Eglise », dit-il.

 

6- p. 238


Le remède est la grâce ; elle guérit notre péché.

Tout ce qui est bien dans le cœur de l'homme est une œuvre de pure grâce.


Dieu opère tout en tous ( I Corinthiens 12.6)


S'il y avait la moindre faculté en nous, il y aurait aussi un peu de mérite ; mais afin d'évacuer totalement cette idée, Paul affirme que nous n'avons rien pu mériter...

A juste titre, Augustin montre que la grâce précède les mérites.

Je pense, d'autre part, qu'il ne sera pas mauvais que je montre à quel point je suis d'accord avec Augustin auquel l'Eglise rend, à juste titre, hommage. (p. 241)

Puisque l'origine de la volonté et de l'action bonne vient de la foi, d'où vient la foi elle-même ? Comme l'Ecriture proclame partout, haut et fort, qu'elle est un don gratuit, il en découle que c'est par pure grâce que nous commençons à vouloir le bien, nous qui sommes par nature adonnés au mal.


Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron... Comme le sarment ne peut de lui-même porter de fruit, s'il ne demeure attaché au cep, de même vous non plus vous n'en pouvez porter, si vous ne demeurez en moi...car, hors de moi, vous ne pouvez rien faire. (Jean 15. 4-5)


...Nous voulons que tout honneur revienne à Dieu.


Toute plante qui n'a pas été plantée par le Père céleste sera déracinée (Matthieu 15.13)


Dieu opère en nous le vouloir, ce qui montre que tout ce qui est bon nous est extérieur.

 

Le mythe du serpent, de Satan, est bien  l'image mythique du mal, de la mort, comme le Créateur, Dieu, est l'image de la vie, du bien.  Tous deux nous accompagnent.

 

Il me vient alors une objection : si tout ce qui est bon nous est extérieur, tout ce qui est mal ? Satan, l'ange déchu, qui symbolise le mal en nous, n'est-il pas beaucoup plus fort que nous, puisqu'il est ange ? Peut-on alors dire que notre volonté et notre liberté sont indemnes ? Adam n'avait-il qu'une solution, le suicide (volonté libre) (mais : Tu ne tueras point), pour échapper à Satan ?

 

Il nous faut bien dire alors que nous allons aux limites extrêmes de notre raison : notre condition est loin de nous satisfaire, nous qui avons soif du vrai Dieu.

 

Il nous reste une seule solution : « L'attente de Dieu », titre d'un des ouvrages de Simone Weil.

Attendre en tant qu'esclave (otage ?) -de Satan plutôt que de nous-même- patiemment notre libération, selon notre foi... le bon vouloir, le puissant vouloir de Dieu.

 

Le bien et le mal, constantes variables de l'espèce humaine, au-delà de l'animalité. L'espèce humaine est la réponse finale de la Création ; ira-t-elle dans le mal jusqu'à la folie ? Retournera-t-elle à l'animalité ? Ou parviendra-t-elle à ses fins ?  Telles sont les grandes questions.

 

10. p. 244

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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