766. Jésus est-il Dieu, à partir du texte des évangiles ?

Publié le par marike

Résumé/conclusion :
Nous avons étudié la question en relisant les quatre évangiles : à partir de Marc, puis Matthieu, puis Luc, puis Jean

On constate que Paul a divinisé Jésus (voir ses Epîtres, mon article : 626. Conclusion de la lecture des épîtres de Paul. http://marike.over-blog.com/2016/02/626-conclusion-de-la-lecture-des-epitres-de-paul.html . )
Les écrits de Paul sont antérieurs aux Evangiles ; ceux-ci ont été écrits vers la moitié du premier siècle, sauf l’évangile de Jean, le plus tardif, écrit vers la fin du 1er siècle. Ces écrits ont donc pu avoir une influence sur les Evangiles.
La divinisation se révèle dans les évangiles de Matthieu et de Luc dans le récit de la naissance de Jésus où il est un demi-Dieu, né d’une mortelle et de Dieu. Ce récit (très important pour le personnage de Jésus) n’existe pourtant pas dans les 2 autres évangiles : Marc et Jean ; est-il authentique ?
La divinisation n’est pas présente dans l’évangile de Marc. la remarque dans l’Evangile de Jean.
Chez Matthieu, une tendance à la divinisation, en dehors du récit de la naissance, se marque dans cette citation : Mt 25. 31-46 : « quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, alors il s’assiéra sur son trône de gloire… le Roi dira à ceux qui sont à sa droite… à sa gauche… (Où est Dieu, ici ?)
Chez Luc, en dehors du récit de la naissance miraculeuse de Jésus, on ne trouve rien qui divinise Jésus, au contraire : Luc 3.23-38 : « Généalogie de Jésus : …Il était, à ce que l’on croyait, fils de Joseph…fils de David…fils d’Adam, fils de Dieu. » C’est donc bien un fils d’homme, au sens littéral du terme, et, de plus, rien ne dit ici qu’il est « engendré », « non créé », selon le dogme de la Trinité.
C’est l’évangile de Jean qui a subi le plus l’influence de Paul ; ce dernier a, répétons-le, divinisé Jésus.
Retenons l’essentiel de cet Evangile :
1) D’abord les idées communes aux Evangiles :
Dieu est Esprit et Vérité.
Jésus est le Messie, c’est à dire « l’Oint de Dieu » (par son baptême, reconnu par les 3 synoptiques), Fils bien-aimé, préféré.
Fils de Dieu : en Orient une appellation commune pour désigner l’adoption d’un homme par le dieu.
Fils de l’homme : une superposition de sens : à la fois littérale et selon Daniel, apocalyptique, enfin le Sauveur attendu, avec l’article « le ».(dict. XL Dufour)
- Jésus s’humilie constamment devant son Père :
Jean 5. 19 : « Le fils ne peut rien faire de lui-même ; il ne fait que ce qu’il voit faire au Père…
- Jean 10. 7-8 : Jésus leur dit encore …Je suis la porte des brebis…14-15 : Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père…
Ici est rétablie la hiérarchie réelle : la créature (la brebis, l’animal)è le fils de l’homme (le berger) : l’homme, animal supérieur et messager particulier è Dieu : le Créateur

2) Par ailleurs :
- Jean amplifie le personnage de telle sorte que l’on pourrait accuser Jésus de « mégalomanie ». Il se confond entièrement avec le Père : il est le Père et le Père est lui… (c’est moi qui souligne certaines expressions)
dès Jean 3. 13 à 19 et 31 à 36 ; Jean 8. 12 : « Jésus … : « Je suis la lumière du monde. »…
36 : Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres. Nous aurions dû avoir : Si donc le Fils vous affranchit, au nom du Père, qui pardonne, vous serez véritablement libres…
56. Abraham, votre père, a tressailli de joie à la pensée de voir mon jour : il l’a vu, et il a été rempli de joie... (aucune trace de cet événement dans la Genèse).58. Avant qu’Abraham fût, je suis. (c’est moi qui souligne)

Jean 10. 17-18 : voici pourquoi le Père m’aime : c’est parce que je donne ma vie afin de la reprendre… j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu cet ordre de mon Père. (c’est moi qui souligne)
27-
28. Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main.29. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main du Père. Moi et le Père nous sommes un.

Là encore nous sommes à la frontière de la divinisation de Jésus : c’est lui qui donne la vie éternelle et il est « un » avec le Père… Moïse aurait-il pu parler comme cela ? Non ! il avait conscience d’une bien plus grande distance entre Dieu et sa créature.
33-38 : ici Jésus va se justifier auprès des Pharisiens au sujet du motif de leur condamnation : 33 : étant homme, tu te fais Dieu. 34-35 : Jésus : La Loi… a appelé Dieux ceux à qui la parole de Dieu était adressée… (« Dieu est Esprit », est reversible ici : l’Esprit est Dieu ; les croyants ont en eux l’Esprit) 38 : quand même vous ne me croiriez pas, croyez en mes œuvres… afin… que vous sachiez que le Père est en moi et que je suis dans le Père.

Jean 11. 12 :
La résurrection de Lazare. Lazare, notre ami, s’est endormi, mais je vais le réveiller.
[susciter : Faire naître, déclencher
ère-susciter] Ce réveil est-il à prendre au sens littéral (« il sent déjà ») ou symbolique ? Est-ce celui de la foi, suscitée à nouveau par Jésus en Lazare ? 25-26 : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais.
Jésus dans sa foi en arrive-t-il à confondre les deux plans, littéral et symbolique ?

Jean 12. 45 : celui qui me voit, voit Celui qui m’a envoyé.

Jean 14. 7. nul ne vient au Père que par moi (= 15.6). Si vous me connaissiez vous connaîtriez aussi mon Père ; et dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. 9 : Celui qui m’a vu a vu le Père.

Le Consolateur : Le Paraclet : l’Esprit, le Saint (
Quant à «paraklètos», il est à l'origine un adjectif signifiant «qu'on appelle à son secours»[1]) : Jean 14. 26 ; 15.26 ; 16. 7-15 :
Jean 14.24 : La parole que vous entendez n’est pas de moi, mais elle est du Père qui m’a envoyé.
25. Je vous ai parlé ainsi pendant que je demeurais avec vous. Mais le Consolateur, le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon nom, celui-là vous enseignera toutes choses, et vous remettra en mémoire tout ce que je vous ai dit.

Jean 15.26 : … Le Consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi. Et vous aussi vous me rendrez témoignage, car vous êtes depuis le commencement avec moi.
Jean 16. 7-15 : Il est avantageux pour vous que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra point à vous… tout ce que possède le Père est à moi.

Dans Jean en quoi Jésus est-il homme ? Dans sa tentation d’égaliser Dieu…d’être Dieu. Mais c’est seulement la vision de Jean sur Jésus, par Paul.
Il n’y a toutefois pas de dogme trinitaire dans les Evangiles : Dieu Créateur, Esprit, est seul maître et Seigneur, et Jésus est le Messie choisi par lui.
Le mot qui concilie tout : Esprit. 1) il est Dieu 2) il est dans tous ses envoyés vers les hommes, dans les prophètes, en Moïse, dans Son Oint : Jésus, et dans tous les croyants (le Consolateur). L’Esprit part de Dieu ; c’est sa source. Tout ce qui est habité d’Esprit est divin.
Credo : Ainsi, pourrais-je dire, je crois en Dieu UN : le Créateur, le Père, l’Esprit, le Saint, et je crois toutes ses multiples manifestations que l’on pourrait appeler filiales.
On pourrait comparer l’Esprit à l’eau qui circule librement du Fleuve à ses affluents…
A la fois, Dieu, l’Esprit, le Saint, se partage (Pentecôte) et à la fois il reste UN dans son unité divine.

Mail du pasteur et professeur André Gounelle (07 02 2017) sur cette question :

À mon sens à la question « Jésus est-il Dieu », il n’y a pas de réponse exégétique, qui puisse être tirée du seul examen des textes. La seule démarche féconde est d’interroger la question elle-même, de se demander ce qu’elle veut dire exactement, quel est le sens des mots qu’elle emploie. Et ici, je suis d’accord avec Bultmann : l’affirmation « Jésus est Dieu » n’a aucun sens, est parfaitement vide si on y voit un énoncé sur l’être, l'essence ou la nature de Jésus; nous ignorons l’être profond, intime de Jésus et nous ne savons pas ce que signifie « être Dieu ». Par contre cette affirmation a du sens pour le croyant si elle signifie : en Jésus, c’est Dieu lui-même qui me rencontre.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article