412 - Vous avez dit : Simone de Beauvoir ?

Publié le par marike

 

17 09 2011

 

Vous avez dit : Simone de Beauvoir ?

 

Savons-nous quel est le modèle que suivent beaucoup de femmes, avec une telle vénération ? Il n'est qu'à lire "Mémoires d'une jeune fille dérangée", (éditions Balland, 1993 ; puis le livre de poche n° 13593 d'où je tire les citations) de Bianca Lamblin, l'élève " initiée à plus d'un titre"  de Simone de Beauvoir, pour être édifiée. En réalité, Le couple Beauvoir/Sartre se repassait Bianca sans la moindre notion de ce que peut être le respect de la personne humaine dans le jeune que l'on a en  charge, comme un jouet dont on se lasse et que l'on passe à d'autres.

 

Au début de l'année 1990, Gallimard publie les Lettres à Sartre et Le journal de guerre, que Bianca lit l'été 90. C'est là qu'elle découvre la vérité. D'une part l'attitude extérieure du couple à son égard, et d'autre part ce que Sartre et Beauvoir s'écrivaient : deux réalités bien différentes.

 

"Je n'arrive pas à m'expliquer comment j'ai pu être trompée à ce point…Simone de Beauvoir puisait dans ses classes de jeunes filles une chair fraîche à laquelle elle goûtait avant de la refiler, ou faut-il dire plus grossièrement encore, de la rabattre sur Sartre."  (p. 12)
Elle poursuit : Leur perversité était soigneusement cachée sous les dehors bonasses de Sartre et les apparences de sérieux et d'austérité du Castor. En fait ils rejouaient avec vulgarité le modèle littéraire des Liaisons dangereuses. (p. 13)

 

 

Bianca rapporte plus loin (page 57), avec son témoignage, les paroles du  couple montrant le peu de solidité de leurs choix existentiels, face à la philosophie ; en effet ils avaient décidé de ne pas avoir d'enfant : " Mais alors, si plus personne n'a d'enfants, à notre exemple, à l'avenir il n'y aura plus de lecteurs ni pour nos œuvres ni pour aucune autre.  Ils en étaient atterrés." 

 

Plus loin elle rapporte les paroles de Sartre : en tant que conscience libre" on ne peut jamais promettre, jamais s'engager… Sartre avait réduit l'homme à une succession d'instants où s'exerce une liberté aussi inutile et capricieuse que fugace. Penser que quelques années plus tard, après la guerre, il osera élaborer la notion de l'engagement est vraiment paradoxal…"

 

Bianca est juive… Elle témoigne : "Il est cependant frappant d'observer qu'ayant séjourné un an en Allemagne à Berlin à partir de l'automne 1933, l'année même où Hitler a été promu officiellement Chancelier du Reich, Sartre n'ait jamais apparemment été pleinement conscient de l'importance de cet événement et du risque majeur qu'il faisait courir à l'Europe…"  écrit-elle (p. 60), même si elle excuse Sartre, trop "ébloui par Husserl", pris dans ses intérêts philosophiques… puis elle parle du couple  en ces termes :  leur " totale et égoïste ambition intellectuelle"  (p. 61)…et : "L'aveuglement de Sartre et de Simone de Beauvoir …reflétait largement la pusillanimité de l'opinion des Français de tous bords" …(p. 64)   

 

Sur son sort elle témoigne (p. 64) : " il y avait en tous cas un point sur lequel on ne pouvait hésiter : en cas de victoire des Nazis, le sort des Juifs serait dramatique. De cela ils ne disent mot, ni l 'un ni l'autre. C'est comme s'ils n'avaient jamais su, ou avaient voulu oublier, qu'alors je serais pour ainsi dire en première ligne. Mais la preuve la plus éclatante de leur indifférence réside tout simplement dans le fait que l'un, puis l'autre, ont rompu avec moi, ont cessé de m'aimer en cette année 1940 qui fut celle de tous les effondrements…" (p. 65)

 

Enfin, après la mort de Simone de Beauvoir, voilà les dernières lignes du livre : " Mes yeux s'étaient enfin dessillés. Sartre et Simone de Beauvoir ne m'ont fait, finalement, que du mal."  

Publié dans Société

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