114. Marc. 14. 60 à 65. Lecture commentée. Jésus comparaît devant le grand prêtre Caïphe –2 –

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Article 114. Bible. Lecture suivie et détaillée, verset par verset.  Le Juif Jésus condamné par la justice juive. Evangile selon Saint Marc 14. 60 à 65, puis lecture des compléments dans les autres évangiles, ici : Mt. XXVI, 62 à 68 ; Lc. XXII, 63 à 71 ; Jn. XVIII, 19 à 23.

XIV, 60
Alors le Grand-Prêtre se leva au milieu de l’assemblée et posa cette question à Jésus : « N’as-tu rien à répondre aux dépositions adverses de ces gens ? » Jésus gardait le silence ; il ne répondit rien. 
- XIV, 61 – Le Grand-Prêtre lui posa une seconde question, ainsi conçue : « Es-tu le Christ, le Fils de Celui qui est béni ? » - XIV, 62 – Jésus répondit : « Je le suis ; Et vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la  puissance de Dieu et venant sur les nuées du Ciel. »

Comme nous l’avons vu dans l’article précédent, Jésus ne répond rien parce qu’il sait que ce procès est malhonnête et que cela ne servirait à rien ; au contraire…il perdrait de sa hauteur à argumenter contre eux. Toutefois, le Grand-Prêtre sait quelle question lui  poser pour qu’il réponde, et pour avoir la victoire sur lui. En effet, Jésus ne peut se taire ici : il serait alors dans le cas de Pierre qui l’a renié trois fois. Le courage suprême lui est alors demandé, et sa parole, il le sait, est celle de sa condamnation.

Mais alors, non seulement il parle, mais il profite de cette possibilité pour témoigner en grande ampleur, selon les Ecritures, et le lyrisme d’un sentiment fort survient ; Jésus  développe en reprenant le Premier Testament, tout en soulignant la première place de Dieu, celle-ci plus selon le Psaume que selon le verset de Daniel :


L’Eternel a dit à mon Seigneur :
« Assieds-toi à ma droite,
jusqu’à ce que j’aie contraint tes ennemis
à te servir de marchepied. »
L’Eternel étendra loin de Sion le sceptre de ta puissance :
Tu exerceras ta domination sur tes ennemis ! (Ps. 110,1)

Je regardais encore pendant ces visions de la nuit, et je vis un personnage, pareil à un fils d’homme, qui venait sur les nuées des cieux ; …On lui donna la puissance, la gloire et la royauté… (Daniel VII, 13-14)

Jésus en son âme et conscience ne voit sans doute personne d'autre que lui dans ce rôle de Messie, avec un M majuscule. Personne plus que lui n'a mis en pratique, n'a mis en avant l'importance de l'amour divin, de l'amour entre les humains : lois de Moïse (Deut. 6. 4-5 et Lévit. 19. 17-18) qui doivent toujours éclairer ses autres lois (Exode 20. 1 à 17)... quelle sagesse supérieure, si mûre, et que de miracles !

Résonance :  en peinture : ces  citations précédentes de l'Ancien Testament peuvent faire penser, dans leur ensemble, par leur esprit, au Retable d'Issenheim (1516) de Matthias Grünewald, au Musée d'Unterlinden de Colmar  - le premier volet du retable, au revers du panneau de droite : la Résurrection.du Christ


XIV, 63
Alors le Grand-Prêtre déchira ses vêtements1  et dit : « Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? – XIV, 64 - Vous avez entendu le blasphème ! quel est votre avis ? Tous le déclarèrent coupable et le condamnèrent à mort.


Note 1 : Acte rituel, selon la tradition, qui exprime la tristesse ou l’horreur (note TOB du verset)

Le Grand-prêtre, le chef officiel, prenant position, et de cette manière forte, en déchirant ses vêtements et en parlant de blasphème, il n’est guère possible à l’Assemblée de le contredire. Aujourd’hui encore, on connaît ces assemblées prétendument démocratiques, mais où seule la parole du chef prévaut. Il mène les autres là où il veut.


XIV, 65
 
Alors ils se mirent, quelques uns, à cracher sur lui, à lui couvrir le visage d’un voile et à lui donner des coups de poing, en lui disant : « Devine ! » Quant aux gens de service, ils le reçurent à coups de bâton.

Nous reconnaissons ici le peuple courtisan ou ignorant, l’image de la majorité des hommes, dans bien des cas ; il y a parfois aussi une vanité de la cruauté : on veut faire « mieux que tout le monde » et on affiche ainsi son opinion, sans se rendre compte que ce n’est pas la voie du courage, mais celle de la facilité -on veut se faire bien voir-, de la lâcheté face au faible, et de l’inhumanité.

Résonances : XIV, 63 à 65 :

1) "la parabole des Aveugles" (MT. XV, 14) illustrée par les peintres :
- Pieter Bruegel L'Ancien (1568) -Naples - Galerie nationale de Capodimonte
- Pieter II Bruegel, dit d'Enfer (vers 1630)

2) un texte de Jean de La Fontaine (1621 – 1695)

Les Animaux malades de la peste ( Fables - Recueil II, Livre 7)

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

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Cet article est aussi inséré dans l’ensemble plus vaste de mon école du dimanche biblique entièrement sur la toile (sans doute la première...) :

868. Marc 14 à 16.  Ecole du dimanche. 3. Nov. 2e sem. Pâques (05 01 2018)
http://marike.over-blog.com/2018/01/868-marc-14-a-16-ec.du-dim.3-nov-2e-sem.html


(  Le premier article d’école du dimanche a le numéro 809, à l’adresse :
http://marike.over-blog.com/2017/09/809-ecole-du-dimanche-octobre-2017.html  )
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2) Allez à la fin des archives, à la  section 10, où commence la liste des articles de l’école du dimanche  entièrement sur la toile, avec leur lien
(Première partie :  articles 809 à 886)
[Sinon relever leur n°, leur titre, et  leur date  de création et les insérer dans les encarts « Rechercher » et « Archives » (classées par année et par mois) vers la fin de la marge de droite de l’article].
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Livres de Marike (décrits sur la toile, dans ce blog, et recensions) :
- Anthologie de la prose française. 1100-1900. 
Ed. indépendante illustrée. 2005. 480 p. Prix : 26 €. Epuisée. Qui la rééditera ?
- Etude des Evangiles, suivi de : Les Evangiles et l'écologie
L'Harmattan, coll. Chrétiens autrement. 2006. 155 p. Prix : 14,50 €
- Interroger sa foi. Du calvinisme au judéo-christianisme libéral. Préface du pasteur P. J. Ruff. Editeur : Edilivre. 2013. 261 p. Prix : 20€
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Livres de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences : 
Une page sur lui et ses oeuvres : voir en marge d'un article : PAGE 4 : 
http://marike.over-blog.com/
pages/4_Michel_Lefeuvre_et_ses_oeuvres_Michel_Lefeuvre 

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