249 - Jean Calvin. L'Institution chrétienne. La grâce et la foi

Publié le par marike.over-blog.com

21 06 09


249 - Jean Calvin. L'Institution chrétienne. Le règne de la grâce et de la foi.

 

Page 244. II, 3.10.

 

Dieu pousse notre volonté, non pas comme on l'a longtemps imaginé et enseigné, c'est à dire en nous laissant le choix d'obéir à son impulsion ou d'y résister, mais avec une efficacité telle qu'elle ne peut qu'obtempérer.

 

Dieu opère en nous le vouloir...par son esprit conduit dans le droit chemin, oriente, dirige notre cœur et y règne comme s'il était chez lui.

 

Il faut assurément enseigner que la bonté de Dieu est proposée à tous ceux qui la cherchent, sans aucune exception. Mais, comme personne ne commence à la chercher avant d'être inspiré par le Ciel, il ne convient pas, même ici, de diminuer en rien la grâce de Dieu. Ce privilège appartient aux élus seulement.

 

La grâce témoigne du choix gratuit de Dieu. Ce qui est commun à tous, c'est la nature, non la grâce.

 

Quiconque est né de Dieu ne commet pas de péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui.              

                                                                                                          ( Première épître de Saint Jean, 3. 9)

 

Ce que les sophistes disent : Dieu offre sa grâce de telle manière que chacun puisse l'accepter ou la refuser selon ce qui lui semblera bon (en note : position des armyniens et de la théologie wesleyenne par la suite).cette rêverie, ni chair ni poisson est à éliminer lorsqu'il est dit que Dieu nous fait si bien persévérer qu'il n'y a pas de danger que nous tombions.

 

Une fois de plus Calvin montre une évidente tolérance ! La question de la liberté de l'homme, du respect de Dieu face au choix de sa créature, du libre-arbitre, reste donc entière....

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Il me vient à l'esprit la condamnation à mort de Michel Servet par Calvin... Calvin est-il un élu de Dieu ? et beaucoup d'autres illustres personnages, dits « saints » qui le précédèrent :

 

On peut lire sur la toile cette page très édifiante de Bertran de la Farge (« L'Inquisition, des Cathares à nos jours ») sur les responsables de l'Inquisition tout au long de l'histoire du christianisme, dont Saint Dominique fait partie, et plus d'un pape : http://www.occitanie-cathare.com/amissabarthez/inquisition2.htm
Il est intéressant de la comparer avec la thèse adverse, page consacrée à « Saint » Dominique par Wikipedia, en particulier ces lignes :

 

« En réalité, Dominique est mort en 1221, date à laquelle l'Inquisition n'existait pas encore, et ne combattit jamais que par le prêche. La première personne à porter le nom d'inquisiteur, Conrad de Marbourg, reçoit ce titre en 1231. »


 

En réalité, tout ceci nous amène à un regard plus critique sur les écrits de Calvin : Beaucoup de ces grands personnages très bénéfiques pour l'Eglise ont été aussi ceux à qui s'adressent ces paroles d'Esaïe (I,15) :


Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas. Vos mains sont pleines de sang...

 

ne nous le cachons pas. Il nous semble plus vraisemblable de voir en l'homme un constant mélange du bien et du mal, à des dosages variés, plutôt qu'une attitude constante humaine, positive, dûe à la grâce de Dieu. Il est évidemment plus facile à un moine solitaire d'être véritablement « saint », tel François d'Assise, qu'à un pape qui a des responsabilités mondiales, politiques et religieuses, de chef d'Etat, au Moyen Age, qu'à Calvin maître organisateur de sa petite cité de Genève, au seizième siècle. Ces derniers ont plus de tentations.

 

 

 

Comme on aimerait croire Calvin, dans ses propos que je viens de citer ! mais hélas ! La réalité n'est-elle pas plus complexe ? Où sont les élus qui ont totalement échappé à l'emprise de Satan ? Peut-on à coup sûr les nommer ? N'y a t-il pas une contradiction dans le principe de la grâce de Dieu qui pardonne sans cesse aux pécheurs les plus impénitents, qui leur renouvelle sa grâce, comme au peuple d'Israël,  et dans  les propos de Calvin ci-dessus ? Comme si l'homme guidé par Dieu pouvait, à partir de l'instant où Dieu le prend en charge, être tout le temps bon ? En tous les cas, rares sont ces hommes-là ; pour ma part je ne verrais que François d'Assise...


Quelqu'un demanda à Jésus : « Seigneur n'y a -t-il qu'un petit nombre de gens qui soient sauvés ? Il leur répondit : « efforcez-vous d'entrer par la porte étroite... » (Luc 13.22-30)

 

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11 - Je reconnais que les croyants doivent s'attendre à ce que, mieux ils auront usé des grâces de Dieu, d'autres grâces plus grandes leur soient journellement ajoutées...

Calvin tempère ici ses propos précédents : c'est dans le temps que le chrétien se construit, plutôt « est » construit, avec la mentalité et les connaissances de son époque, tout en sachant que les qualités et les défauts inhérents à l'homme sont permanents -L'homme a des qualités et des défauts : de qui les hérite-t-il ?... Dieu et Satan se relaient apparemment sur ce champ de bataille.

 

Le Dieu qui m'est propice viendra à mon aide. (Psaume 59.11)


Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie,
Et je passerai de longs jours dans la maison de l'Eternel
.
(Psaume 23.6)


Dieu va au devant de celui qui ne veut pas afin qu'il veuille, et il suit celui qui veut pour qu'il ne veuille pas en vain (Augustin).

 

Là encore nous voyons que l'accomplissement se fait dans la durée.

Augustin me semble ici optimiste : Dieu choisit l'homme (mais « la porte est étroite »), ne lâche plus le pécheur, en somme, et l'amène à l'Election. Qui peut se dire avec certitude aussi bien loti ? Posons nos regards sur ces poètes « maudits », si sympathiques : Villon et Verlaine : ils n'ont pu sortir de la faille dans laquelle ils se sont trouvés : pour l'un le vol pour survivre, pour l'autre la boisson, et pourtant ce sont tous deux de bons chrétiens...Ils ont toutefois la foi, comme Verlaine le montrera dans certains de ses poèmes du recueil « Sagesse ». La « foi » est donc sans doute le mot de la fin. elle est salvatrice.

(p. 249)

 

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Faire le point jusqu'à la page 250 : Récapitulatif

 

1) Les Ecritures émanent du ciel...c'est comme s'ils (les lecteurs) entendaient Dieu lui-même s'adresser à eux.(p. 36) Selon moi c'est vrai dans l'ensemble (La Bible est un grand livre de sagesse, un livre inspiré) mais cela ne doit en rien être un absolu.

 

2)  « Il faut le témoignage secret du Saint Esprit. » (p. 41)

 

3) Comme dans les Dix commandements (Exode  20.3) Calvin refuse les représentations des choses saintes, les images, mais il est favorable à l'art, en dehors de cela.

 

4) Dieu veut être servi lui seul : non les saints,etc...

 

5) La Trinité : complexité confuse des « preuves » ! Calvin voit partout Jésus dans l'Ancien Testament ! jusqu'à la page 92) Je suis antitrinitaire pour plusieurs raisons.

 

6) Les anges ? seuls ceux qui sont dans la Bible. Vous l'auriez deviné : comme Calvin veut placer Jésus partout dans l'A. T....bien sûr, Jésus est un ange...

 

7) Calvin ne veut voir dans la Création que ce qui est beau, digne du Créateur parfait, et non ce qui est laid... (page 131)

 

8) L'homme est corps, esprit, et âme, à l'image de Dieu, donc « supérieur à toutes les espèces animales. »

 

9) Dieu préside à tous les événements du monde. Lui seul décide de tout. L'homme doit agir selon la volonté de Dieu : il est responsable de ses actes. Ayons foi en la Providence. Les décisions de Dieu sont de toute éternité.

 

10) Satan est totalement sous les ordres de Dieu, comme l'homme. Dieu est souverain des cœurs : il peut les toucher comme les endurcir..

 

11) le péché d'Adam est héréditaire ; même les enfants en ont la semence. C'est la faute d'Adam. Nous avons besoin de renaître (« d'eau et d'esprit », selon les Evangiles). (p. 198)

 

12) Le Libre-arbitre est un mot à ne pas retenir ; probablement difficile à cerner de près. Notre raison est infirme. Nous voyons les principes ; nous peinons par nos préjugés à les appliquer à nous-mêmes.(p. 230)

 

13) La corruption de l'homme est universelle ; seule la grâce sauve. Dieu seul décide à ce sujet.

 

14) L'homme pèche volontairement, soumis à la nécessité intérieure de pécher ; sa volonté est asservie au péché.

 

15) La foi sauve. Elle est un don gratuit, pure grâce. (p. 241) (article 248)

 

16) si Dieu accorde sa grâce à ceux qu'il a élus, il ne quitte plus le pécheur pour son élection, alors assurée, nous dit Calvin, mais dans la réalité que voyons-nous ? Je constate que l'homme est sans cesse dans un va-et-vient face à Dieu et qu'il ne peut s'arrêter de pécher totalement ; il lui faut le pardon de Dieu plusieurs fois, sinon sans cesse, au cours de son parcours. (Lecteur, avez-vous un éclairage là-dessus ? Je reviendrai peut-être sur cette question.... 

 

 

 

 

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