699. La Franc-maçonnerie. Articles II sur III - Historique (fin). Théories

Publié le par marike

Au 19e siècle :
Napoléon réconcilie tout le monde, ce qui ne l’empêche pas de les faire étroitement surveiller par sa police. Et, pour encore mieux les tenir en laisse, il nomme en 1804 son frère Joseph Grand Maître du Grand Orient de France. Sur les 25 maréchaux d’Empire 17 sont Francs-Maçons. Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie ou Murat, roi de Naples sont aussi Grands-Maîtres en leur royaume. Le Rite Français reste largement majoritaire, le Rite Ecossais Ancien et Accepté s’implante et est promis à un bel avenir mais on pratique aussi les Rites Ecossais Philosophique, d’Heredom de Kilwinning, de Perfection ou des Ecossais Primitifs… A la suite de l’expédition du Caire, l’influence de l’Egypte grandit dans la Maçonnerie.   

- Sous la Restauration et le Second Empire, les loges changent peu à peu de visage. L’intérêt pour les questions politiques et sociales n’est plus l’exception.  
            Pour survivre à la proclamation de l’Empire Autoritaire et prévenir toute interdiction de la Maçonnerie après le Coup d'état du 2 décembre 1852, le Grand Orient dut donner des gages. Il porta donc à sa présidence Lucien Murat, un proche de Napoléon III. On doit néanmoins mettre à son actif l'achat de l'ancien hôtel du Maréchal de Richelieu, qui est aujourd'hui encore le siège du Grand Orient de France. Cette tentative de reprise en main autoritaire du Grand Orient créa de multiples oppositions, au point que le Grand Maître Murat fut obligé de se retirer en 1861.           
            A une époque où les élites intellectuelles sont profondément marquées par l’agnosticisme philosophique d’Auguste Comte (« Cours de Philosophie positive » 1830-1842), une division majeure en 2 courants s’effectue :           
            En 1877, dans le passage constitutif :  la franc-maçonnerie est une institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive qui a pour base l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme.. le Convent du Grand Orient de France abolit l’obligation suivante : l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme. La loge ouvre donc la porte à l’athéisme. Cette décision fait aujourd’hui encore l’originalité du Grand Orient, en le mettant à l’avant-garde, selon les uns, ou hors la loi, selon les autres, de la Franc-maçonnerie universelle.     
            En 1894, La Grande Loge de France (GLDF) est créée à Paris, en sa forme toujours  actuelle, par la réunification des divers courants de la Maçonnerie dite " écossaise ", par référence au rite qu'elle pratique de manière quasi-exclusive, le
Rite Ecossais Ancien et Accepté, universel, rite maçonnique le plus pratiqué dans le monde.
Elle est l'obédience française la plus ancienne et la plus importante dans la pratique de la Franc-maçonnerie traditionnelle, initiatique et spiritualiste. Elle est l’héritière des première Grandes Loges constituées à Paris à partir de 1725. la Grande Loge de France a placé en tête de ses propres Constitutions le texte des Anciennes Obligations, considéré comme la Loi fondamentale de la Franc-maçonnerie universelle.
            Elle respecte ainsi strictement les principes fondamentaux de la Franc-Maçonnerie régulière :

  • l'invocation du Grand Architecte de l'Univers,
  • la présence en Loge des trois Grandes Lumières : le Volume de la Loi Sacrée (qui dans ses Loges est la Bible) exposé et ouvert avec l'Equerre et le Compas,
  • la souveraineté exclusive sur les grades symboliques,
  • l'indépendance de toute structure maçonnique de Hauts Grades,
  • la non-mixité dans les travaux rituels,
  • la non-immixtion dans les controverses politiques ou religieuses,
  • le caractère progressif et spirituel de la démarche initiatique.

De ce fait, la Grande Loge de France travaille dans le respect des principes fondamentaux de la Franc-maçonnerie traditionnelle. Attachée au fondement que constitue la fraternité, elle affirme la primauté du spirituel sur le temporel. Elle est régie par des Constitutions, Règlements généraux et Statuts qui définissent son organisation et son fonctionnement tant sur le plan maçonnique que civil. Sa devise se confond avec celle de la République : Liberté - Egalité - Fraternité.
            Aujourd'hui, la Grande Loge de France fédère près de  900 Loges, rassemblant 34 000 Frères

A partir de 1870, l’antimaçonisme, contemporain de l’apparition des loges au XVIIIème siècle,  connaît une véritable flambée.         
            Rome et les prélats français voient dans la maçonnerie  «La Synagogue de Satan » et – professant aussi un antisémitisme virulent – ils dénoncent le « complot judéo-maçonnique ».    De la Révolution Française à l’avènement de la IIIe République, les loges sont accusées d’avoir été le fer de lance de l’humanisme et du modernisme (mon commentaire : 2 mots pourtant positifs…peut-être plutôt : le matérialisme athée).   
Dès que l’extrême-droite prend le pouvoir – en Italie, en Allemagne et en France à l’occasion de l’occupation nazie – les loges sont interdites et les maçons pourchassés. Le régime collaborateur de Vichy édictera des lois antimaçonniques, pillera les temples. De nombreux frères mourront en camps de concentration. La Franc-maçonnerie sera l’une des composantes importantes de la Résistance.

Dans les années 1880, la consolidation de la IIIe République (1870) marque donc le retour de la Maçonnerie dans l'espace social où se fait l'Histoire.    
            Démocratisation ? Les citoyens des classes nobiliaire et bourgeoise voisinent avec de petits fonctionnaires, des artisans et des commerçants.  
            Cependant, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle apparaît comme une société de notables et demeure imperméable à la classe ouvrière et au prolétariat… Il en est encore de même de nos jours, à quelques exceptions près.
            Au 19e s. les FM ont œuvré pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat, (loi de 1905),  la laïcisation de l’enseignement (ou l’athéisation… ?) (Emile Littré, Jules Ferry),  le droit de vote des femmes ( par des loges non mixtes !), et l’IVG ou Interruption volontaire de grossesse. Dans l’affaire Dreyfus (1894-1906), l'institution fut lente à s'engager ; l'engagement de la Franc-Maçonnerie fut finalement acquis au moment de la révision du procès, en juin 1899.

2) Historique à partir du 20e siècle

Les débats sur l’entrée des femmes en Franc-maçonnerie, tant à la Grande Loge qu’au Grand Orient, vont se multiplier entre 1880 et 1920. Deux solutions apparaissent. En 1893 se crée une obédience mixte internationale : « Le Droit Humain » (518 Loges, 15 700 adeptes.), structure mixte, qui n’exige aucune croyance. En 1901, la Grande Loge de France refonde les loges d’adoption ne réunissant que des sœurs. Ces loges d’adoption prendront leur indépendance et constitueront par la suite la Grande Loge Féminine de France. A côté du « Droit Humain » se sont formées d’autres obédiences mixtes comme la G.L.M.U. (aucune doctrine) ou la G.L.M.F (pratique tous les rites – 174 loges, 4500 adeptes).

L'entre deux-guerre ou l'ère des interrogations
Les lendemains de la « Guerre de 14 » sont une période de doutes et d’interrogations pour la conscience européenne. Le progrès, la science, la démocratie n’ont pas empêché l’horreur des tranchées qui a englouti sauvagement toute une partie de la jeunesse. Les maçons n’échappent pas à cette ambiance de remise en question. D’autant que si la République, fermement installée au prix de combats et de sacrifices, a apporté beaucoup – libertés publiques, enseignement, début de protection sociale – l’usure du pouvoir commence aussi à se faire sentir. Le « Cartel des Gauches » sera le dernier grand combat politique dans lequel les loges s’engageront directement.
 

- De grands scandales discréditent l’Ordre, comme le fichage de tous les militaires français pour leur avancement ou non (1904), ou  l’affaire Stavisky (en Italie la Loge P2)...

Publication au moment de l’exposition sur la Franc-Maçonnerie à Paris en 2016 :
« La Franc-maçonnerie », Sous la direction de  Sylvie Bourel, conservateur, département des Manuscrits, BnF.
Pierre Mollier, directeur de la bibliothèque du Grand Orient de France et conservateur du Musée de la franc-maçonnerie,
Laurent Portes, conservateur en chef, département Philosophie, histoire, sciences de l’Homme, BnF BnF Éditions. 344 pages, 230 illustrations

 

Publié dans Société

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