388 - "L'...histoire de la chrétienté". L'Express. n°3103. 22 12 2010

Publié le par marike

04 01 2011

 

388 - "La grande histoire de la chrétienté" –L’Express – n° 3103-3104 – 22 12 2010 -

 

Mes réactions ainsi qu’à l’article de Michel Benoit à ce sujet : « La question Jésus devient publique ». http://michelbenoit17.over-blog.com/  
 

 

I – Mes réactions à l’article de l’Express 

 

A) J’ai aimé l’article !        
 

 

a) J’ai apprécié l’éditorial de Christophe Barbier. Enfin du courage pour défendre vigoureusement notre civilisation chrétienne. En effet, malgré toutes ses insuffisances, qui sont nombreuses, particulièrement aujourd’hui, elle n’a certes pas à rougir de son bilan global.

 

b) J’ai apprécié la qualité de ses intervenants et la grosseur du dossier (p. 58 à 174 = 116 pages)

 

B) Mais voici quelques bémols d’une chrétienne protestante libérale unitarienne française.


a) N’y a-t-il pas un peu confusion entre christianisme et catholicisme ? Si le long début du christianisme (15 siècles) est commun aux catholiques et aux protestants et si la France est très majoritairement catholique n’oublions pas pour autant les autres, et  aujourd’hui : 1 milliard de catholiques pour 500 millions de protestants, donc en gros deux catholiques pour un protestant dans le christianisme. Sur 116 pages les protestants n’ont le droit qu’à 1 page 1/2 : pp. 132-133 

 

b) La présentation du protestantisme : il n’est abordé que dans son aspect le plus  fondamentaliste (en Haïti).La Lituanie catholique, oui, mais l’Estonie protestante ? La Pologne, oui, mais la Scandinavie ?  : je relève encore quelques coquilles :

  • Jean Calvin ne prône pas un retour à une lecture littérale de la Bible, mais à une lecture éclairée par le Saint-Esprit (voir L’Institution de la religion chrétienne qui titre : Livre I, chapitre 7 : L’Ecriture doit être confirmée par le Saint-Esprit pour que son autorité soit certaine… et plus loin au paragraphe 4 : il faut le témoignage secret du Saint-Esprit.) selon le sacerdoce universel des croyants.
  • L’accent a été faussement mis –c’est habituel- sur la prédestination chez Calvin qui apparaît à peine dans toute son œuvre, immense, selon le pasteur André Gounelle. De toutes manières, comme le temps est aboli dans l’Au-delà, je ne vois pas où est le problème, Dieu ayant une lecture hors du temps de son univers : il peut nous voir à la fois dans le présent, dans l’avant et dans l’après, donc on peut tout aussi bien être pour ou contre la prédestination ; c’est un faux problème à mes yeux.
  • Cette phrase ne semble pas correspondre à la pensée de Calvin : p. 133 : A l’entendre, les signes de la bienveillance divine ne sont pas à rechercher dans le monde, dont il faut accepter sereinement les aleas,
    ni à celle de Luther qui suit : p. 133 : Sur ce dernier point, Calvin se distingue de Luther, qui craint les manifestations du courroux divin. Calvin et Luther voient le mal comme le bien dans le monde, même s’ils craignent Dieu, comme tout croyant doit le faire. D’ailleurs ils suivent la Bible, et c’est biblique. La pensée très nuancée de Calvin ou de Luther est ici  absente…
  • Rien sur les immenses avancées protestantes du 19e siècle (ni sur Lamennais, Renan, Loisy,… chez les catholiques…)  rien sur l’exégèse moderne… 

 

Ceci dit, je reviens à la qualité de cette présentation du catholicisme… Nous espérons seulement qu’il y aura un second volet (un christianisme pour aujourd’hui, par exemple), où, cette fois, l’on donnera la parole aux libéraux, où la Raison (pp. 128 à 130) aura une suite dans le présent  ?

 

II – Mes réactions à l’article de Michel Benoit 

 

La premiere partie de la question Jésus

 

 

1) « Une page sur La Pensée, qui s’intéresse plus aux contestataires (la Réforme, le jansénisme) qu’à l’apport considérable des penseurs médiévaux, Thomas d’Aquin en tête. »

 

Une place importante est faite aux différents conciles (pp 82 à 85), ce qui fragilise heureusement à mes yeux la croyance en un Jésus-Dieu surnaturel. Aucune pensée particulière, en effet, ni chez les catholiques ni chez les protestants, n’est présentée ou approfondie, ce qui était sans doute normal pour une vision d'ensemble, bien incomplète encore. 

 

2) « … s’il (Jésus) a été condamné, c’est pour un ensemble de nouveautés, qui finissent par se tenir comme un tout cohérent. Et la principale source de sa condamnation, la plus immédiate, ne concernait pas le « sujet de la pureté » : ce fut l’introduction, pour la première fois dans l’antiquité, de la notion de laïcité. « Dieu est au ciel : sur terre, il ne peut être invoqué pour justifier des lois ou des coutumes inhumaines.»  

 

Nouveauté inouïe, très vite oubliée par le christianisme et ignorée par le Coran. »

Le « Rendez à  César » (Marc 12. 13 à 17)…

Toutefois les raisons invoquées dans les évangiles pour condamner Jésus sont les suivantes : il s’avoue Roi et Messie (Marc 14. 61 à 64 et 15. 2), bien que ces titres pour lui s’apparentent  surtout à l’ordre spirituel…

 

3) il (Paul) a mis la souffrance au cœur du salut chrétien (théologie de la croix) 

 

Jésus n’a pas mis la souffrance, mais le courage au service de Dieu : il faut obéir à Dieu jusqu’au bout, aller jusqu’au bout de sa mission, et cela entraîne bien souvent la souffrance.

 

4) Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est d’exhumer de la mémoire chrétienne et Occidentale le message original du juif Jésus.

         De le démaquiller, pour retrouver son visage à lui.           
         Alors seulement pourra commencer le long travail de recomposition d’une identité perdue – la nôtre.  
         Il fallait ouvrir la porte, et publiquement : merci à Daniel Marguerat, et merci à L’Express, d’avoir poussé quelque peu le loquet.

 

Tout à fait d’accord.

 

La deuxième partie de la question Jésus

 

1) …nous devrions être des juifs réformés. Réformés par Jésus, fidèles à ses intuitions profondes, totalement novatrices - même pour aujourd'hui.

 

Tout à fait d’accord. Tout est dans le Premier ou Ancien Testament. Jésus n’a fait que mettre en relief, donner un accent nouveau à ce qui est pour nous l’essentiel.

 

2)   Oui, notre identité est là, dans ces monuments, cette musique, ces peintures, cette littérature, ces références morales et juridiques qui nous font ce que nous sommes, et proviennent de notre passé chrétien.

          Mais demain ? Affaiblie économiquement et politiquement, que va devenir l’Europe sans une force identitaire qui la projette dans l’avenir, aussi sûre d’elle-même qu’elle le fut quand elle était encore nourrie par ses racines ?

 

Tout à fait d’accord. Mais il faut un profond renouveau : si l’on compare avec la peinture, nous en sommes encore à Fra Angelico au siècle qui suit celui de Picasso.

 

En résumé, un très bon article de l’Express, mais, pour une vision globale du « christianisme », nous aimerions une suite…

 

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