244 - Jean Calvin - « L'Institution de la religion chrétienne » - 9 - Satan, Dieu et Adam

Publié le par marike.over-blog.com

27 05 09

 

244 - Calvin - « L'Institution... » - 9 - satan et Dieu. Adam et Le péché originel

 

 

Je mets d'abord ce qui est à la fin du premier livre, à la fin du chapitre XVIII, que je vais lire ici, pour montrer quelle est la démarche de Calvin, qu'il énonce très bien ici :

 

...notre sagesse est faite de ce que nous recevons ce que l'Ecriture enseigne, sans rien en excepter, dans un esprit de réceptivité positive....

 

Face à cette démarche, il y  a celle qui considère que les Ecritures sont un livre, inspiré, certes, mais qui vient de la main des hommes et qu'elle n'est donc pas exempte d'erreurs.

 

De mon point de vue, qui n'est certes pas infaillible, Calvin va donc « la prendre au mot », cette Ecriture, pour essayer de la justifier partout, et dans son sens littéral.

 

Il montre ici qu'il est conscient de sa démarche, de ce qu'elle a de systématique, même.

 

Voici le titre de ce chapitre XVIII :

Dieu reste saint en se servant des méchants pour accomplir sa volonté.

 

Satan ne peut rien faire qui soit contraire à la volonté de Dieu. Nous rappelle Calvin, selon Job 1.6 ; 2.1.

 

En effet, Job est un exemple parfait que Dieu utilise Satan pour tenter Job et le mettre à l'épreuve ; on pourrait se demander s'il est bien utile de tenter un homme juste et de le faire tant souffrir, mais cette histoire est faite pour l'édification des hommes : même si un homme souffre tous les maux, il a raison de ne pas se croire coupable s'il ne l'est pas et de rester fidèle à Dieu.


L'Eternel a donné, et l'Eternel a ôté, que le nom de l'Eternel soit béni. (Job 1.21)

 

Calvin nous donne bien d'autres exemples où l'œuvre de Satan est voulue par Dieu pour accomplir ses desseins, par exemple pour punir des hommes méchants.

 

2. Dieu a une souveraine maîtrise du cœur et de la pensée de tous.


Le cœur des rois est un courant d'eau dans la main de l'Eternel : il l'incline partout où il veut (Proverbes 21.1)

Ce que Salomon affirme du cœur des rois...s'étend sans doute à tout le genre humain.

 

Il est dit plusieurs fois dans la Bible que Dieu endurcit le cœur de tel ou tel homme.

 

4. En un même acte, nous contemplons l'iniquité de l'homme et la justice de Dieu.

 

Quand Dieu accomplit par les méchants ce qu'il a décrété en son conseil secret, cela n'excuse pas ceux-ci...Dieu agit dans le cœur des méchants comme cela lui plaît et, cependant, les traite comme ils le méritent...ce sont, en effet, la motivation et la volonté qui sont prises en compte. (p. 185)

 

Conclusion sur ce premier livre : même si, aujourd'hui, après tout les travail des lectures critiques des savants et les découvertes de l'exégèse, depuis Spinoza, on ne referait pas de la même manière une « Institution chrétienne », ces textes ont encore beaucoup à nous apprendre, en dehors même de leur démarche accomplie à un moment de l'histoire des religions, celui de la Réforme.

 

Deuxième livre, p. 189


La connaissance de nous-mêmes consiste d'abord à considérer ce qui nous a été donné lors de la création, ...l'excellence de notre nature si elle était demeurée intacte, ...puis notre misérable condition, due à la chute d'Adam.

 

De là proviennent, à la fois, la haine et le déplaisir que nous avons de nous-mêmes  en toute humilité, et un désir nouveau de chercher Dieu, afin de recouvrer en lui tout ce dont nous sommes privés et dépourvus.

 

La défense de toucher à l'arbre de la connaissance du bien et du mal était une mise à l'épreuve de l'obéissance d'Adam, afin qu'il prouve sa soumission au commandement de Dieu.

 

L'infidélité...de cette désobéissance ont découlé l'ambition et l'orgueil...l'ingratitude.

 

Le péché a été transmis par le premier homme à toute sa postérité. Pélage a soutenu subtilement que la transmission s'effectuait par imitation et non par engendrement selon la nature humaine.

 

Qui fera sortir le pur de l'impur ? (Job 14.4)

 

La méthode de Calvin n'est pas d'argumenter mais de citer les Ecritures -qui ont toujours raison pour lui et qui sont une preuve en soi- à l'appui de ses dires. En réalité, comment pourrait-on prouver la conviction de Pélage par le raisonnement ? Il faut pourtant remarquer une chose, c'est que, dans l'histoire de l'humanité,  prise globalement, les hommes ont péché depuis le commencement de leur existence, d'aussi loin que la mémoire collective remonte ; il y a donc en cela un élément qui tient à leur nature. Respecter les dix commandements dans toute leur rigueur semble être quelque chose qui nous dépasse, comme d'avoir toujours une intelligence suffisante face aux événements et aux idées. Le paradis est si loin derrière nous que nous pouvons nous demander à juste titre s'il a jamais existé.

 

 






Nous reconnaissons l'intolérance de l'époque en celle de Calvin quand il s'écrie, face au dire de Pélage : Comment supporter un tel blasphème ?  (p. 195), et, à propos de ses propres convictions, il dit, après avoir cité Romains 5.12,18 :

Je ne pense pas qu'il y ait besoin de plus de preuves à la lumière d'une vérité si claire.

 

Ce qui a manqué à cette époque, pour que protestants et catholiques puissent cohabiter en France, c'est justement la tolérance, une acceptation raisonnée de nos différences.

 

Il ne serait pas correct que Dieu soit considéré comme étant l'auteur de la mort.

 

Ici Calvin nous laisse sur notre faim quant au raisonnement...Evidemment si Dieu est défini Eternel,  tout bon, tout puissant, cela se comprend.

 

Quant aux dons accordés à Adam, Dieu ne les lui avait pas accordés à lui seul en particulier, mais également à toute sa descendance...Comme d'une racine pourrie ne procèdent que des branches pourries qui diffusent leur nourriture dans tous les rameaux et les feuilles, ainsi les enfants d'Adam ont été contaminés par leur père. Seule la grâce de Dieu...ajoute-t-il...

 

 

Le péché originel est donc une corruption et une perversité héréditaires... (p. 197)

 

Ici va suivre une vision de l'homme très négative, tant qu'il n'est pas visité par l'Esprit, vision que d'autres, comme Rabelais, ont combattu, en affirmant que « la nature est bonne ».

 

Adam...nous a réellement transmis le péché qui réside en nous et pour lequel la peine est due.

 

Pour toute la question du péché originel Calvin se réfère, à côté des Ecritures, sans cesse à Saint Augustin, contre Pélage.

 

Voilà pourquoi même les enfants sont compris dans cette condamnation :...même si leur iniquité n'a pas encore produit de fruits, ils en ont la semence cachée en eux.


Notre perversité n'est jamais inactive en nous...à la manière d'une fournaise ardente qui lance des flammes et des étincelles ou d'une source dont l'eau coule sans arrêt.

 

Calvin n'admet pas, comme Pierre Lombard l'a fait, de limiter ce péché ; toutes les parties de l'être humain, de l'intelligence à la volonté, de l'âme jusqu'à la chair, sont souillées et intoxiquées... Ce ne sont pas uniquement ses désirs terre-à-terre ou sa sensualité qui l'ont incité au mal, mais cette impiété maudite, dont nous avons fait mention, qui a pris place dans la partie la plus haute et la meilleure de son esprit. L'orgueil s'est installé ainsi au plus profond de son cœur. (p. 198)

 

Cette avidité, ce désir insatiable en l'homme (ou celui d'être Dieu, comme dit Malraux dans « La condition humaine ») a été reconnu aussi dans le bouddhisme comme racine du mal.

 

Calvin nous renvoie pour le péché originel au troisième chapitre de l'épître aux Romains (1-20), en contraste avec la régénération par l'Esprit (Romains 12.2 ; Ephésiens 4.23).


Aussi nos âmes n'ont-elles pas besoin seulement de guérison, mais d'être revêtues d'une nature nouvelle.

 

La cause du péché n'incombe pas à Dieu mais aux hommes... Notre nature a été blessée par le péché qui est survenu. Nous n'avons qu'à nous en prendre à nous-mêmes.

 

Calvin reviendra sur cette question, dit-il, quand il traitera celle de la prédestination.

 

10 - Calvin fait cette distinction : La « nature » de l'homme est bonne, mais elle a été « naturellement » pervertie par le péché. Sa perversité n'est donc pas « de nature », mais elle est « naturelle ».

 

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