235 - lecture judeo-chrétienne, unitarienne de "L'Institution..." J. Calvin -3- La Trinité. Les trois Personnes

Publié le par marike.over-blog.com

 

16 05 09

 

Ici le lecteur me pardonnera, mais après avoir lu ce qu'écrit Calvin au sujet de cet article, j'ai trouvé la teneur des propos si embrouillée, si confuse, si contraire, souvent, à toute logique, que je vais prendre mon allure propre pour essayer d'y voir quelque chose, tout en me référant à Calvin.

 

Je vais prendre toutes ses références bibliques et je vais voir comment les interpréter autrement, si je le peux.

 

J'ai déjà traité ce sujet d'ailleurs dans « L'Etude des Evangiles, suivi de : les Evangiles et l'écologie » paru à l'Harmattan en 2006, mais évidemment autrement, sans ce socle de « L'Institution ...».


Ma conviction :

 

Pour moi, Dieu est un, comme pour Calvin, mais, ce qui fait la différence, c'est que je n'y vois pas « trois personnes », pour Dieu, pour « une seule essence » ; je vois une seule essence, une seule personne, une seule nature pour Dieu.

 

Voilà ce que je crois : en effet, Dieu a construit l'homme à son image. J'ai un corps, un esprit, ou intelligence, et une âme. L'homme perçoit Dieu par Son âme et Son esprit, ou intelligence ; il n'imagine pas Son corps et semble n'avoir nul besoin de l'imaginer : en a-t-il d'ailleurs même un ? Personne ne le sait ...Mystère. A moins que ce ne soit la matière du monde. Alors son Esprit se serait auto-créé d'abord... mais je précise que cela fait partie du grand mystère que je n'ai pas la prétention de résoudre !...

 

Dieu, par son Esprit, qui est sa sagesse, c'est à dire le reflet de son intelligence et de son cœur, a créé le monde, et donc l'homme. En lui, il a mis son souffle de vie, une part de son Esprit, âme et intelligence, plus ou moins grande selon chaque homme, car l'homme est aussi un animal. C'est dans nos frères supérieurs qu'il a mis la plus grande part de son Esprit,  Jésus, en particulier, qui est si grand qu'il établit en quelque sorte un pont entre Dieu et les hommes.

 

Comme on ne peut séparer l'homme de sa part d'Esprit, son souffle de vie, on ne peut séparer Dieu de son Esprit. En Dieu cet Esprit est Eternel. L'homme espère cette éternité. En Dieu. Après que son corps soit tombé en poussière. Il participera alors au grand tout de l'Esprit.

 

Donc Dieu est Père créateur, par son Esprit. Jésus n'est qu'un homme, qui est mort sur la croix, mais dont l'Esprit est toujours présent chez nous 2000 ans après sa mort, comme les artistes, Phidias, Homère ou les penseurs : Platon, Aristote, ...le sont aussi, à un degré moindre, pour les Chrétiens.

 

Jésus n'est Dieu, comme nous tous, qu'en tant qu'il contient en lui une part de l'Esprit de Dieu, la plus grande, j'en conviens comme chrétienne. Il est le meilleur reflet de Dieu que nous ayons : Dieu est amour ; Dieu est service d'autrui.

 

Donc Dieu renferme en lui l'Esprit ; il est dit aussi : « le Père », car il a créé tous les hommes, dont Jésus, son Oint, le Christ, le premier des prophètes par ordre d'importance pour les chrétiens ; de plus, une relation affective du père à ses enfants nous est révélée par Jésus.


Maintenant voyons « l'Institution » :

 

 

- Calvin cherche à prouver que le Christ est le Verbe et qu'il est donc là à présider le commencement du monde, tantôt créant à la place du Père (l'Esprit, le Verbe, la Parole), tantôt...en réalité, il reprend l'Evangile de Jean, très beau mystiquement, mais plus tardif, et qui peut nous envoyer dans des errances de  logique...En réalité, les Juifs nient la présence du Christ dans l'Ancien Testament, donc dès le commencement du monde, et ils ont raison car on n'y parle que de Dieu, non du Messie, malgré les arguments bien peu convaincants de Calvin ; il est vrai que les Juifs l'attendent toujours...les seules traces de cette attente sont dans le livre d'Esaïe.

 

- Voici ce que les théologiens ont imaginé pour apprivoiser leurs idées complexes : Dieu se compose de trois Personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit.

Pourtant le mot Personne ne semble pas convenir car cela pourrait mettre en doute l'unité de Dieu, sans doute ; alors on invente le mot hypostase (le mot grec signifie « subsistance) :

Ce mot signifie : subsistance qui réside en un seul Dieu. Prendre le terme « subsistance » comme équivalent de celui d' « essence »...est non seulement une expression grossière, mais tout à fait absurde...Il est dit à juste titre qu'Il a rendu visible son hypostase dans le Fils...L'hypostase même qui reluit dans le Fils est aussi celle qui appartient au Père (pour moi, je dis que l'Esprit de Dieu est dans le Fils).

 

L'Ecriture n'a jamais parlé de Trinité, ni de trois personnes, ni de deux natures...Alors voilà ce que dit Calvin à ce sujet (p. 82) :

 

Mais si l'on considère comme étrangers des mots qui ne se trouvent pas en noir et blanc dans l'Ecriture, cela est exagéré, puisque cela voudrait dire que toute prédication devrait être uniquement faite d'un mot à mot de l'Ecriture...


Ne trouvez-vous pas que le meilleur moyen d'avoir raison est d'exagérer les paroles de l'autre pour le faire mentir ? Personne n'a jamais dit que "toute prédication devait être faite d'un mot à mot de l 'Ecriture", ce qui l'anéantirait, mais que la prédication devait éclairer l'Ecriture, non inventer du nouveau, ou compliquer si bien l'Ecriture que personne ne s'y reconnaisse plus...

 

Alors ce qu'il dit ensuite nous fait sourire :

 

Mais pourquoi nous empêcher d'exposer en termes plus clairs (hum !) les choses qui sont exposées de façon obscure dans l'Ecriture, dès lors que nos explications expriment fidèlement la vérité de l'Ecriture (hum !) et  que nous le faisons de façon sobre et à bon escient (hum !) ?

 

Et ainsi revenait le refrain que le Père est le Fils et le Fils le Saint Esprit, sans aucune distinction...

 

Pour moi, le Père -Dieu- a créé le Fils -homme- et lui a donné une grande part de son Esprit.

En réalité, ils ne sont pas distincts dans l'Esprit. 

 

Voyez maintenant la « clarté » du discours (p. 85) :

 

Pour traduire le mot grec homoousios, les Latins ont dit que le Fils est consubstantiel au Père pour signifier qu'il est d'une même substance que lui. Ainsi, ils ont pris « substance » pour « essence ». Voilà pourquoi Jérôme, ...dit que c'est un sacrilège de dire qu'il y a trois substances en Dieu. Pourtant, Hilaire répète plus de cent fois qu'il y a trois substances en Dieu. A  propos du mot hypostase, quelle confusion est faite par Jérôme ! ...Augustin est plus modéré... Hilaire accuse d'un grand crime les hérétiques qui, par leur audace, l'ont obligé de soumettre au risque du langage humain les choses qui doivent rester dans le cœur...Augustin dit une chose à peu près semblable...Cette modération des saints Pères devrait nous inciter à ne pas condamner...

 

Ailleurs il ajoutera, pour rendre plus « clair » : La définition de Tertullien ne me déplaît pas, si on la prend dans le bon sens.  Il qualifie la Trinité des Personnes de disposition en Dieu ou bien il y voit un ordre qui ne porte pas atteinte à l'unité de l 'essence...

 

Le Diable me suggère sans doute de demander à Calvin la définition du mot : mystification...

 

Calvin une fois de plus se montre très sûr de lui dans ce domaine, et c'est ce qui fera sa perte, puisqu'il  ira jusqu'au fanatisme : jusqu'à condamner à mort Michel Servet...

et condamner aussi la thèse de Sabellius :


En affirmant qu'il y a une Trinité de Personnes en une « essence », on n'affirme rien qui ne soit dans l'Ecriture et on cloue le bec à ce calomniateur...

 

En réalité, qu'est-ce que l'Ecriture ? C'est, comme le dit Calvin plus haut, un écrit qui enseigne, mais par le Saint Esprit. Or, tous ceux qui y ont écrit, qui ont même retouché certains passages, après coup, ne sont que des hommes...et on le sent souvent ...Il nous appartient donc de revoir toujours l'Ecriture à la lumière de l'Esprit qui nous est donné, comme eux ils le firent...

 

Prenons maintenant la belle parole de Saint Jean, citée par Calvin :

 

Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.


Et j'ajoute : la Parole a été faite chair...et nous avons contemplé sa gloire, une gloire telle que celle du Fils unique venu d'auprès du Père...(I,1 ; I, 14)

 

 

Voilà comment je l'interprète : Le Verbe ou la Parole, c'est l'Esprit "parlé" de Dieu.

 

Jésus a reçu l'Esprit ; il en a reçu aussi la gloire. Une gloire telle qu'il est perçu « unique » par rapport aux autres hommes, aux autres fils de Dieu...

 

 

Combien de fois les disciples n'ont pas été tentés de plus en plus de faire de Jésus-Christ un Dieu ! Combien de fois n'ont-ils pas exagéré ! L'exégèse aujourd'hui en témoigne. L'erreur a été d'exagérer le vécu pour le faire croire davantage...or la vérité se fait jour silencieusement, discrètement, mystérieusement dans nos cœurs, dans la pénombre...

 

 

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