370 - La question de Marie. Sur la piste de sa vérité ?

Publié le par marike

27 04 2010

 

La question de Marie. Sur la piste de sa vérité…

 

Faisons donc très brièvement le point, et quelque peu de mémoire, après avoir étudié les Evangiles dans ce blog et édité « L’Etude des Evangiles » :

 

l’origine

 

1) Nulle trace historique de la réalité de Marie, sauf le fait que Jésus a bien dû avoir une mère, et pourquoi pas une « Marie » / Myriam (Miryâm), prénom très usité alors.

 

2) Si l’on trouve des traces de Marie, c’est uniquement dans les Evangiles, et le Nouveau Testament en général.

 

dans les evangiles

 

Elle n’apparaît que très rarement :

 

1) dans les « évangiles de l’enfance » :

 

Nulle trace des « évangiles de l’enfance », ceux qui retracent l’enfance de Jésus :

- dans l’évangile de Marc, le plus ancien : Marc commence son évangile par Le ministère de Jean Le Baptiste, c’est à dire le baptême de Jésus, alors adulte.

-Dans l’évangile de Jean, le plus tardif, Jean commence son évangile à « La parole faite chair »

 

On ne parle de l’enfance de Jésus que chez Matthieu (I, 18 à 25 et tout le chapitre II,  sur XXVIII), et Luc (chapitres I et II, sur  XXIV). On remarque que l’attente de Jésus par Marie, et sa naissance, sont longuement développés ; ensuite on passe directement à « Jésus à douze ans ».

 

Dans ces évangiles de l’enfance, on a en particulier le merveilleux magnificat, un hymne à toutes les mères dans leur espérance, et Marie est alors bien présente.

 

On sait que la traduction en hébreu de « vierge » laisse aussi le choix de « jeune femme ».

On sait aussi que, pour l’exégèse, tout doit se correspondre, entre les prophéties de l’Ancien Testament et les réalisations du Nouveau… La descendance de David en réalité est interrompue dans la mémoire collective bien avant Jésus. Cette descendance est donc symbolique.

(Voir le détail de « L’ Etude des Evangiles » L’Harmattan 2006 – Marie-Claire Weber-Lefeuvre –pp 25 à 30)

 

2) Après le baptême de Jésus :

 

- Dès le début de son ministère, nous avons « les noces de Cana », récit qui n’apparaît que dans l’Evangile de Jean, (II, 1 à 12) le plus récent, qui diverge des trois autres évangiles, dits synoptiques, en de nombreux points. Nous remarquons que ce récit est placé au début de l’Evangile : Marie serait authentifiée au début du Ministère. Un point de vue négatif : elle se fait rabrouer par son fils ; un point de vue positif : il accomplit pourtant le miracle demandé par sa mère ; ce miracle –le passage de l’eau au vin, Ils n’ont plus de vin -peut être vu comme symbolique et servir dans l’hypothèse exégétique d’illustration à un discours religieux.

 

- Ensuite nous avons l’épisode où les scribes rejoignent –comme par hasard- la famille de Jésus, dont sa mère ; ils vinrent pour s'emparer de lui car, selon eux,   il est devenu fou  (Mc III, 21 – Mt XII, 24, 31-32, et 46 à 50 ; Luc VIII, 19 à 21) (« Etude des Evangiles » pp 63-64) et, comme par hasard encore, pour 2 des 3 synoptiques, les deux passages de l’arrivée des scribes, de leur  péché contre le Saint-Esprit et de l'arrivée de la famille de Jésus sont liés ; chez Luc le passage des scribes est plus tardif : XI, 17 à 23. Jésus ici renie quelque peu sa mère selon le sang, car  il déduit de ces événements dans leur ensemble : quiconque fait la volonté de Dieu est mon frère, ou ma sœur, ou ma mère. (Marc III, 35)

On ne peut dire ici que Marie, ni les frères et sœurs de Jésus, soient exaltés, puisqu'ils viennent dans ce passage pour essayer de le priver de sa liberté.

 

-Enfin, à la fin de la vie de Jésus...  Le troisième passage où elle apparaît, c’est –dans le seul évangile de Jean, là encore- au pied de la Croix (XIX, 25)… Marie, femme de Cléopas…

 

- C’est là que débouche la question de l’identité de cette « Marie »

En effet, il y a deux ou trois « Marie » dans les Evangiles :

            1)Marie-Madeleine

            2) a) Marie, mère de Jacques le mineur, apôtre, et de Joseph ou José, et le père de Jacques est Alphée, attesté plusieurs fois dans les Synoptiques.

                b) Marie, femme de Cléopas (uniquement chez Jean)

Il se pourrait bien que ces deux dernières « Marie » n’en fassent qu’une…la mère de Jésus, de Jacques et de José… Mais alors Joseph ? Alphée ? Cléopas ?

 

Voici la réponse que donne le théologien catholique américain James Tabor dans son livre : « la véritable histoire de Jésus » p 98

- Alphée est la version hellénisée du même nom : Clophas (en hébreu ql ph).

- Selon la loi du Lévirat (p. 94) le frère non marié le plus âgé du défunt a l’obligation d’épouser la veuve sans enfant et d’en avoir un avec elle afin que le nom du frère disparu se perpétue. -toutefois Jésus est bien là, fils de Marie…et de Joseph ? Jacques et José seraient ses demi-frères ? ...fils d'Alphée/Clophas/ Cléopas ?

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"La" disciple, le portement de la Croix et Fra Angelico

 

A la crucifixion, à la sépulture, et à l’aube de la résurrection, selon Matthieu  (XXVII, 61 et XXVIII, qui est, avec Marie-Madeleine, « l’autre Marie » ? Si cela avait été sa mère, pourquoi ne l’a-t-on pas dit ?…
Selon Marc, (XV, 47 et XVI, 1) c’est la mère de Jacques et de José ;
Luc précise seulement pour la Résurrection (mère de Jacques) ;
Jean est le seul à préciser : Marie, mère de Jésus (XIX, 25) mais tout en compliquant encore les liens de parenté) Marie, femme de Cléopas, sœur de sa mère…Là encore…

 

Ma conclusion est que ces épisodes ne sont pas nets, c’est le moins que l’on puisse en dire, et que les textes d’origine ont pu être altérés pour donner une naissance miraculeuse à Jésus, par Dieu seul (La Trinité - un homme né de père et mère humains n'a rien à voir avec un dieu), et pour garder à sa mère son éternelle virginité -la Vierge-, sans enfants avant, pendant et après Jésus -pas de demi frères et soeurs charnels pour un dieu -Jésus).

 

Par ailleurs, Marie recommence à jouer un rôle très net après la mort de Jésus, avec son fils Jacques, dans les Actes des Apôtres (I, 14).

 

Conclusion générale : Marie a un rôle bien secondaire dans les Evangiles ; son importance se remarque surtout autour de la naissance de Jésus, avant (naissance divine) et juste après cette naissance. Ces évangiles de l’enfance servent l’idée de la descendance du roi David, le dogme de la Trinité, où l’on distingue le rôle de « Dieu le Père » dans la naissance divine. Pour moi, qui suis unitarienne et qui crois que Jésus n’est qu’un homme, même s’il est empli de divin, ces évangiles de l’enfance offrent beaucoup de poésie, des symboles, des mythes, mais rien de plus.  J’approfondis cette question dans mon livre. Quant à Joseph, il disparaît bien vite. Peut-être est-il âgé ? Souvent Marie joue un rôle qui  n’est pas à son honneur lors de la maturité de son fils, ce qui est pour nous la partie la plus importante de la vie de Jésus. Elle réapparaît, cette fois-ci bien authentifiée, après la mort de son fils dans les Actes des Apôtres…       

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