191 - un "libertaire" : qu'est-ce que c'est ?

Publié le par marike.over-blog.com



 

Selon « wikipedia » on désigne par libertaire ce qui prône une liberté individuelle absolue en matière politique et sociale et le rejet de toute autorité. Le terme est pris comme synonyme d'anarchiste


Le néologisme construit sur un modèle alors répandu chez les socialistes utopiques par l'usage du terme prolétaire (égalitaire, fraternitaire), apparaît dans une lettre ouverte à P. J. Proudhon  De l'Être-Humain mâle et femelle - Lettre à P. J. Proudhon, publiée à la Nouvelle-Orléans en mai 1857.


Le mot libertaire a été créé par Joseph Déjacque, militant et écrivain anarchiste, par opposition à « libéral ».


Joseph Déjacque s'oppose à la mysoginie de Proudhon et l'accuse d'être « anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE... ». Contre son conservatisme en matière de mœurs, Déjacque revendique la parité des sexes et la liberté du désir dans une société affranchie de l'exploitation et de l'autorité.


Joseph Déjacque a utilisé ce terme comme titre au journal qu'il a publié à New York de juin 1858 à février 1861, Le Libertaire, le journal du mouvement social, titre repris par de nombreuses autres publications ultérieures.


Selon l'auteur[1], on voit déjà apparaître une fusion entre deux « synonymes » : l'anarchiste et le libertaire. Pour lui l'anarchiste est davantage un révolté total qui veut négativement détruire, tandis que le libertaire représente plus une démarche positive, puisqu'il  veut imposer des libertés supplémentaires, qu'elles soient en définitive souhaitables ou non pour la société. En réalité, la « liberté du désir » me semble utopique -si l'on prend le terme sans nuances, comme un absolu- selon mes valeurs chrétiennes, et la Déclaration des Droits de l'homme, car on peut piétiner ainsi la liberté d'autrui, ses propres engagements, ses responsabilités, sacrifier à ses désirs égoïstes bien des êtres, et même ses propres enfants.


C'est dans le dernier quart du XIXe  siècle que les socialistes antiautoritaires ont adopté le terme pour désigner les théories et pratiques de l'anarchisme.


En dépit de l'origine du terme, le philosophe et sociologue marxiste Michel Clouscard a introduit l'expression synthétique « libéral-libertaire » dans son livre Néo-fascisme et idéologie du désir (1972) pour dénoncer le permissivisme moral des étudiants gauchistes de mai 1968 qu'il considère comme une attitude contre-révolutionnaire, expression depuis revendiquée par certains, à l'instar du député européen Daniel Cohn-Bendit.


Histoire très résumée du mouvement libertaire en France des origines à 1967
(voir les détails supplémentaires à Wikipedia)

1) De 1850 à 1910 : les  anarchistes révolutionnaires


1850 - Premier journal anarchiste, L'Anarchie, journal de l'ordre d'  Anselme Bellegarrigue.
1864 - Naissance de l'Association internationale des travailleurs (AIT ou  Première Internationale) à Londres.
C'est là que la première division s'est opérée entre anarchisme et  marxisme au sein de la  Première Internationale.
Premières tentatives de Bakounine de créer une organisation révolutionnaire antiautoritaire, la « Fraternité internationale révolutionnaire » ou « l'Alliance ».
 
1868 - Deuxième tentative d'organisation bakouniniste, avec l'organisation des « Frères internationaux » ou encore « l'alliance pour la démocratie socialiste ».
1871 -     Commune de Paris : La répression fait 25 000 victimes et décapite le mouvement révolutionnaire en France.
1872 - Bakounine et d'autres fédéralistes sont exclus de l'AIT par un vote au congrès de La Haye,
 et se retrouvent au sein de la  Fédération jurasienne. 
1880 - La Révolution sociale, premier journal anarchiste d'après la Commune, est publié.
1881 - Conférence de Londres

L'Internationale ouvrière fut fondée, à l'initiative notamment de  Friedrich Engels, par les partis socialistes d'Europe lors du Congrès de Paris en juillet  1889 ; elle est aussi connue sous le nom de Deuxième Internationale, ou Internationale Socialiste.

Certains anarchistes furent présents à ce congrès, réclamant le groupement des travailleurs en lutte essentiellement sur le terrain économique, et rejetant la division politique, mais ils en furent exclus pour les raisons de divergence tactique claires.

Se fondant, comme la Première Internatinale, sur le constat de la lutte des classes, la Deuxième Internationale milite jusqu'au début du XXe siècle sur les bases du marxisme.
1895 - Le Libertaire, fondé par  Sébastien Faure et  Louise Michel, sort son premier numéro le 16 novembre

La Confédération Générale du Travail (CGT) est créée à partir de la fusion des Bourses du travail et des syndicats et fédérations d'industries.

1907  - Du 25 au 30 août se tient le Congès anarchiste international d'Amsterdam

2) De 1910 à 1967 : Les anarchistes et les communistes
1910 est une étape importante puisque c'est la première fois que les communistes  s'organisent, en s'alliant  aux anarchistes. Il est significatif que l'Alliance devienne Fédération l'année suivante, car anarchie et communisme sont deux mouvements très différents. Il ne cessera d'y avoir du tirage entre ces ceux conceptions par des remaniements d'associations, jusqu'en 1947,date à laquelle les communistes s'imposeront.
1910 - Naissance d'une éphémère Alliance communiste anarchiste.
1917 - Révolution russe.
L'Internationale communiste (IC ou Komintern d'après son nom russe Коммунистический Интернационал, Kommunisticheskiy Internatsional) ou Troisième Internationale est née d'une scission de l'Internationale ouvrière, scission réalisée le 2 mars 1919 à Moscou sous l'impulsion de  Lénine et des   bolcheviks : l'Internationale communiste regroupa les partis communistes qui avaient rompu avec les partis socialistes de la IIe internationale.
La Troisième Internationale était dirigée par leParti communiste de l'Union soviétique, bien que ce dernier entretînt toujours la fiction qu'il n'en était qu'une section parmi d'autres. Elle était théoriquement sans rapports avec l'État soviétique, bien qu'elle fut de plus en plus mise par Staline au service des intérêts de ce dernier. Si les directives étaient élaborées à Moscou, la plaque tournante du Komintern était Berlin jusqu'à l'avènement de Hitler en 1933, puis Paris.

1920 - Le rappel du congrès de Tours : (wikipedia)
Le congrès de Tours est le 18e congrès national de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) du 25 décembre 1920 au cours duquel fut créée la Section française de l'Internationale communiste (SFIC, futur  Parti communiste français - PCF).

Durant le congrès, la SFIO se divisa en trois camps :

  • Le premier, majoritaire, rassemblait les partisans de l'adhésion à la IIIe Internationale communiste, révolutionnaires (qui ne partageaient cependant pas toutes les 21 conditions des bolchéviks fondateurs, qui de fait ne furent pas votées lors du congrès). Il s'agissait surtout des plus jeunes dirigeants du parti soutenus par un très grand nombre de membres.
  • Le second camp, mené par Léon Blum et la majorité des élus, refusait totalement l'adhésion et souhaitait rester au sein de la II Internationale. Le troisième camp était mené par une minorité acceptant l'adhésion, mais seulement sous certaines conditions. Ceux-ci, ne pouvant mettre en avant leurs revendications, se regroupèrent avec le second camp.

La SFIO se sépara donc en deux : d'une part la « Section française de l'Internationale communiste » (SFIC, futur PCF), majoritaire à Tours (3208 voix), et d'autre part la SFIO, minoritaire (1022 voix).

Cette scission fut suivie par celle de la CGT en 1921, avec la formation de la   Confédération générale du travail unitaire (CGTU), de tendance communiste.
1934 - Une Fédération communiste libertaire se créée sur une scission de l'UA (Union des Anarchistes - 1926).
1936 -   Front Populaire et Révolution espagnole.
3) 1952 :  le retour des anarchistes
 
1952 - Après le congrès de   Bordeaux au mois de juin, une première scission va se produire au sein de la FA. Plusieurs militants (Aristide et Paul Lapeyre, Arru, Vincey...) sont poussés vers la sortie ou quittent d'eux-mêmes la Fédération. La majorité de la FA décide, par 103 voix contre 45, que les votes s'effectueraient désormais par mandat, mais les opposants déclarent solennellement qu'ils ne reconnaissent aucune valeur à cette décision, et une première scission va en résulter en octobre.

Les militants qui ne se retrouvent pas dans la nouvelle orientation de la FA vont se réunir autour d'un bulletin, l'Entente anarchiste, bulletin de relation, d'information, de coordination, et d'étude organisationnelle du mouvement anarchiste. Le premier numéro est daté du 30 octobre 1952.


5 juin 1952 : Le Libertaire publie une lettre d'Albert Camus qui répond à l'étude de Gaston Leval sur « Bakounine et L'Home révolté ».

18 septembre : Dans Le Libertaire n°327, l'article « Le vrai sens d'une rencontre » marque la rupture entre les militants de la F.C.L. et le groupe surréaliste.

1954  - La FCL publie son « programme ouvrier », fortement inspiré du programme revendicatif de la CGT. À Paris est crée l'Internationale communiste libertaire (ICL), regroupant notamment les GAAP italiens, les espagnols de Ruta et le Mouvement libertaire nord- africain (MLNA), l'Internationale anarchiste étant jugée trop peu "lutte de classe". L'ICL n'aura qu'une existence éphémère. La parution du Mémorandum du group Kronstadt, sorti de la FCL, dénonce l'orientation « bolchevik » de la Fédération communiste libertaire et l'existence de l'organisme secret OPB. Le premier numéro du Monde Libertaire, organe mensuel de la FA paraît en octobre 1954, la crise a été dure, il restera mensuel pendant vingt-trois ans. La FCL garde le titre du Libertaire, elle diffuse également Jeune révolutionnaire puis la Jeune garde des travailleurs.
 Le 1er novembre 1954, l'insurrection algérienne éclate, et la FCL s'engage pour l'indépendance du peuple algérien. C'est le début d'une répression d'État contre la FCL.
1957 L'aventure de la FCL se termine définitivement avec l'arrestation des militants en cavale.
1962 - Une deuxième tendance voit le jour en 1962 au sein de la FA : L'Union anarcho-syndicaliste. L'UAS naît lors d'une réunion à Niort en janvier 1962

A Turin se tient un congrès anarchiste international, et en Allemagne une rencontre internationale, ces événements marquent les premières tentatives de créer une Internationale anarchiste.

1965  - Un Comité de liaisons des jeunes anarchistes (CLJA) se met en place, il regroupe à titre individuel des militants de la FA, de l'UGAC, des FIJL (espagnols) et des groupes autonomes.

Des premières rencontres permettent de mettre en place les prémisses de l'Internationale des fédérations anarchistes (IFA). Maurice Fayolle édite ses Réflexions sur l'anarchisme.

1967 - Tentative de relancer l'Union fédérale anarchiste avec comme organe le Libertaire. Les communistes libertaires vont se regrouper à nouveau dans la FA et créent en son sein une nouvelle tendance organisée, l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA) qui édite la feuille l'Insurgé.
Conclusion : après ce très rapide survol, on constate que la vie de ces groupes ne cesse de s'organiser en associations et en ruptures selon les diverses tendances représentées. Un seul lien les unit : combattre l'ordre établi. Cette tendance existe toujours, mais je me suis arrêtée là dans ma quête, car elle permet de généraliser pour l'avenir, jusqu'à aujourd'hui. La dernière manifestation de ce courant a conduit il y a peu à la fermeture de la Gare Saint Lazare... On constate aussi aujourd'hui que les actions ne sont pas toujours totalement désintéressées...
En réalité « l'ordre établi » comporte de très nombreuses failles, mais comment le changer sans dommages et efficacement ? Voilà la véritable question...




[1]  Les remarques de l'auteur de ce blog seront écrites en vert

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