314 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 25. La résurrection

Publié le par marike.over-blog.com

07 10 09


313 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 25. La résurrection

 

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1. L’espérance de la résurrection nous aide à porter notre croix


Notre Sauveur Jésus-Christ…a détruit la mort et mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Evangile. (II Timothée 1. 10 ; Jean 5. 24 ; Ephésiens 2. 19, 6 ; Romains 8. 25 ; II Corinthiens 5. 6 ; Colossiens 1. 5 ; 3. 3-4 ; Tite 2. 12-13 ; I Pierre 1. 8-9 ; Matthieu 6. 21 )


La foi est une ferme assurance des choses que l’on espère, une démonstration de celles que l’on ne voit pas. (Hébreux 11. 1)


2. Notre souverain bien se trouve dans la rédemption finale


Les philosophes ont, jadis, discuté de façon étonnante sur le souverain bien et ont tenu des propos très contradictoires…

 

(Le contraire m’étonnerait !)


Personne, sauf Platon, n’est arrivé à penser que le souverain bien de l’homme consiste à être en union avec Dieu. Cependant, il n’avait aucune idée de ce que pourrait être cette relation. Cela n’a rien d’étonnant puisqu’il ne savait rien du vrai bien sans lequel une telle union ne peut pas exister.

 

Première phrase : cela m’étonnerait fort …Etes-vous allé, Monsieur Calvin, au fond des forêts d’Afrique, un exemple entre mille, pour « voir un peu »…et chez les anciens égyptiens ?

 

Deuxième phrase : il a bien fait ; il est justement prudent ; c’est mieux que d’en avoir une « toute faite » à mon sens.

Troisième phrase :  Evidemment, lui, Calvin, il "sait".


Quant à nous, nous connaissons déjà, dans notre pèlerinage terrestre, quel est le seul bonheur parfait… nous ne pouvons recevoir aucun fruit des bienfaits de Jésus-Christ si nous n’élevons pas nos esprits jusqu’à contempler la résurrection. (Philippiens 3. 13-14, 20 ; Romains 8. 19, 23)


Le Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés d’un grand nombre, paraîtra une seconde fois sans qu’il soit question du péché… en vue du salut. (Hébreux 9. 28)

 

Je lis la traduction de ce verset dans ma Bible, dont le sens ne change pas, sauf à la fin, où il est plus précis :  


Il apparaîtra à ceux qui l’attendent, non plus pour porter le péché, mais pour leur donner le salut.

 

De toutes façons, pour moi, comme je l’ai déjà exposé plusieurs fois, Le Christ 1) ne s’est pas du tout offert, même s’il a pris de grands risques pour faire fructifier son message en le portant jusqu’à Jérusalem : il s’agit ici tout bonnement d’un truquage de la justice, qui a déguisé un meurtre en sacrifice expiatoire (voir les paroles de Caïphe dans « Jean »).  2) Il ne « porte » pas du tous nos péchés : il les pardonne, si nous nous repentons et si nous marchons dans la foi.


3- La résurrection de Jésus est le prototype[1] (modèle) de notre résurrection.


S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et notre foi est vaine, elle aussi.
                                                                                                                           (I Corinthiens 15.
13-14)

 

Notre difficile condition de disciple, ouverte à tous les risques, est alors inutile, nous précise Calvin (Romains 8. 36 ; Psaumes 44. 23)


Il a été revêtu d’immortalité et de gloire céleste, afin que tout le corps soit conforme au Chef.

Il est difficile de croire que les corps décomposés sont appelés à ressusciter en leur temps. C’est pourquoi, bien que plusieurs philosophes aient maintenu l’immortalité des âmes ( en note : Platon) la résurrection de la chair a été approuvée par bien peu d’entre eux. Même s’ils ne doivent pas être excusés, toutefois il faut admettre que la résurrection est quelque chose de trop extraordinaire pour être accessible à la compréhension humaine.

 

Si les Juifs ne séparaient pas, dans leur conception de l’homme, le corps de l’âme, les Grecs le faisaient.  C’est pourquoi, pour eux, et les premiers « chrétiens », la résurrection ne peut être que globale : corps et âme. Cela transparaît dans le Nouveau Testament, et donc dans une certaine conception chrétienne. Toutefois Jésus dit bien aux Sadducéens, qui ne croient pas en la résurrection  (Marc 12. 18 à 27) :

(25)…à la résurrection des morts, on ne se marie pas et l’on n’est pas donné en mariage ; mais on est comme des anges dans les cieux...

Calvin va ensuite développer sa croyance en la résurrection des corps (II Corinthiens 4. 10)


Tu  ne permettras pas que ton bien-aimé voit la corruption (Psaumes 16. 10)


Notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ…transformera notre corps misérable et le rendra conforme à son corps glorifié, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses.
(Philippiens  3. 21)

 

Cette dernière citation montre l’apparition de l’idée d’un « corps mystique » que l’on retrouve au partage du pain dans la Cène : il n’est ni totalement charnel ni totalement spirituel ; en quelque sorte un compromis entre l’idée juive et l’idée grecque ; en réalité, il est impossible de le concevoir, sauf à le concevoir majoritairement spirituel… comme celui des anges, a trouvé Jésus.

 

L'oeuvre d'art est boiteuse si elle n'est pas à la fois corps et esprit.

______________

Digression de la représentation de ces corps dans les arts :

 

L’art parle par analogie, et il nous fait sans doute mieux sentir qu’un discours cette réalité qui nous échappe. Je pense aux corps saints pénétrés de mysticité, de lumière, d’Esprit, de beauté, de légèreté des grands maîtres, tel Fra Angelico, Andreï Rublev  (icône de la Trinité…) ou le tympan du portail central de la cathédrale de Vézelay. En musique, « Le Messie » de Haendel, ou J. S. Bach…Mozart…enfin les grands maîtres. Je ne suis pas sans penser aussi à certaines fresques bouddhistes…

chez Homère, chez Dante : dans « La Divine Comédie » à l’entrée du Purgatoire, Dante voit apparaître l’ange de Dieu qui vient les chercher, mais d’abord les « âmes noires » embarquent pour l’Enfer sur l’Achéron, avec un vieillard blanchi par l’âge :

Ce démon de Charon , avec ses yeux de braise, bat celles qui s’attardent . Tout ainsi que les feuilles à l’automne s’envolent l’une après l’autre, jusqu’à ce que la branche ait rendu son entier revêtement à la terre, ainsi choit la méchante race d’Adam. ; Un à un les esprits se jettent dans cette barque, semblables à l’oiseau que trompe la ruse de l’oiseleur.
Ils s’éloignent ainsi sur l’onde noire…

 

Mais à l’entrée au Purgatoire (chant II), tout est différent :


Et plus l’oiseau divin avançait vers nous, plus il apparaissait radieux, si bien que mes yeux n’en pouvaient supporter l’éclat. Aussi je les baissai.  Et il vint au rivage avec une barque si déliée et si légère qu’elle glissait sur l’eau sans y plonger. Le nocher céleste se tenait à la poupe et le bonheur était gravé sur son front. (La Divine Comédie. Le Purgatoire chant II)

L’ombre, hélas, n’était qu’une apparence : par trois fois je l’embrassai,  et par trois fois mes mains se retrouvèrent sur ma poitrine.

 

Et au Paradis  (chant III) :


La perle éternelle nous reçut comme l’eau reçoit un rayon de lumière, sans en être entr’ouverte.

______________

Nous ne sommes pas « ramenés » à la vie, comme dit Calvin : notre âme est immortelle, mais ressusciter  vient de resuscitare, c’est à dire « réveiller » : l’espérance, de charnelle, devient spirituelle. Calvin, en nous ramenant au jour de la résurrection dans les évangiles, nous dit :


Comment leur autorité nous serait-elle suspecte, puisqu’ils ont tenu pour incroyable ce que les femmes racontaient jusqu’à ce qu’ils l’aient constaté eux-mêmes ? 

 

Calvin ne croit pas à tout ce qui a pu ce passer cette nuit-là[2] .  Au contraire il relate tous les témoignages susceptibles de renforcer notre foi en cette résurrection, bien sûr pour lui charnelle :

(Matthieu 27. 66 ;  28. 13-15 ; Luc 24. 6, 39 ; Actes 1. 3-9 ; I Corinthiens 15. 6 )


4. Notre résurrection s’accomplit par la puissance infinie de Dieu


(Philippiens 3. 21)


Insensé ! ce que tu sèmes ne reprend pas vie s’il ne meurt (I Corinthiens 15. 36)

 

Cette phrase reprend le texte suivant :

Si le grain de froment ne meurt après être tombé à terre, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Celui qui aime sa vie la perdra…(Jean 12. 20-33) (Esaïe 26. 19)

 

En réalité, le grain ne meurt pas, il est « endormi » ; il a seulement l’air d’être mort…au contraire, il se « réveille », il « ressuscite » à la saison propice, germe lentement, grandit, et, avec le temps, il se multiplie. Mais il s’agit uniquement de l’enveloppe charnelle, qui meurt, celle que les yeux du corps voient, comme la peau d’un serpent qui mue.Pensons aussi au cycle de la vie : l’âme à la mort retourne d’où elle est venue. Et voici ce très beau texte qui a tellement inspiré Haendel dans « Le Messie » :




Moi, je sais que mon Rédempteur est vivant,
Qu’à la fin il règnera sur la terre
Oui, quand cette enveloppe qu’est mon corps sera détruite,
Quand je serai dépouillé de ma chair,
Je verrai Dieu !  (Job 19. 25)

 

Voilà un texte hébreu où l’âme, ou le corps mystique, est bien séparée du corps charnel. De quand date-t-il ? Je laisse la parole aux exégètes.

 

Mais voici un texte qui semble donner raison à Calvin et aux commentateurs dans le N. T. c’est celui des ossements rappelés à la vie :


Ossements desséchés, écoutez la parole de l’Eternel … Je vais faire entrer l’esprit en vous et vous revivrez ; et vous saurez que je suis l’Eternel. (Ezéchiel 37. 1 à 14 ; Jean 5. 28-29 ; II Thessaloniciens 1. 6-8)


Maintenant rapprochons cette parole de celle de Jésus à la Samaritaine :


Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. (Jean 4. 22 à 24 ; II Timothée 4. 8)

 

 

 

 

1] Un prototype désigne le premier, ou l'un des premiers exemplaires d'un produit industriel (voiture, avion…)

[2] Comme les  nombreuses hypothèses que je fais dans mon ouvrage : « Etude des Evangiles. Marie-Claire Weber-Lefeuvre. Chrétiens autrement. Ed. L’Harmattan  2006, pp. 129 à 131

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