950. Le Visiteur : Film. Une abbaye lors de Vatican II

Publié le par marike

Le Visiteur : On peut voir ce film en vidéo à l'adresse suivante : https://youtu.be/umFB6YURQ38  (Forum France)
Dans une abbaye, trois points de vue sur le christianisme à l'heure de Vatican II : les moines, le Père Abbé, et le Visiteur

Le résumé du film :
A l'époque de Vatican II (1962-1965) et de la réforme de l'église catholique[1], dans une abbaye d'Irlande, isolée au bord de la mer dans l'île de Mark (Mt Coom), un jeune plénipotentiaire arrive de Rome avec les pleins pouvoirs contre un monastère traditionaliste[2] fanatique qui ne veut pas suivre les ordres de Rome : il doit aller aussi à Amsterdam au Conseil Œcuménique des Eglises (COE), pour la recherche de l'unité des chrétiens.

Le film :  "Le visiteur" –un beau film – défend selon ses présentateurs l'intégrisme catholique. Il y aurait fort à dire là-dessus car il y montre ses côtés négatifs :

1) Les moines sont traditionalistes et présentés comme fanatiques ; ils sont peu éclairés et sacrifient apparemment l'étude et peut-être une part de la contemplation (ils prient peu) au profit de l'action qui les fait vivre (culture, pêche, élevage…). Ils sont très frustes ; ils séparent l'amour de Dieu (celui de la Tradition catholique) de l'amour des hommes (le monde aujourd'hui), alors que Jésus les réunit comme "semblables"  (Marc 12. 28 à 31).

2) Le père Abbé, lui, a réfléchi : il refuse Lourdes car les miracles ne sont que pour une toute petite proportion de gens ; plus jeune, il a découvert à Lourdes toute l'immense souffrance humaine comme  bernée par une trop grande espérance dans les miracles divins.  Face au scandale de la souffrance humaine, liée à la maladie et à la mort, Il a perdu en secret la foi et ne prie plus ; aucun moine ne s'en rend compte et il n'a pas livré ce secret, son secret,  à ses autorités hiérarchiques. Il le confie à ce plénipotentiaire, avec son souhait d'être déchargé de son poste et de devenir un simple moine ailleurs.
            Peut-on défendre une religion qui s'exprime ainsi, à la fois par ces moines et à la fois par leur père Abbé, désespéré, devenu athée en secret ?

Par contre il y a des non-dits :

3) Le Visiteur symbolise la religion éclairée. En ce sens il s'exprime fort peu. Il ne débat jamais et ne donne aucune raison qu'un protestant aurait immédiatement en tête.
            Ce qui l'inspire, c'est à la fois la pitié envers le père Abbé, née de sa compréhension profonde d'un monde imparfait où Dieu n'est plus ni tout-puissant ni tout bon pour tous (Lourdes) ; (les hommes doivent aider Dieu, disent aujourd'hui les théologiens protestants) et la conviction qu'il faut faire évoluer la religion catholique pour retrouver l'unité des origines. La décision finale du plénipotentiaire  montre ces deux points de vue : Le père Abbé, désespéré, avait voulu démissionner pour ne devenir ailleurs qu'un simple moine ; il maintient à son poste de père Abbé sur les lieux. Ce dernier forcera les moines à évoluer par l'obéissance hiérarchique à leur supérieur, qui est la première règle catholique..
            Au moment du départ du jeune plénipotentiaire romain qui aura réussi dans sa mission, une amitié naîtra entre ce dernier et le père Abbé. Le fera-t-il retrouver la foi ? La question se pose à la fin, sans réponse. La hiérarchie catholique s'impose à nouveau à tous les moines.

Ma conclusion : pour être complète la religion doit se nourrir  de trois éléments : 1) la contemplation et la prière,  2) la réflexion et l'étude, et enfin 3) l'action pour la survie. Ici les manques sont manifestes. L'unité et l'intérêt du film réside dans son titre : le Visiteur.

 

[1] Rappel de quelques changements avec Vatican II :
1)  le prêtre ne tourne plus  le dos aux fidèles pour regarder vers Dieu avec les fidèles : la liturgie prenait le pas sur le sermon .où le prêtre s'adresse maintenant aux fidèles en leur faissant face, en  les regardant.
2) la confession n'est plus individuelle, comme l'absolution donnée concrètement par le prêtre, fidèle après fidèle, mais elle est collective par la liturgie. Elle est responsabilisation  individuelle par le collectif (le sacerdoce universel).
3) la messe en latin
4) la transsubstantiation devient uniquement symbolique
5) Le rituel recule.
6) la sacralisation de l'obéissance à la hiérarchie

 

[2] En réalité ne pourrait-on dire que le catholicisme est par définition fondamentaliste puisque, face au christianisme d'origine (retrouvé en grande partie par les protestants à la Réforme), il a ses propres additions stables (le pape, le culte de la vierge et des saints, les 7 sacrements…). Ce catholicisme est intégriste chez les traditionalistes qui n'ont pas suivi les avancées de la Tradition catholique après le concile Vatican II.

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