316 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 25. La résurrection (suite)

Publié le par marike.over-blog.com

316 -  « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 25. La résurrection (suite)


Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière  de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle et les autres pour la honte, pour l’abjection éternelle. (Daniel 12. 2)

 

Quand est née cette idée de Jugement dernier, dans la Bible ?
les historiens actuels penchent pour une rédaction du livre de Daniel entre 167 et 164 av. J.-C.
L’Apocalypse est attribuée à Jean… Cette idée du Jugement court dans les trois monothéismes et dans leurs livres.

Paul s’adresse aux Athéniens, et, après avoir parlé du Jugement par « l’Homme » ressuscité des morts…


Quand ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, les autres dirent : « Nous t’entendrons là-dessus une autre fois. » (Actes 17. 32)

 

Matthieu sépare bien le corps de l’âme quand il dit, selon la citation de Calvin :


Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme, craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne (Matthieu 10. 28) et (Jean 5. 28-29 ;


Détruisez ce corps et en trois jours je le relèverai. (Jean 2. 19)

 

Ne s’agirait-il pas du corps mystique ?


Nous ressusciterons, puisque Jésus Christ est ressuscité. (I Corinthiens 15. 12)


Nous portons toujours dans notre corps la mort de Jésus, afin que sa vie se manifeste aussi dans notre corps. (II Corinthiens 4. 10)

 

Je comprends cela comme ce corps symbolique : le courage de risquer sa vie, jusqu’à la mort,  pour faire passer le Message, la Vérité.


Les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent…(Matthieu 27. 51-52-53)

 

Quand j’ai étudié les Evangiles[1],en les comparant les uns aux autres, j’ai trouvé que Matthieu avait toujours la version la moins sobre des événements…ici la plus « épique », sans doute pour marquer davantage les esprits.

Calvin voit bien, soit la possibilité de la résurrection des corps charnels, soit l’immortalité de l’âme, mais il ne peut –apparemment- concevoir l’idée du corps mystique, qui n’est pas un corps nouveau, contre lequel il s’insurge, mais un corps lié à l’âme, alors que le corps matériel serait tombé en poussière. Je conçois ce corps comme représentant parfaitement mon être essentiel, mais sorti du temps, construit pour l’Eternité. Car quel corps ressusciter : à quel âge, sinon ? Et quel terrible corps de la fin, pour les vieillards totalement minés par la maladie et la mort ? (voir la parole de Calvin qui suit).


8. C’est notre propre corps qui ressuscite (p. 934)


Vous avez été ensevelis avec le Christ par le baptême ; vous êtes aussi ressuscités avec lui par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts. (Colossiens 2. 12 puis  Romains 6. 13, 19 ; I Corinthiens 6. 13 à 15, 19 ; Galates 6. 17)


Jésus-Christ transformera notre corps misérable et le rendra conforme à son corps glorifié. (Philippiens 3. 21)

 

Selon Calvin, les rites d’ensevelissement sont importants car ils peuvent être rattachés à l’idée de résurrection des corps 


Jésus leur dit : …Si elle a répandu ce parfum sur mon corps, elle l’a fait en vue de ma sépulture. (Matthieu 26. 12)

 

Mais cette sépulture est symbolique : le geste de cette femme est un geste d’amour, de « reconnaissance » de l’Esprit en Jésus. … « adorer…en Esprit et en vérité. »

 

Pour les Juifs, l’âme n’est pas séparée du corps :


Abraham ensevelit Sara, sa femme, dans la caverne du champ de Macpéla, vis à vis de Mamré, c’est à dire Hébron, dans le pays de Canaan. (Genèse 23. 4, 19)

 

« Jacob fait jurer à son fils  Joseph qu’il l’ensevelira près de ses pères :


Tu m’emporteras hors d’Egypte et tu m’enseveliras dans le tombeau de mes pères. (Genèse 47. 30 ; 50. 1 à 14)


Je vous le demande, si Jacob avait dû être revêtu d’un nouveau corps au dernier jour, son ordre d’avoir soin d’une masse de poussière destinée à la décomposition n’aurait-il pas été ridicule ?  


Le mot « dormir », qui ne peut s’appliquer qu’aux corps… de là vient le mot cimetière, qui signifie : lieu où l’on dort. (note : coemeterium : lieu de repos.)

 

Tout cela, selon moi, est à prendre « en Esprit ».


Nous ressusciterons avec la même chair que celle que nous avons aujourd’hui quant à la substance, mais pas en ce qui concerne la qualité…comme pour la chair de Jésus-Christ…

 

(En philosophie, le mot substance désigne ce qu'il y a de permanent dans les choses qui changent.)


…La chair de l’homme et celle des animaux sont d’une même substance, mais pas d’une même qualité….De même, bien que nous conservions la substance de nos corps, un changement interviendra qui leur conférera une condition autre, plus noble. Ce corps corruptible ne périra donc pas,et ne s’évanouira pas ; il ressuscitera,mais il sera dépouillé de sa corruption pour recevoir l’incorruptibilité (I Corinthiens 15. 39 à 54)

 

Enfin, nous revoilà donc d’accord avec Calvin sur ce « corps mystique », qui, pour lui, est intimement lié à notre corps charnel mortel, devenu « poussière » ; pour d’autres il est intimement lié à l’âme spirituelle.


I Corinthiens 15. 51-52 ; I Thessaloniciens 4. 15-16  ; Hébreux 9. 27

 

A la mort, comme ce changement se fera en un instant, il n’est pas nécessaire que le corps et l’âme soient séparés. (p. 937)

 

Revoyons toutefois ce « Ne me touche pas » du Christ dans sa rencontre avec Marie-Madeleine le matin de la Résurrection, contrairement à l’expérience qu’en fait Thomas un peu plus tard (nous avons déjà donné les citations dans le dernier article) : Il doit toucher pour croire, et le Christ mange du poisson grillé...

 

 

 

 



Marie-Madeleine (détail).1455.  Donatello. Florence

[1] « Etude des Evangiles ». L’Harmattan, collection « Chrétiens autrement », 2006

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