592. Lettre à la nouvelle génération

Publié le par marike

                                                                                                           Le 14 septembre 2015

Aux nouvelles générations...

Nous nous rencontrons dans l’amitié, dans les liens familiaux, et pourtant ...Qu’avons-nous à partager d’essentiel ? Voilà la question que je me pose... Vous recevrai-je  comme des étrangers, dans le silence, ou communiquerai-je mon espérance en ces nouvelles générations ?

Cette question, on se la pose particulièrement en période de grande crise, et nous en vivons une.

Vous savez sans doute majoritairement ce que je voudrais vous dire, mais je dois filer tout mon propos pour lui donner un sens global.

Qu’avons-nous transmis ? Où a été l’échec de la transmission, s’il y a eu échec ? Sans doute il est à chercher dans l’imperfection humaine... En effet jamais comme aujourd’hui - et aujourd’hui date d’hier ; aujourd’hui s’étend dans le temps- le fossé entre les générations n’a été aussi grand ; nous sommes étrangers les uns aux autres, vous les jeunes et nous les vieux... d’une génération à une ou deux autres...

Aujourd’hui notre pays est envahi, l’Europe est envahie, je dis envahi parce que nous ne pouvons plus rien contrôler aux frontières de Schengen. Ainsi tous les étrangers malheureux viennent chez nous comme ils viendraient au Paradis...

Nos pays, l’Europe, de civilisation chrétienne, a appris l’accueil de l’autre, mais en même temps, si elle accueille naturellement tous ceux dont les pays sont en guerre, qui risquent leur vie ou le martyre dans leur pays, elle ne peut accueillir toutes les nations très pauvres, d’autant plus qu’elle-même est en crise grave financière avec une dette abyssale et au moins 10% de chômeurs... elle est aujourd’hui incapable de faire le tri, et toutes les nations pauvres en profiteront de plus en plus (les Algériens aujourd’hui commencent à venir aussi par la Turquie), alors qu’ils devraient pouvoir construire leur propre pays...

A part une partie des Syriens et des Irakiens, surtout chrétiens, et athées, une immense majorité de tous les « envahisseurs », donnons-leur leur vrai nom, sont musulmans.
            A l’origine la religion musulmane était une secte de la religion judéo-chrétienne
[1]. Elle s’est imposée par la force (alliance de Mahomet et du Calife)  alors que les chrétiens se sont d’abord imposés par le martyr.
            Leur livre saint est le Coran ; ce livre dérive de la Bible judéo-chrétienne, mais il n’a de loin pas la force créatrice de l’original et il délivre en maints endroits des invitations à la guerre contre les Infidèles (esprit d’ensemble loin des Evangiles dans la Bible). Ceci est un danger pour les intégristes, les fondamentalistes musulmans, qui n’ont pas la culture suffisante, élargie, pour se détacher de « la lettre » et trouver « l’esprit » du livre. L’apostasie leur est interdite (l’interdit va avec la peur de voir le fidèle changer de religion) alors que chez les chrétiens on a le droit de changer de religion. De plus la volonté de pouvoir joue en eux : certains d’entre eux (Daesh et ralliés) voudraient  diriger le monde par la force et la violence et accaparer toutes ses richesses.

Je comprends que l’on soit  agnostique (doute sur Dieu) ou athée (négation de Dieu), car l’être humain est imparfait ; il crée donc des religions imparfaites, car qui peut connaître l’Inconnaissable, ce qui dépasse infiniment l’homme ? Toutes les religions ne devraient donc selon moi être comprises que comme des approches de l’Invisible, du monde qui nous dépasse de toutes parts... Et toutefois qui peut nier que leurs approches ont servi l’humanité ? Elles ont recueilli beaucoup d’éléments essentiels à notre nourriture intellectuelle et spirituelle... elles ont formé de très grands hommes[2].

Le grand handicap des hommes de foi, c’est le fanatisme qui va souvent avec cette foi. Il faudrait connaître à la fois les chemins de la foi et leurs limites.

Il faut toutefois savoir que la foi alliée avec le fanatisme donne une grande force, et que, si ce camp choisit, contrairement à l’idéal supérieur religieux, la guerre, il faut lui opposer une force égale et supérieure...

Une force au moins égale en nombre, car la force doit vaincre, et une force supérieure en conviction ; pour cela il serait nécessaire d’avoir une culture et de ne pas se rallier aux arguments d’adversaires fort habiles qui promettent tout et ne donnent rien.

Car nous courons le risque d’une guerre des civilisations. La nôtre saura-t-elle se défendre, avec une baisse de niveau de l’Education nationale depuis des années, mais comme on n’en a jamais vu[3], avec un nivellement par le bas ?  Nous connaissons la décadence par la perte de toute spiritualité, de toute idée de transcendance ; nous plongeons dans une société de consommation, un matérialisme immense ;  toute culture spirituelle est trop souvent vue avec mépris et tournée  en dérision,  justement  dans ses aspects négatifs, mais sans jamais rien voir de la grandeur, de la splendeur, oserais-je dire aujourd’hui, de ses aspects positifs.

Nous avons jeté l’enfant avec l’eau du bain. A vous, à votre génération, s’il en est encore temps,  de remonter la piste, de retrouver la trace de l’essentiel... labeur dur mais nécessaire... pour remonter la pente de la décadence...

 

[1] Voir le livre : « Naissance du Coran » de Michel Benoît - éd. L’Harmattan.oct. 2014.

[2] Je relis ce livre magnifique : « Les Grands initiés » d’Edouard Schuré. 1889. Ed Perrin. 1929. 110e édition, réédité aujourd’hui en édition Pocket.

[3] Une baisse de niveau comme je l’ai constatée en tant que professeur de Français, années après années, sous prétexte d’un égalitarisme mal compris (l’égalité vient de notre civilisation chrétienne ; « égaux » comme frères en l’amour de Dieu, mais non « identiques »). Voir à ce sujet le livre : « Pilote de guerre », de Saint-Exupéry, les beaux chapitres 25 à 27.

 

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