846. Qu’est-ce que l’Avent ? Et pour les protestants ?

Publié le par marike

I - L'Avent pour tous les chrétiens : https://fr.wikipedia.org/wiki/Avent

II - L’Avent avec  l’Oratoire du Louvre :
l'Incarnation. L'accompagnement. L'inattendu.
Cet article ici peut être vu selon sa date (27.11.2017) comme logiquement un accompagnement à la période de l'Avent, comme une digression par rapport à la suite des articles, ou comme un accompagnement à l'article suivant.

1) Pourquoi l’Incarnation ? (Tite 3. 4 à 8)
Culte du dimanche 28 novembre 2010 à l'Oratoire du Louvre ; prédication du pasteur James Woody.  https://oratoiredulouvre.fr/predications/pourquoi-l-incarnation.php

Extraits :
« Certes, Dieu n’a attendu ni le christianisme ni la naissance de Jésus pour se révéler. Nombreux sont les prophètes, nombreux sont les témoins qui nous ont rapporté leur expérience et leur compréhension du divin. Nombreux sont ceux qui ont réfléchi à la question de Dieu, à ce qu’il est, ce qu’il espère, ce qu’il nous recommande… 
… Mais alors un drame terrible se joue car ce n’est que notre intelligence qui offre un abri à cette révélation. Ce n’est pas qu’il n’y ait plus de place dans l’hôtellerie de notre existence… c’est que seule notre raison est au contact de ces témoignages et que seule notre raison sera le réceptacle de la révélation. Tout l’Ancien Testament résonne de ce drame, de cette parole de Dieu qui reste au bout des lèvres des croyants mais n’atteint jamais leur cœur qui reste incirconcis à Dieu. »
… L’incarnation, c’est la possibilité de faire droit à l’humanité de Dieu mais, surtout, de permettre à chacun d’accueillir Dieu personnellement, non pas comme une idée, peut-être belle, mais comme celui qui vient à nous avec les paroles de la vie éternelle, celui qui vient nous régénérer par son Esprit, pour reprendre les mots écrits à Tite. C’est en prenant figure d’homme que Dieu peut vraiment prendre chair en nous et cesser d’être une sorte de principe parmi d’autres… 
… Disons-le plus fortement, cette fois avec les mots de Charles Wagner qui s’adresse à Dieu en ces termes : « je ne peux te penser qu’avec des moyens humains, sous une forme mortelle et semblable à celle de mes frères. Et si tu veux t’approcher de moi, ne faut-il pas que tu descendes aux sentiers de la terre ? Pour me parler, ne dois-tu pas employer les termes de ma langue maternelle ? Autrement qui te comprendrait, puisque l’homme est un muet et un sourd pour son propre semblable s’il n’en saisit pas le langage ? C’est pour cela que tu t’es fait homme et que tu as marché parmi nous sous les traits du Fils de l’homme (Devant le témoin invisible, p. 230)
… Dieu se révèle dans l’ordinaire de notre vie, sans attendre que nous soyons diplômés pour cela car ce n’est pas à une intelligence supérieure qu’il s’adresse, c’est à nous, l’humanité réelle, qu’il veut offrir cette vie éternelle.

Disons-le encore plus fortement avec Wilfred Monod dans l’une de ses plus belles pages sur la justice de Dieu où il s’exprime sur la question du mal dont on fait parfois de Dieu la cause. S’exprimant sur la crucifixion de Jésus qui montre que Dieu ne peut pas agir expressément contre le mal, il écrit : « c’est toujours le drame du calvaire qui recommence. Eh ! bien, ce Dieu vaincu c’est celui qui parle à mon cœur (Aux athées) ». L’incarnation, c’est ce qui permet à Dieu de se faire connaître véritablement et d’habiter vraiment notre humanité.

Dieu se fait homme pour nous rendre plus humain, pour nous ouvrir à de meilleurs sentiments que ceux qui nous animent naturellement… La tendresse, le pardon, la miséricorde, la philanthropie… voilà ce que nous expérimentons vraiment au contact du Christ… C’est pour cela, chers frères et sœurs, que la dynamique d’incarnation toujours à l’œuvre dans notre histoire, est un fait central de foi : nous seulement elle nous aide à mieux comprendre Dieu mais elle nous révèle à nous-mêmes et nous aide à exceller dans les œuvres bonnes, selon la recommandation de l’apôtre. Le bénéfice de l’incarnation, c’est de nous révéler la douceur de ce nom, Emmanuel, qui, en nous rendant plus proche de Dieu, nous rend plus proche de nous-mêmes.
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Mon commentaire :   Pour moi, Jésus est homme, mais Jésus est, sans doute  avec Moïse, le prophète le plus visité par Dieu ; le plus éclairé par l’Esprit Saint. Dans ce sens chaque croyant est un peu l’incarnation de Dieu sur terre (son Esprit venu dans notre chair). L’Esprit de Dieu s’incarne comme nous le montre la Pentecôte (Actes 2. 32 à 36).
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2)
« L’Avent : accompagnés et accompagnants »
(Ésaïe 60:1-2 ; Jean 14:6 ; Luc 3:4-6 ; Philippiens 1: 9-11)

Culte du dimanche 9 décembre 2012 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marcel Manoël, président de la Fondationdes Diaconnesses de Reuilly

Extraits :
« Notre société connaît des mutations profondes, sous l'influence conjuguée des pressions économiques et écologiques sur nos conditions de vie, mais aussi de notre propre évolution culturelle, en particulier la place de plus en plus primordiale que nous reconnaissons à la personne individuelle dans la légitimation de nos modes de vie : c'est un des enjeux essentiels de nos débats actuels, par exemple à propos du "mariage pour tous" comme du "droit à mourir dans la dignité". Certains vivent ce temps de recherche avec espoir, parce qu'ils en attentent un progrès dans le respect des personnes ; d'autres, au contraire, y voient avec crainte la mise en cause d'un ordre social qui, malgré des défauts, a montré sa pertinence… »
…Une démarche de conviction et de conversion.

Un discernement clairvoyant et intelligent éclairé par l'amour.

C'est le sens d'une attitude que je caractériserais fondamentalement comme celle de l'accompagnement. Et il me semble qu'aujourd'hui, entre la tentation des attitudes autoritaires du dogmatisme, et les abandons du laisser-aller de l'indifférence, il y a ce choix possible pour notre témoignage et notre service, celui de l'attitude d'accompagnement.

Car accompagner, c'est d'abord respecter : si je m'offre à accompagner, ce n'est pas moi qui définit le chemin, mais j'avance avec l'autre sur son chemin. Bien sûr, je peux l'aider à se repérer s'il hésite ; je peux l'avertir s'il me paraît qu'il fait fausse route... Mais accompagner l'autre, c'est accepter d'aller vers la destination qui est la sienne, par le chemin que lui choisit.

Accompagner, c'est aussi garder sa liberté. Quand j'accompagne, je peux avertir dès le départ qu'il y a des chemins que je ne veux pas prendre ; je peux aussi, à tout moment, discuter et refuser d'aller plus loin. Mais je peux aussi entendre la demande de l'autre, sa plainte ou sa peur, et accepter de faire avec lui un bout de chemin de plus, que je n'aurai peut-être pas pensé faire.

Accompagner, c'est donc dialoguer. Pour se dire l'un à l'autre où on en est du chemin, de quel obstacle on a peur, ou quelle issue se présente. Pour vivre une libre solidarité dans laquelle chacun peut s'engager avec confiance. Celui qui est accompagné parce qu'il connaît la main qui le soutient. Celui qui accompagne parce qu'il sait qu'on ne l'amènera pas dans un piège.

Car l'accompagnement est toujours réciproque. Accompagner l'autre sur un chemin de vie, même si c'est celui de ses difficultés, même si c'est celui de la fin, c'est aussi être accompagné sur le chemin de sa propre vie, de ses projets et de ses peurs. C'est pourquoi c'est toujours aussi difficile, … et aussi riche...

Accompagner parce que nous sommes nous-mêmes accompagnés : n'est-ce pas ce que nous rappelle ce temps de l'Avent : Dieu sur nos chemins, Dieu qui partage notre condition, notre histoire, Dieu qui parle et qui écoute, Dieu qui dialogue avec nous, Dieu qui marche avec nous... Bien plus, Dieu qui se fait chemin, vérité et vie : 

Lève-toi, Jérusalem ! fais éclater ta splendeur ! Car ta lumière est apparue, et la gloire de l’Eternel s’est levée sur toi….(Esaïe 60. 1)

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3) Comme attendre la vague et jouer avec elle (Hébreux 10:39-11:10)
Culte du dimanche 29 novembre 2015. prédication du pasteur Marc Pernot

https://oratoiredulouvre.fr/predications/comme-attendre-la-vague-et-jouer-avec-elle-hebreux-10.php

Extraits :
« Le temps de l’Avent nous encourage à plus et mieux attendre quelque chose dans notre existence en attendant la venue du Christ… Ici comme dans toute la Bible, l’âme n’est pas seulement la partie spirituelle de la personne humaine, mais c’est son être entier, vivant.

Avoir foi en quelque chose, c’est faire face au tourbillon de la vie, c’est avoir une attente, une direction… Dieu est plus qu’un architecte, il est aussi le constructeur, cela suppose une puissance active. Et c’est la différence entre la foi chrétienne et une philosophie humaniste…
·  C’est Dieu qui est ici l’architecte de la cité attendue, pas seulement l’intelligence ou le cœur humains. Cela ne dispense pas de penser, puisque l’auteur est précisément en train de le faire, mais cela invite à une philosophie humble, préparée à de l’inattendu, un inattendu qui n’est pas simplement du chaos.
Cette humilité du croyant est saine car elle nous apprend que vivre ressemble plus à du surf qu’à de la marche sur un trottoir en granit : nous sommes en mouvement sur une réalité vivante et mobile comme une vague.

·  La foi chrétienne décrite ici n’est pas simplement humble, elle est «également en attente de l’action de Dieu, une action extérieure, transcendante. Elle agit hors de nous, au-delà de l’intelligible, et elle agit en nous. Et c’est cela qui permet de surfer sur la vague de l’existence et des événements

… Même quand la frénétique avidité de l’avoir nous saisit, nous sommes encore quelqu’un, la voix de notre personnalité profonde parle encore, elle est alors plus endormie et paralysée que morte. Même en ayant laissé triompher l’avidité des choses matérielles, ou celle du savoir, ou la celle de la morale et du dogme, ou celle de la situation et du pouvoir... par l’amour dont Dieu aime notre âme, sa voix parle et parlera encore.
… Et là encore, cette foi qu’a Noé le met au bénéfice du Dieu architecte et constructeur. Mais pas sans Noé, plutôt avec Noé, le rendant souple, s’adaptant, anticipant la vague qui va venir, et surfant dessus, et sauvant les siens, et son monde. Et devant tant de douce puissance divine, Noé est impressionné, humble et reconnaissant.
… « C’est par la foi…qu’Abraham séjourna dans la terre qui lui avait été promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes… » (épître aux Hébreux 11. 8 à 11)
… C’est ce que j’essayais d’exprimer avec cette image du surf sur la mer. Habiter notre être, habiter ce que nous avons : notre monde, nos dons, nos valeurs et notre théologie, notre religion et notre culture... avec souplesse et mobilité, avec fluidité, en étranger, en nomade. Pas en maître. Pas en patron. Mais comme un invité, comme un étranger qui découvre une culture qu’il ne connaît pas et une météo imprévisible… Alors se fait sentir un temps de vertige, l’eau est profonde, le vent est fort, la vague se creuse, puissante, et nous soulève, et nous donne la liberté d’une belle trajectoire. La foi, c’est attendre comme cette vague et jouer en équipe avec elle.
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4) Le carême et le jeûne : https://oratoiredulouvre.fr/faq/est-ce-utile-de-faire-careme.php

Publié dans christianisme

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