7. Marc. 1, 9-10. Le baptême de Jésus. Lecture suivie et commentée

Publié le par Marike

7. Bible. Evangile selon Marc. I, 9-10. Le baptême de Jésus. La colombe. L'Esprit. Lecture détaillée de Marc, verset par verset, puis de ses compléments dans les autres évangiles  : Le Ministère de Jean Le Baptiseur : Mt. III, 1à 12 ; Lc. III, 1à 20 ; Jean I, 19 à 28

I, 9  ( Mt. III, 13 ; Jn. I, 29 )
Or c'est en ces jours que Jésus arriva de Nazareth en Galilée, où il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

 

Amiens - BM - ms. 0108 - f. 170 v - Baptême du Christ
  

Le baptême : ce mot vient du grec ancien, du verbe Βάπτειν baptein, « plonger dans un liquide ». C’est un rite ou un sacrement symbolisant aujourd’hui la nouvelle appartenance d’un être humain  au christianisme. (Wikipédia)
           
Pour le juif Jésus c’est essentiellement un rite juif de purification, de conversion authentique, selon ce que dit Jean Le Baptiseur aux versets 4 et 5 (repentance et rémission des péchés).
           
Le moment du baptême est précisé de cette façon : c'est au moment où tous viennent se faire baptiser que Jésus y va aussi. C'est donc un mouvement général dans le pays.
           
Jésus vient de Nazareth, au N. O. de la Palestine, la ville où il habite avec sa famille. Il se dirige vers l'Est, vers la partie galiléenne du Jourdain, au Sud du Lac de Galilée, à Enon [en chaldéen signifie fontaine], près de Salim, là où se jette l'affluent Chérit, aujourd'hui Wadi el Yabis, région du prophète Elie (alors que Jean baptise aussi plus au Sud dans le Jourdain ; ce dernier lieu est sans doute proche de Qumran, si ce n'est à Qumran même (???)  puisqu'il est précisé qu'il  baptise ceux de la Judée et de Jérusalem (v.5). Le Jourdain (350 km) prend sa source dans les montagnes du Liban, au Nord, traverse le Lac de Tibériade, ou Mer de Galilée, et se jette dans la Mer Morte. En hébreu il signifie : le fleuve de la peine, du jugement.
         
Il est intéressant de savoir  que l'archéologie a découvert sur le site de Qumran[1] à 16 km au Sud de Jéricho, ville à environ 27 km, vers le Sud, de Jérusalem, plusieurs  mikvot ou bains rituels de purification. En effet cette communauté pratiquait l'immersion deux fois par jour et pour cela elle avait fait de nombreux travaux d'irrigation des eaux. Les habitants de Jérusalem sont donc à une quarantaine de kilomètres de Qumran...
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Seconde adddition - 03 01 2015 - sur les esséniens :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ess%C3%A9niens

Jean, comme nous l’avons vu,  pourrait être essénien ; l’eau dans le désert jouait un grand rôle. Voyons en quelques extraits ce que Wikipédia dit des esséniens : « Pour Flavius Josèphe, les esséniens sont la « troisième secte » de la société juive de Palestine, avec les pharisiens et les sadducéens. Il décrit les esséniens comme des communautés d'ascètes, volontairement pauvres, pratiquant l'immersion quotidienne et l'abstinence des plaisirs du monde...
            Les esséniens ont acquis une renommée dans les temps modernes à la suite de la découverte, à partir de 1947, d'un vaste groupe de documents religieux connus sous le nom de « manuscrits de la mer Morte », dont une centaine – « sur 870 » – pourraient être esséniens, ou d'un mouvement proche se donnant, dans une trentaine de manuscrits, le nom de « Yahad » (« Unité », « Alliance ») . Toutefois, cette identification ne fait pas consensus... Une trentaine de manuscrits de la mer Morte mentionnent le « Yahad » (« Unité », « Alliance »), un mouvement religieux derrière lequel bon nombre de chercheurs reconnaissent les groupes mentionnés par les trois auteurs antiques ( Philon d’Alexandrie [v.12 av. J.-C.-v.54] ; Pline L’Ancien [23-79] et Flavius Josèphe [v.37-v.100] )  sous des noms très proches et que l'on regroupe sous le nom d'esséniens...
            Flavius Josèphe rapporte qu'il existait des esséniens en grand nombre, et que des milliers vivaient dans la Judée romaine. Philon d'Alexandrie parle de « plus de quatre mille » essaioi vivant en « Palestine et en Syrie, « dans de nombreuses villes de Judée et dans de nombreux villages et groupés en grandes sociétés comprenant de nombreux membres.... Josèphe indique qu'il a personnellement fréquenté ce mouvement.
            Les esséniens étaient « plus ascétiques et plus ésotériques que les Pharisiens ou les Sadducéens, et cela les rendait plus intéressants pour l'ancien public hellénisé à qui s'adressaient Flavius Josèphe et Philon d'Alexandrie. Ainsi, si cette communauté était plus réduite que les deux autres (selon ces deux auteurs elle comptait environ 4 000 membres), ils la décrivent plus en détail. » Flavius Josèphe « nous apprend que les esséniens exerçaient leur don de divination et de prophétie de préférence sur les textes sacrés eux-mêmes. À l'aide d'exégèses subtiles, ils en recherchaient les sens cachés, qui leur révélaient l'avenir. » Dans ses livres, il mentionne aussi « trois prophètes esséniens : Judas sous le règne d'Aristobule Ier (-104 à -103), Menahem sous Hérode le Grand (-40 à -4), et Simon sous Hérode Archélaos (-4 à +6). » Il « rapporte plusieurs prédictions qui auraient été faites par des Esséniens en diverses circonstances et qui se seraient réalisées (Antiquités judaïques, XIII, 11, 2 ; XV, 13, 5 ; XVII, 13, 3).
            Pour Philon, les esséniens sont des juifs. Ils composent une société idéale, habitant les campagnes et fuyant les villes considérées comme des lieux de perdition. Vivant sans argent, ce sont des modèles de piété et de sainteté : ils renoncent aux richesses et vanités de ce monde, partagent tout, ne fabriquent ni n'utilisent d'armes, ne parlent pas sans rien dire6... Les esséniens formaient à l'intérieur des villes juives de Palestine des communautés soudées et fermées15. Ceux dont parle Pline l'Ancien se trouvent « sur la côte ouest de la Mer Morte, bien loin du rivage… [au-dessus] de la ville d'Engaddi ».
         Flavius Josèphe fait référence à une « porte des Esséniens » dans sa description du parcours « du plus ancien » des trois murs de Jérusalem18 , qu'il situe sur le mont Sion qui, à l'époque, désigne la colline de l'Ophel situé au sud du mont du Temple19. Il y avait peut-être une communauté essénienne dans ce quartier de la ville
            Dans les plus anciens textes à contenu messianique, trois figures eschatologiques séparées sont attendues par la communauté: un prophète, un Messie-royal et un Messie-sacerdotal (4Q175 Les Testimonia) ; « ou encore un Prophète, un Messie d'Israël et un Messie d'Aaron (1QS IX, 11 ; Règle de la Communauté ou Manuel de discipline). »Mais le Prophète doit intervenir antérieurement aux deux autres dont il doit annoncer la venue. Seuls les figures royales et sacerdotales sont de véritables Messies34. Le messianisme de la secte est donc bicéphale. Émile Puech note que cette conception induit un partage des pouvoirs entre le Roi et le Prêtre. Les conceptions messianiques de la secte évoluèrent toutefois, comme l'a montré Ernest-Marie Laperrousaz. Après avoir semble-t-il désapprouvé le cumul des deux fonctions pratiqué par les Hasmonéens,« la communauté se mit à attendre un messie unique, à la fois sacerdotal et royal36...  Ils ont conscience de constituer la communauté de la Nouvelle Alliance renouvelée annuellement (4Q 226, 16-18) et dirigée par un collège sacerdotal au cœur d'un monde déchiré par les deux esprits de la Lumière et des Ténèbres.
         Parmi leurs principales convictions, Blanchetière retient : « l'attente des derniers jours et la venue d'un ou deux messies, la croyance dans le libre arbitre, la résurrection des morts, la rétribution finale, le déterminisme et la prédestination,..  Pour André Paul, spécialiste des fouilles et des manuscrits de Qumrân, « il n'est pas adéquat de présenter les groupes d'ascètes des environs occidentaux de la mer Morte comme réellement baptistes. Il y avait cependant de vrais groupes baptistes à l'époque. »11
          François Blanchetière note que « l'existence d'un essénisme chrétien a été postulé » par certains chercheurs et « relève de l'éventualité envisageable », même si elle demeure hypothétique. Selon lui, « d'abord parce qu'il existe une parenté indéniable entre les mouvements baptistes, dont celui de Jean le cousin de Jésus et le nazaréisme [nazaréen : « celui qui s’est voué », mot à sens général utilisé avant le mot chrétien, plus restrictif] primitif. Ensuite parce qu'on retrouve tout un ensemble d'idées communes aux milieux esséniens ou péri-esséniens et à la "communauté johannique", enfin parce que l'on a identifié une parenté d'idées entre ces mêmes milieux des écrits de la mer Morte et l'Épître aux Hébreux. » De même, la Didachè et l'Épître de Barnabé, un temps incluses dans le canon du Nouveau Testament, « reprennent à leur manière la thématique des deux voies, celle du bien et celle du mal, qui figure déjà dans le Manuel de Discipline »retrouvé à Qumran... Selon Marcel Simon, le courant des esséniens, « sur lesquels les manuscrits de la mer Morte ont jeté une lumière toute nouvelle, apparaît comme le plus complexe et, à bien des égards, le plus intéressant. Communauté fermée, d’organisation monastique, retirée dans le désert, sur les rivages inhospitaliers de la mer Morte, les esséniens communiquent à leurs seuls initiés un enseignement ésotérique. Purs entre les purs, on les a parfois définis comme des Pharisiens au superlatif. Leur mouvement est né, sans doute, au lendemain de l’insurrection maccabéenne, d’une protestation contre l’attitude, jugée trop mondaine et laxiste, des souverains hasmonéens et contre un sacerdoce considéré par eux comme illégitime. En conséquence, ils se détournent des liturgies officielles du Temple et pratiquent dans leur solitude des rites qui leur sont propres. Ils englobent dans une même condamnation les païens, ceux des Juifs qui fréquentent les occupants idolâtres et la masse du peuple qui accepte l’autorité d’un clergé indigne. Ils vivent dans une atmosphère eschatologique et se considèrent comme le petit troupeau des élus qui constitueront le noyau du Royaume imminent. »
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I, 10 ( Mt. III, 16 ; Lc. III, 22 ; Jn. I, 32)
Soudain, comme il sortait de l'eau, il vit les cieux[2] s'entrouvrir et l'Esprit, en forme de colombe, descendre sur lui.

 Il est important de noter plusieurs niveaux de signification ; le premier sens est littéral. Les Romains voyaient des signes dans la nature ; on peut imaginer qu'au moment du baptême de Jésus une colombe passe entre deux nuages dans les cieux pour venir se rabattre au-dessus de Jésus...Le second sens est allégorique : il y a un lien entre la colombe, doux oiseau messager, et l'idée de paix, qui nous vient de la première réconciliation de Dieu avec l'homme, au Déluge (Genèse VIII, 8 à 14) et ici le signe de la Nouvelle Alliance de Dieu avec son peuple  ; le troisième sens, purement symbolique, n'est pas représenté ici (la colombe : le symbole étant une simple convention sans signification en soi, sinon aussi celle de la paix). Le quatrième est anagogique, mystique : il préfigure le sens plus lointain de la Pentecôte et de l'élection divine pour tous.
         A la Pentecôte (Acte des Apôtres II, 1 à 4), l'Esprit est représenté par des "langues de feu" ; il est intéressant de voir qu'en grec il y a deux sens pour le mot langue, comme en français (l'organe physique et la langue que l'on parle) ; il y a donc superposition de sens dans l'emploi de ce mot : une image (l'organe) et une réalité (langues parlées).
         Jésus a  le double baptême : "l'immersion" externe à lui-même, dans l'eau d'abord, signe de l'appel de Dieu à l'homme, puis immersion interne dans l'Esprit (élection de l'homme par Dieu).

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Illustration : mosaïque : Ravenne : la coupole du baptistère des Ariens[3] :    
le baptême du Christ. (Rappel : Théodoric ayant conquis la ville en 493 il donna à son peuple chrétien arien des églises différentes de celles des chrétiens catholiques.)

Clin d'œil  : "un mot biblique/ un poème" : COLOMBE :

Charmes (1922) : 
Le Cimetière marin   (Les deux premières strophes)

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !

O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux
!

Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir...

                                          Paul Valéry (1871 – 1945)

Résonance : Tapisserie de Jean Picart-le-Doux : Hommage à Paul Eluard

[1] Qumran : Lieu des onze grottes où ont été découverts les Manuscrits de la Mer Morte ainsi que les ruines de bâtiments d’une communauté  ; on formule l’hypothèse que les Esséniens vivaient  à cet endroit.
[2] Note de traduction : Les cieux ou la nuée ? (« il vit les nuages s’écarter ») En effet, on voit plus facilement les cieux s'entrouvrir, ou se déchirer, s'il y a des nuages ; en hébreu, est-ce le même mot ?
[3] Arianisme : Doctrine selon laquelle Jésus, le Fils, n’est pas de même nature que Dieu le Père ; il est homme. La Parole de Dieu s’incarne en lui.
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Voir l’insertion de cet article dans l’ensemble plus vaste de mon école du dimanche sur la toile :
814. Ecole du dimanche judéo-chrétienne. Mars-avril 2018 (= 6 semaines. 1e sem. sur 6)
http://marike.over-blog.com/2017/09/814.ecole-du-dimanche.mars-avril-2018-1e-sem.html
(Elle  commence à l'article 809, à l’adresse : http://marike.over-blog.com/2017/09/809-ecole-du-dimanche-octobre-2017.html )

Pour trouver les articles  de ce blog :
1) Aller aux archives :
http://marike.over-blog.com/2017/10/archives-liste-des-articles-date-numero-titre.html
(Sinon, Rechercher sur la toile n’importe quel article, par exemple à « l’école du dimanche de Marike », puis cliquer sur un article pour l’ouvrir. Aller en marge de droite et à l’encart PAGES
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2) Allez à la fin des archives, à la  section 10, où commence la liste des articles de l’école du dimanche  entièrement sur la toile, avec leur lien,
[Sinon relever leur n°, leur titre, et  leur date  de création et les insérer dans les encarts « Rechercher » et « Archives » (classées par année et par mois) vers la fin de la marge de droite de l’article].

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Livres de Marike (décrits sur la toile, dans ce blog, et recensions) :
- Anthologie de la prose française. 1100-1900. 
Ed. indépendante illustrée. 2005. 480 p. Prix : 26 €
- Etude des Evangiles, suivi de : Les Evangiles et l'écologie
L'Harmattan, coll. Chrétiens autrement. 2006. 155 p. Prix : 14,50 €
- Interroger sa foi. Du calvinisme au judéo-christianisme libéral. Préface du pasteur P. J. Ruff. Editeur : Edilivre. 2013. 261 p. Prix : 20€
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Livres de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences : 
Une page sur lui et ses oeuvres : voir en marge d'un article : page 4 : 

http://marike.over-blog.com/
pages/4_Michel_Lefeuvre_et_ses_oeuvres_Michel_Lefeuvre 

 

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