360 - Commentaire sur le film : "Ordet" de Karl Dreyer

Publié le par marike.over-blog.com

29 01 2010

 

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360 - Commentaire sur le film : "Ordet" de Karl Dreyer

 

J’ai revu  hier soir le film « Ordet » (la Parole) (1954) de Carl Th. Dreyer (Copenhague 1889 – 1968), réalisateur danois. Il nous replonge dans la foi vive des chrétiens luthériens danois, avant le cri de « Dieu est mort » des années 60.

 

L’art suprême une fois de plus est le meilleur des sermons….comme une musique particulière de Bach, Haendel, Mozart... une architecture ou une sculpture d’une cathédrale romane, une fresque bouddhique ou une icône russe de Roublev.

 

La musique, le bas-relief, est le témoignage d’une foi qui se fait esprit. L’architecture symbolise la grandeur de l’ordre spirituel du monde.  La fresque bouddhique révèle un peu les ondes de l’Esprit courant à travers la représentation. L’icône russe de Roublev transcende la représentation, quelle qu’elle soit.

 

Le film ici allie la beauté, la dialectique et le témoignage.

 

Parfois nous sommes un peu lassés de toutes ces belles théories auxquelles l’intelligence adhère cent pour cent, par exemple le « Connais-toi toi-même  et tu connaîtras l’univers et les Dieux » de Socrate, parce que cela nous semble infiniment hors de notre portée, si quelques rares heureux élus arrivent peut-être à cet exploit.

 

Pourtant ici « Ordet » est pédagogique : ce film nous enseigne le chemin.

 

En effet, il nous montre d’abord et toujours l’épreuve, pour nous dépasser.

 

Il nous présente un exemple de vie en Inger, le centre de la foi rayonnante dans la maison : elle sait encourager et laisser ouvert le chemin, sans cesse.

Par exemple elle nous dit que la réponse de Dieu à nos prières, la façon de nous exaucer, n’est pas toujours visible immédiatement, et à l’œil nu, mais que Dieu est présent partout, ce que le film s’attachera à montrer. La foi est en somme une vision dynamique et positive du monde.

 

L’auteur nous fait comprendre par allusion dans le film que la mort du nouveau-né ressuscite en même temps à la raison le fils chéri du père, Johannes, comme foudroyé,  sur le lit même d’Inger qui avait promis la naissance d’un garçon à son beau-père.

 

La vie est comme un rêve qu’il faut interpréter. Comme le songe de Joseph dans la bible. Comme une oeuvre d’art.

 

L’auteur suggère une définition de la vraie et de la fausse religion ; la vraie est celle du cœur et de la joie ; la fausse est celle des fanatismes à courte vue qui vont à contre-courant de la vie véritable.

 

Mais souvent les deux –la fausse et la vraie religion- sont intimement mêlées dans la pratique de l’homme ; on ne peut séparer le bon grain de l’ivraie, comme l’écrit la bible, si bien que si l’homme veut accéder à l’esprit, au bon grain, il doit passer aussi par l’ivraie, que présente toute religion, car elle fait partie du monde imparfait des hommes.

 

Il nous montre comme nous sommes loin de la vie de l’Esprit, attachés que nous sommes à nos certitudes de courte vue (le docteur et le pasteur). La foi souffre dans le monde, et elle ne peut être représentée que par l’innocence d’un enfant, et par un fou. Après l’immense épreuve de la folie, qui met Johannes au ban du monde des hommes, celui-ci est le seul qui puisse ressusciter Inger par sa foi.

 

Le malade mental compense sa folie par un accès aux connaissances supérieures, tout comme on a pu constater que la personne handicapée a des connaissances qui échappent à une personne en bonne santé. Cette idée est représentée dans le Nouveau Testament, où l’esprit qui hante le malade reconnaît le christ en Jésus, son interlocuteur.

 

L’humanité –The milk of human kindness- est partout présente en ce film, mais aussi avec son contraire (le clair-obscur du noir et blanc du film ?) : la vision parfois limitée de la religion, ou de la science, par ceux qui les pratiquent, par nous tous, loin de l’humilité de la vraie religion, de la vraie science, face à l’Esprit.

 

On peut objecter que ce film est artificiel, pas comme dans la vie, car tout y finit bien, particulièrement dans le miracle de la résurrection d’Inger. Mais nous pouvons reconnaître là des positions extrêmes difficiles à croire, qui n’infirment pas le « chemin » : c’est par la démarche d’Inger auprès de son beau-père et par le pardon du tailleur au paysan que l’amour de deux jeunes peut passer ; c’est parce que le père ne met pas son fils dans un hôpital psychiatrique, comme le docteur le lui suggère, que celui-ci peut vivre mieux ce qui lui reste d’humanité, particulièrement auprès d’une enfant, puis même  guérir de sa folie qui n’est pas dangereuse.

 

La religion est une voie qui peut, bien pensée, mener à l’Esprit.

 

Reconnaître partout la prééminence de l’Esprit.

 

Pour plus de renseignements : http://fr.wikipedia.org/wiki/Carl_Theodor_Dreyer

 

Autres chefs d’oeuvre :

 

- La Passion de Jeanne d’Arc (1928).

 

- Dies iræ est un des titres de référence du film « Jour de colère » (Vredens Dag) (1943).

 

 

 

Publié dans Société

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