91. Marc. 12, 28 à 34. Lecture commentée. Le Commandement le plus grand
Article 84. Bible. Lecture suivie. Evangile selon Saint Marc 12. 28 à 34, première Parole, en deux volets ; un scribe comprend Jésus, puis lecture des compléments dans les autres évangiles, ici : Mt. XXII , 34 à 40 ; Lc. XX, 39-40 ; X, 25 à 28.
XII, 28
Un Scribe s’approcha ; il avait entendu la discussion, et, remarquant qu’il leur avait parfaitement répondu, il lui demanda : « Quel est, parmi les commandements, le premier de tous ? » - XII, 29 - Jésus répondit : « Voici le premier : Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. - XII, 31 - Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Aucun autre commandement n’est plus grand que ceux-là.
Le premier commandement n’est pas nouveau : c’est dans la religion égyptienne, au XIVe siècle avant J. C., que prend naissance le monothéisme, même si beaucoup croyaient en divers dieux, mais les Egyptiens les plus instruits croyaient déjà en un dieu unique, le dieu soleil, de la lumière : Râ. Suivront le zoroastrisme (1000 à 800 avt J. C.), où l’idée d’un dieu unique se dégage aussi du culte de plusieurs dieux, et enfin les Juifs à l’époque de l’exil à Babylone (-550) où le monothéisme prendra peut-être son expression spirituelle la plus achevée. Le Juif Jésus prend ce commandement de la Torah : Deutéronome chapitre 6, versets 4 et 5. Dieu se montre exigeant : Il commande à l’homme de se donner entièrement, et le mot « tout », répété quatre fois, est révélateur. L’homme en somme ne doit vivre que pour Dieu.
- Qui est mon prochain ? (voir la parabole du Bon Samaritain (Luc 10. 25 à 37)
- Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent.
(voir Matthieu 5. versets 43 à 48)
Œuvrer, avec l'aide du Père, pour que tout rentre dans l'ordre, que le péché, l'incomplétude humaine, a rompu.
- Un seul Père, tous frères : Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Maître, car vous n'en avez qu'un seul pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux (Matthieu. 23. 8 à 12)
Le second commandement le Juif Jésus le prend toujours de la Torah : cette fois dans le livre du Lévitique au chapitre 19, aux versets 17-18. Le mérite de Jésus est de les avoir rassemblés pour n’en faire qu’un. Ce second commandement tourne son regard de la verticalité à l’horizontalité, du Père aux enfants ; il tourne son regard vers la société des humains, où vit l’homme. Et là, c’est toujours l’amour qui règne, et toujours l’amour total, mais cette fois-ci pour « le prochain ». Ici ces deux commandements sont dissociés, mais ailleurs on ajoute que les deux commandements sont semblables (Mt. XXII, 39), c’est à dire que si l’on aime Dieu on aime son prochain, et réciproquement.
Voici un éclairage du mot amour : C'est par Dieu que l'on aime l'homme, et le but unique de l'homme doit être la réalisation du projet de Dieu pour l'homme, pour sa Création ; c'est dans l'axe de ce projet que réside l'amour pour autrui. Rappelons que Dieu a des ennemis, dont le premier est l'Ange rebelle : Satan.
XII, 32
Le Scribe lui dit : « Très bien, Maître ; tu es dans la vérité, lorsque tu dis : « Dieu est Unique, et il n’y en a pas d’autre que lui ; - XII, 33 - l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force et aimer son prochain comme soi-même » l’emporte sur tous les holocaustes et tous les sacrifices.
Le Scribe, en appréciant la parole de Jésus, se met quelque peu au-dessus de lui ; en réalité il a une position officielle dans le Temple, au contraire de Jésus ; il a du courage de se démarquer ainsi des autres officiels du Temple. Il est un homme libre. Il reconnaît véritablement Jésus quand il l’appelle « Maître », et cette fois-ci sans hypocrisie.
Nous remarquons aussi qu’il ajoute une parole que Marc n’a pas rapportée aux versets 29 à 31 du 12e chapitre. et que Jésus a sans doute dit, en faisant référence aux sacrifices animaux et aux dons au Temple (la fin du verset 12. 33). En effet il n’y a pas longtemps que Jésus a chassé les marchands du Temple ; ceux-ci vendaient ce qui était nécessaire aux sacrifices, comme des pigeons pour ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient offrir des moutons, par exemple, et les changeurs de monnaie changeaient la monnaie contre celle qui était utilisée pour le Temple (qui devait sans doute y prélever un intérêt). Jésus ramène tout à l’essentiel, au spirituel.
XII, 34
Jésus, remarquant la sagesse de ces paroles, lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus le questionner.
En effet, l’amour de la vérité habite le Scribe, et il la reconnaît. L’esprit l’habite ; il sait discerner l’essentiel de l’accessoire. Maintenant, comme pour le jeune homme riche, il lui reste à fortifier sa foi pour accomplir le sacrifice suprême… « Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et suis-moi ».
Les gens « n’osent plus » questionner Jésus…pourquoi ? Peut-être sentent-ils confusément que la plupart des questions des Pharisiens sont des pièges et que Jésus est fragile : fatigue présente, morale plus que physique, et grandes souffrances à venir pour celui qui s’oppose aux autorités établies. Ils sentent aussi sa haute stature morale et spirituelle.
Clin d'oeil : un mot / un poème : AMOUR
1 - le cantique :
"Seigneur, accorde moi d'aimer !
Il faut bien que ta main m'y pousse :
En moi je trouve un cœur fermé
Dont la vaine pitié s'émousse...
Le poète et pasteur Charles Dombre - 1937 - musique de J. S. Bach -
Le Recueil : Louanges et prières n° 343
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2 - De l'amour du siècle antique. 1532 (rondeau)
Au bon vieux temps un train d'amour régnait,
Qui sans grand art et dons se démenait,
Si qu'un bouquet donné d'amour profonde,
C'était donné toute la terre ronde,
Car seulement au cœur on se prenait.
Et si, par cas, à jouir on venait,
Savez-vous bien comme on s'entretenait ?
Vingt ans, trente ans : cela durait un monde
Au bon vieux temps.
Or est perdu ce qu'amour ordonnait :
Rien que pleurs feints, rien que changes on n'oit,
Qui voudra donc qu'à aimer je me fonde,
Il faut, premier, que l'amour on refonde,
Et qu'on la mène ainsi qu'on la menait
Au bon vieux temps.
Clément Marot
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Résonance : "Le Prochain" : "l'homme"
Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers et les Dieux. (Socrate)
vu par André Gide, dans : "Oedipe" (extrait)
Oedipe : ... J'ai compris, moi seul ai compris, que le seul mot de passe, pour n'être pas dévoré par le sphynx, c'est : l'Homme. Sans doute fallait-il un peu de courage pour le dire, ce mot....chacun de nous, adolescent, rencontre au début de sa course, un monstre qui dresse devant lui telle énigme qui nous puisse empêcher d'avancer. ... Il n'y a qu'une seule et même réponse à de si diverses questions ; ...cette réponse unique, pour chacun de nous, c'est : Soi.
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Même résonance dans l'essai d'André Gide sur Dostoievsky (extrait)
D'abord...les questions de l'humanité : " Qu'est-ce que l'homme ? D'où vient-il ? Où va-t-il ? ...Qu'est-ce que la vérité ? ...mais, depuis Nietzsche, cette question est : "Que peut l'homme ?
(il ajoute ensuite que c'était aussi la question à la Renaissance et les hommes l'avaient résolu par l'action et la création dans les arts.)
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Cet article est aussi inséré dans l’ensemble plus vaste de mon école du dimanche entièrement sur la toile (sans doute la première...) :
863. Marc 12. 18 à 37. Ecole du dimanche. 3. Oct. 3e sem. Les raisons et l’amour
http://marike.over-blog.com/2017/12/863.marc-12.18-a-37.ec.du-dim.3.oct.3e-sem.html
( Le premier article d’école du dimanche libérale a le numéro 809, à l’adresse :
http://marike.over-blog.com/2017/09/809-ecole-du-dimanche-octobre-2017.html )
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Livres de Marike (décrits sur la toile, dans ce blog, et recensions) :
- Anthologie de la prose française. 1100-1900.
Ed. indépendante illustrée. 2005. 480 p. Prix : 26 €. Epuisée. Qui la rééditera ?
- Etude des Evangiles, suivi de : Les Evangiles et l'écologie
L'Harmattan, coll. Chrétiens autrement. 2006. 155 p. Prix : 14,50 €
- Interroger sa foi. Du calvinisme au judéo-christianisme libéral. Préface du pasteur P. J. Ruff. Editeur : Edilivre. 2013. 261 p. Prix : 20€
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Livres de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences :
Une page sur lui et ses oeuvres : voir en marge d'un article : PAGE 4 :
http://marike.over-blog.com/
pages/4_Michel_Lefeuvre_et_ses_oeuvres_Michel_Lefeuvre