555 - Idéologies et foi. Conférence de carême du 09 03 2015

Publié le par marike

555 - Idéologies et foi. Conférence de carême du 09 03 2015


555. Idéologies et foi. Conférence catholique de Carême de Mgr Ravel, évêque aux armées, le 9 mars 2015 - Chapelle Notre Dame du Bon Secours – Paris

 

UNE NOUVELLE GUERRE DE RELIGION ?

 

- La conférence entière est sur le site :
http://www.dioceseauxarmees.catholique.fr/images/stories/conference/Conf%C3%A9rence_de_Car%C3%AAme__9_mars_2015_Mgr_Ravel__-_Une_nouvelle_guerre_de_religion_.pdf​

 

Plan-résumé :

1. Scruter : une nouvelle guerre de religion 
Depuis 5 ans les guerres comportent toutes une dimension religieuse. Les coptes par ex ne peuvent plus être égyptiens parce qu’ils sont chrétiens, etc dans 139 pays... c’est une guerre : si les motivations sont religieuses et si les moyens sont terroristes, les buts sont politiques. Ce qui est visé c’est la réorganisation de la Cité. Certains hommes, groupes ou Etats veulent s’assurer que leur religion dicte intégralement la forme de la société, la forme de vie personnelle ou sociale, vestimentaire ou sociétale, économique et politique. C’est le caractère totalitaire d’une religion. Un mouvement, au final politique, s’imposant contre la responsabilité humaine. Le moyen de la lutte : le terrorisme, n’est pas vraiment nouveau.
Cette guerre n’est ni mondiale, ni internationale, mais transnationale et globalisée. L’Islamisme se moque des frontières ; il peut même frapper chez lui. ».
La globalisation, c’est à dire la marche triomphale, accélérée par le numérique (Internet), d’une économie à taille terrestre, d’une promotion scientifique et technologique à l’échelle mondiale, mais surtout d’une uniformisation de la pensée par la diffusion universelle des mêmes codes mentaux. Cette globalisation me paraît être le terrain propice pour cette guerre naissante. Il ne s’agit pas ici de thèse altermondialiste ou écologique encore moins nationaliste. Il s’agit de prendre conscience de cet effritement des frontières, politiques ou mentales qui autorise toutes les circulations : des biens, des maux et des idées. 
La méconnaissance volontaire de la vie religieuse par nos élites rend sa perception difficile. Et il va de soi que l’on combat mal l’ennemi qu’on a mal identifié.
les civilisations ne sont pas impliquées comme telles : la preuve en est que cette « guerre de religion » s’étend sans merci à des hommes de même civilisation, de même race ou de même langue (arabe par exemple ou indienne). La destruction d’œuvres d’art de civilisations disparues en Afghanistan ou en Irak montre clairement que la lutte est avant tout idéologiquement religieuse et religieusement idéologique. Ce n’est donc pas un choc de civilisations mais une nouvelle guerre de religion. « Choc des civilisations » ? Non : choc idéologique, nous l’analyserons dans la deuxième partie, un affrontement non pas entre l’Occident et l’Islam mais entre deux idéologies, l’une islamiste, religieusement dévoyée et l’autre laïciste, occidentalement détournée. Il se fait que la première est née en Islam et que la seconde provient de l’Occident.
Ici, des croyants d’autres religions ou des croyants de la même religion sont visés non à cause de leur dogme mais à cause de leur existence même. Racismes religieux. La laïcité en péril. (p. 4)
La jalousie de Caïn : il est mauvais et son offrande à Dieu n’est pas agréée, contrairement à celle de son frère Abel. Elle mène par l’orgueil au meurtre.(p 7)
Après le levain religieux des Pharisiens, voyons celui d’Hérode, de la laïcité (p. 7).

2. Interpréter : un conflit entre deux idéologies
Trop pris par le présent, le souci du pain quotidien, nous ne voyons pas les grandes lignes de la vie. Les idéologies mauvaises (p 5) Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Ouvrez l’œil et gardez-vous du levain des Pharisiens et du levain d’Hérode ! » Et eux, de faire entre eux cette réflexion, qu’ils n’ont pas de pain. » (Mt 8, 14 à 16). L’idéologie, mauvais levain, hors du politique, force qui s’exerce sur les esprits. Propagande malhonnête, meurtres et haine. Violence, terrorrisme ; l’arme de la peur.
(8) Après avoir vu le levain religieux des pharisiens, voyons le levain athée d’Hérode, roi de Galilée, meurtrier du prophète Jean-Baptiste à cause d’une promesse faite dans l’ivresse du plaisir. Cette religion de la laïcité (car elle se définit elle-même ainsi) s’exerce rarement chez nous par des violences physiques ou des actes terroristes. Pour autant la manipulation des medias, le détournement des vertus éducatives, les relégations arbitraires sont ses armes habituelles. Hérode en est le symbole.
Hérode exécute Jean à cause d’un mécanisme qui promeut un humanisme caricatural. Même la fidélité à sa promesse est une imposture : elle tient de la logique du drogué ou de l’ivrogne : comment pourrait-il donner la moitié de son Royaume ?

Il s’agit bien d’un athéisme : Dieu est éliminé de toute conscience et réalisation publiques. Peu lui importe que Dieu subsiste dans quelque recoin individuel pourvu qu’il n’imprime aucune marque à l’action visible dans la rue, dans le métier, dans la vie civile… C’est un athéisme qui ne se dit pas et qui avance sous couvert de progrès alors qu’il n’est qu’une religion parmi les autres, la religion de la laïcité.

Ainsi l’Evangile éclaire cette guerre. Il s’agit bien d’une guerre de religion, entre deux idéologies religieuses : à l’idéologie religieuse de la caricature de Dieu au mépris de l’homme s’oppose l’idéologie religieuse de la caricature de l’homme au mépris de Dieu.
L’affrontement n’est donc pas entre chrétiens et musulmans ou entre bouddhistes et musulmans : mais entre une conception politique de la religion et une conception religieuse de la politique. Toutes les deux contredisent la belle et bonne laïcité, héritée de 20 siècles de christianisme, dégradée en laïcisme, érigée en religion ou niée par elle. Le mot laïcité répété comme un mantra ne dit plus une juste relation entre le politique et le religieux mais il désigne un rapport d’exclusion de tout religieux ou de tout politique.

3. Répondre : l’incarnation de Dieu
Juifs et chrétiens sont les premiers visés. Que dire ? Que faire ? Quatre leçons pour notre Carême.

a. Refuser toute idéologie
l’homme n’a pas à suivre une idéologie mais il doit s’attacher à la vérité fruit de l’expérience et de la raison. La foi n’est pas une idéologie parce qu’elle se trouve confirmée par la raison de l’homme et l’expérience de Dieu.

b. L’incarnation du Christ : une humanité concrète.
(9) Pour résister à l’idéologie, rien de tel que l’enseignement du Christ : la vérité du Christ offre la vraie réponse à ce monde pénétré de guerres. Par son incarnation, il nous presse d’aller à l’homme concret, individuel et de ne jamais servir l’Humanité en général. Le bon sens de l’amour du prochain s’incarne dans la bonté. Jésus parle de l’amour du prochain, celui dont on ignore la religion mais qui se trouve sur notre route. Etre bon avec l’homme avec qui nous partageons le chemin.

PAGE 10 - c. Tenir ensemble l’homme et Dieu

Ni Dieu sans l’homme concret, ni l’homme sans Dieu transcendant. L’Esprit du Christ nous force à tenir ensemble deux réalités qui ne sont pas deux idées : l’homme et Dieu.

Nous n’avons pas à choisir entre Dieu et l’homme, comme on cherche à nous le faire croire de tous bords. Nous n’avons pas à choisir Dieu aux dépens de l’homme. Ou choisir l’homme aux dépens de Dieu. Notre religion chrétienne nous propose les deux en même temps : le camp de Dieu, c’est aussi celui de l’homme. On ne paie pas sa foi en Dieu de la mort de l’homme. On ne paie pas sa foi en l’homme de la mort de Dieu. Toutes ces oppositions sont factices, récentes (nées au XIX siècle) et lorsqu’elles tournent à la caricature, elles deviennent féroces, terribles, mortifères.

d. Le choix du chrétien : entre la vie et la mort

Pour autant, il y a bien un choix à faire. Car il y a dans la Bible comme dans nos vies une autre alternative, un autre choix que celui que voudraient nous imposer les idéologies antagonistes. L’alternative est la suivante : « Choisis la vie ou la mort. Choisis l’amour ou la haine. Choisis le bien ou le mal. » Là est pour nous aujourd’hui, au cœur de la tourmente qui naît sous nos yeux, le vrai choix. Dt 30, 15 à 20 :

« Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. … Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui. »

Cf. Ps 33 ;

Les idéologies résistent aux idéologies. Mais elles succombent devant la vraie foi, science de la vie et de la vie éternelle. Entrons de plain-pied dans ce choix pour la vie et nous serons les pourfendeurs silencieux mais efficaces de cette guerre nouvelle de religion.

Publié dans christianisme

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article