234 - « L'Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin (suite 2). L'Ecriture. Les idoles

Publié le par marike.over-blog.com

 

Page 53.

 

Vous constaterez que Calvin n'y va pas de main morte :

 

Ceux qui délaissent l'Ecriture et s'imaginent pouvoir trouver une autre voie pour parvenir à Dieu ne sont pas tant dans l'erreur que fous ... »

 

Il ajoute que ces personnes considèrent l'Ecriture comme puérile et grossière, et qu'en disant cela elles se disent animées par l'Esprit du Christ.

 

Mon commentaire : Aujourd'hui, plus particulièrement avec la mondialisation, l'œcuménisme véritable (je ne parle pas de l'œcuménisme officiel qui « exclut » encore, en particulier les Unitariens) reconnaît à chacun le droit de chercher son chemin personnel vers  Dieu. Par exemple certains chrétiens  s'enrichissent de la méditation bouddhique.

En effet,

 

1) personne, aucune doctrine n'est exempte d'erreur, puisque personne ne connaît véritablement Dieu. Chacun peut avoir par certains côtés une meilleure approche que son voisin, et pas par d'autres.

 

2) Il est difficile de comparer les approches, car elles nécessitent d'être parfaitement connues, et en général on ne connaît bien que la sienne : on l'a vécue jour après jour.

 

Calvin reste donc dans le seul cadre du christianisme, et de la vision propre qu'il en a. 

 

 

CHAPITRE X  (p. 57) : Le vrai Dieu

 

-Dieu a adopté la lignée d'Abraham ; il a pardonné à ses enfants : Il s'est déjà déclaré leur rédempteur.

- Les témoignages de la grandeur de Dieu : ses attributs dans le psaume 145.

Il nous est nécessaire de connaître ces trois choses : sa miséricorde qui nous procure le salut, son jugement que Dieu exerce journellement contre les méchants et qui sera plus rigoureux pour leur ruine éternelle ; sa justice qui traite ses fidèles avec bonté.

 

Mon commentaire : L'apparence du discours ne révèle pas la complexité de la question  : voici le témoignage de Villon, poète et voleur à ses heures, dans « Le Testament » :

 

L'empereur Alexandre interroge Diomède, pirate des mers, qui lui répond...

 

« ...Pourquoi larron me fais nommer ?

Pour ce qu'on me voit écumer

En une petiote fuste ?

Si comme toi me pusse armer,

Comme toi empereur je fusse....

Et sache qu'en grand pauvreté,

-Ce mot se dit communément-,

Ne gît pas grande loyauté. »

 

- La connaissance de Dieu qui nous est présentée dans l'Ecriture : ...craindre Dieu, ...lui faire confiance...apprendre à le servir et à l'honorer par une vie pure, une obéissance sincère, en comptant totalement sur sa bonté.

 

-Ensuite Calvin exclut les dieux païens et ne reconnaît que le Dieu des Ecritures :

Il n'existe qu'un seul vrai Dieu.

 

 

 

 

CHAPITRE XI, p. 61 : Dieu ne peut être représenté par des images.

 


 

Exode XX, 3 à 5... Voyons le texte en son entier, texte que Calvin a réduit en ne redonnant pas le verset 3, et en ne redonnant que le tout début du verset 4


XX, 3 : « Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face.

4, Tu ne te feras point d'image taillée, ni aucune représentation des choses qui sont en haut dans le ciel, ici bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car je suis l'Eternel ton Dieu, un Dieu jaloux, qui punis.... Et qui fais miséricorde...

 

Les raisons de Calvin :

Lui qui n'a pas de corps, on lui en façonne un matériel ; lui  qui est invisible est représenté de façon visible ; lui qui est esprit, on veut qu'il ressemble à un objet mort ; lui qui remplit tout de son essence infinie est représenté par une image en pierre, en bois ou en or (voir ses références bibliques en Esaïe et chez Paul) ...c'est pourquoi nous pouvons conclure que les statues que l'on taille, les images que l'on peint pour représenter Dieu lui déplaisent profondément car elles portent gravement atteinte à sa majesté. (p. 62)

 

Calvin nous rappelle que le propitiatoire du temple juif  était ainsi conçu : les ailes des chérubins le cachaient, contrariant la curiosité.

 

 

 

Mon commentaire : On peut lui objecter, d'abord un détail :  la représentation des chérubins est aussi interdite par le Décalogue ! Ensuite mon opinion : le très grand art ne porte pas atteinte à la majesté de Dieu, car il en révèle une partie aux hommes ; la beauté pure sert d'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Par contre, l'art « raté », pourrais-je dire, dessert Dieu. C'est pourquoi je dirais que les deux démarches ont leur valeur : celle qui préserve l'intériorité face à Dieu, et qui est sûre de ne pas se tromper, et celle qui autorise les représentations concrètes, quand celles-ci sont sûrement de l'art, ce qui n'est pas toujours évident !

 

- Ceux qui se chauffent, rôtissent et font bouillir de la viande, cuisent leur pain du même bois dont ils ont fait leur dieu, sont tout à fait insensés (Esaïe 44. 15 à 17)

 

Mon commentaire : Ceci n'est-il qu'une simple association d'idée : le pain de la Cène peut-il véritablement être transformé en corps du Christ ?... La vérité n'est-elle pas seulement intérieure et spirituelle  ?

 

A la question : Les images sont-elles des livres pour ceux qui ne savent pas lire ? Calvin répond :

Tout ce que les hommes apprennent de Dieu par les images est de peu de valeur et même trompeur. (p. 65)

 

Lorsque Moïse raconte que Rachel a dérobé les idoles de son père, il en parle comme d'un vice très répandu (Genève 31.19)

 

Calvin montre ensuite la dérive de l'image à l'adoration : l'image et l'élément saint, spirituel, ont été confondus ; Dieu s'est vu alors contenu dans cette petite trace de matière ; les hommes ont cru que les idoles avaient « un pouvoir divin ».


Les hommes étant stupides au point de limiter la présence de Dieu à l'endroit où ils l'ont imaginé, il leur faut l'adorer là. Il leur importe peu de savoir s'ils adorent l'idole ou Dieu en l'idole... (p 69)

 

Calvin rapporte les réponses des païens : ils n'adorent, face à la représentation, que l'élément invisible et spirituel, et les plus purs n'y voyaient qu'un « symbole  de ce qu'ils devaient adorer. »

D'où la question des pèlerinages, que Calvin soulève entre autres.

 

Calvin ne condamne pas l'art pour autant :

 

Parmi ce qu'il est permis de peindre et de sculpter, on peut énumérer les monuments commémoratifs d'événements historiques, les portraits, les tableaux représentant des animaux, des villes ou des paysages... (p. 71)

 

Mon commentaire :

Ceci n'est pas conforme avec l'interdit sans doute total de représentation du Décalogue...ou bien il  faudrait comprendre ainsi l'interprétation qu'en a  Calvin : on ne doit pas rendre un culte aux images mais on peut peindre toutes choses, sauf celles qui représentent le divin ...

Calvin ajoute à ce sujet, de la représentation des choses saintes, que « l'église ancienne était nette de toute souillure ». (Remarquons la force de ses mots quand il condamne). Ensuite il présente les arguments ennemis au concile de Nicée de 786, arguments qui nous paraissent bien peu convaincants !

Voilà ce qu'en dit Calvin : j'ai tellement honte de rapporter tout cela que je m'arrête.

 

« Constance, évêque de Constance à Chypre, est entré dans une colère diabolique en protestant qu'il fallait accorder aux images le même honneur qu'à la Sainte Trinité. »...(p. 75)

 

CHAPITRE XII "Dieu... veut être servi lui seul"

 

« Nous avons observé les astuces dont use la superstition. ...Tout en lui [Dieu] maintenant une primauté,  elle l'environne d'une multitude de petits dieux avec lesquels il partage son pouvoir. La gloire de Dieu est éparpillée au point d'être détruite....Tel a été le sort des saints après leur mort ... C'est à cette fin qu'on a inventé la distinction entre « latrie » [révérer] et « dulie » [servir]...ainsi ils honorent Dieu et servent les saints ... Les hommes mortels ont été parés de ce qui revenait à Dieu... (pp. 77-78)

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Information : quelques ouvrages parus sur Calvin et ses oeuvres : "Le Monde" du 15 mai 2009 p. 6 "Essais".

 

 

 

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