315 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 25. La résurrection (suite)

Publié le par marike.over-blog.com

 

315 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 25. La résurrection (suite)


Je sais en qui j’ai cru (II Timothée 1. 11-12 ;; II Thessaloniciens 1. 6 à 8)


5. réfutation des critiques de la résurrection


Les incrédules ont appelé la mort la fin de toutes choses… Salomon dit :


Un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort (Ecclésiaste 9. 4  (correction de 9. 24, et 5, 6) ; 3. 21)


Les Saducéens n’ont pas eu honte de maintenir publiquement qu’il n’y avait pas de résurrection


(Marc 12. 18 ; Luc 20. 27 ;Actes 23. 8)


A quoi tendait la pratique, si sacrée et inviolable, d’ensevelir les morts, sinon de représenter à titre d’arrhes une nouvelle vie ? La même coutume  a été gardée… depuis des temps immémoriaux.


(Matthieu 25. 41 à 46)


Craindre d’attribuer une cruauté excessive à Dieu en disant que les méchants seront punis d’un tourment éternel, est une folie que voient même les aveugles ! Comme si le Seigneur faisait une grande injustice, en privant de son royaume ceux qui, par leur ingratitude, s’en sont rendus indignes ! Les péchés, disent-ils, sont temporaires. Je le leur accorde ; mais la majesté de Dieu qu’ils ont offensée, est éternelle.  Il est donc juste que le souvenir de leur iniquité ne périsse pas. Mais s’il en est ainsi, disent-ils, l’importance de la correction dépassera celle du péché. Je réponds que c’est un sacrilège insupportable de considérer si peu la majesté de Dieu qu’on estime moins le mépris dont elle est l’objet que la perdition d’une âme. Mais laissons ces bavards…indignes de recevoir une réponse.


On cerne ici d’abord, une fois de plus, la fougue et la passion de Calvin, son « assurance ».


Rappelons qu’il s’en tient uniquement et toujours à tout ce que dit la Bible…  y compris les dires des commentateurs des évangiles dans le Nouveau Testament, qui ne sont après tout que des hommes comme nous.


Ici Calvin, à la suite de ces « sages », précise des éléments qui  échappent normalement à l’homme, c’est à dire ce que sera le traitement des méchants.


Qu’est-ce que Dieu fera ? Nul n’en sait rien, en définitive. Les hommes ont imaginé ce traitement parce qu’ils ont un besoin de justice naturel et inné, qui les distingue de l’animal.


Voici une citation d’Eschyle (525 - 456 av. J. C.), dans Les Euménides (trad. P. Mazon. Belles-Lettres)


Athéna – Ecoutez maintenant ce qu’ici j’établis, citoyens d’Athènes, appelés les premiers à connaître du sang versé(par la famille des Atrides). Jusque dans l’avenir le peuple d’Egée conservera, toujours renouvelé, ce Conseil des juges… désormais le Respect et la Crainte, sa sœur,  jour et nuit également, retiendront les citoyens loin du crime, à moins qu’ils n’aillent eux-mêmes, encore, bouleverser leurs lois… Ni anarchie, ni despotisme, c’est la règle qu’à ma ville je conseille d’observer avec respect. Que toute crainte surtout ne soit pas chassée par elle hors de ses murailles ; s’il n’a rien à redouter, quel mortel fait ce qu’il doit ?


En réalité, dans la Bible, il faut attendre le Jugement dernier, dernière page inscrite dans le temps,  pour savoir ce que sera le traitement des méchants. Cela doit suffire pour alimenter le respect et la crainte. Et même ce jugement, si nous nous plaçons dans la perspective du temps de « l’Eternel » quand sera-t-il ? Immédiatement après la mort, pour chacun, ou à la fin des temps ?…hors du temps ?…

Y aura-t-il, à la fin des temps, comme un « arrêt sur image » ? On a peine à imaginer l’éternité ! Plus rien ne s’inscrit dans le temps…Ce si petit point du présent, même inconceptualisable, car inexistant, relais du passé à l’avenir, sera « d’éternité »… Se nourrira-t-il de tout le passé ?…ou l’Eternité est-elle de tout temps ?…


6. la résurrection ou l’immortalité de l’âme


Deux thèses avancées…Les uns ont pensé que les âmes doivent ressusciter avec les corps, comme si l’être entier périssait en mourant. Les autres, qui reconnaissent l’immortalité des âmes, ont pensé qu’elles doivent être revêtues de nouveaux corps : ils nient donc la résurrection de la chair.


Un marin qui meurt en mer et dont les restes sont avalés par un poisson, qui devient donc partiellement poisson, comment son corps ressuscitera-t-il pour le jour du Jugement ? Sans doute, les poissons ne ressuscitent pas… Heureusement qu’il n’y a pour ainsi dire plus de méchants anthropophages… parce qu’ils ressuscitent, eux aussi, le jour du Jugement… Donc un mauvais anthropophage qui avale un bon chrétien…Comment fait Dieu pour les ressusciter tous les deux en vue du Jugement ? Heureusement qu’il a ses anges pour faire le tri, car il doit être bien embarrassé et débordé…


Nous sommes donc toujours plein de confiance, et nous savons qu’en habitant dans ce corps, nous demeurons loin du Seigneur. En effet, nous marchons par la foi, et non par la vue…Nous préférons quitter ce corps, pour demeurer avec le Seigneur…

(II Corinthiens 5. 1, 6 à 8 à 10 ; II Pierre 1. 14 ; Hébreux 12. 23)


Si les âmes, étant dépouillées des corps, ne conservaient pas leur essence pour jouir de la gloire céleste, Jésus-Christ n’aurait pas dit au brigand :


Aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. (Luc 23. 43)


N’hésitons pas, à l’exemple de Christ, à recommander nos âmes à Dieu en mourant :


Père, je remets mon esprit entre tes mains ! (Luc 23. 46 ; Actes 7. 59- 60 (Etienne, lui, s’adresse à Jésus –notons au passage le mot « il s’endormit. »-) ; I Pierre 2. 25 –ce passage fait référence au « Pasteur des âmes : J. C.- »)


Il n’est ni permis ni utile d’enquêter avec curiosité sur ce qui se passe entre la mort et la résurrection…Ainsi laissons donc en suspens toutes choses jusqu’à ce que J. C. apparaisse comme Rédempteur.


Déjà , que l’on soit si assuré que Jésus soit le Juge et le Rédempteur, avec R majuscule…Je me demande si, quoiqu’on en dise, on ne se met pas à la place de Dieu pour organiser tout ça…Pour moi, Dieu seul est Rédempteur et Juge. Je crois que Jésus, qui n’est qu’un homme, bien que rempli de l’Esprit, est indubitablement pour nous « le Chemin », celui qui éclaire la justice divine, le pardon de Dieu, le Messie seulement spirituel, ou dernier prophète, mais c’est suffisant.  


Et maintenant,voyons cette ancienne illustration, qui fait penser à « L’Enfer » de « La Divine comédie » de Dante (14e siècle) :


Quant aux réprouvés, il n’y a pas à douter que leur condition soit conforme à ce que dit Jude de celle des démons ; ils sont  gardés dans des chaîne perpétuelles au fond des ténébres en attendant le grand jour du jugement. (Jude 6)


7. Ceux qui font de la résurrection une nouvelle création des corps


Imaginer que les âmes ne reprendront pas les corps dans lesquels elles sont maintenant mais qu’il leur en sera donné de nouveaux est une erreur si énorme qu’il faut la considérer comme un monstre abominable. (en note : cette question ne semble plus d’actualité aujourd’hui)


(II Corinthiens 7. 1 ;4.10 ; 5. 10 ; I Thessaloniciens 5. 23 ; I Corinthiens 3. 16 ; 6. 19 ; 6. 15 ; I Timothée 2. 8 ; I Corinthiens 6. 19-20)


Voici un beau texte qui a servi pour le livret du « Messie » de Haendel, admirablement mis en musique :


I Corinthiens 15. 53 (51 à 56) :

52. …La trompette sonnera : les morts ressusciteront incorruptibles et nous serons transformés ; 53. il faut en effet que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l’immortalité…


Si Dieu créait de nouveaux corps qu’adviendrait-il de ce changement dont il parle ?


On entre dans le plein mystère de cette transformation ; je pense au « corps mystique » : Revenons à la parole de Jésus à la Samaritaine (Jean 4. 23-24 : Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité.

A la mort l’âme se sépare du corps, comme on vient de le voir pour le brigand, ou bon larron. Le corps tombe en poussière, comme l’a dit Dieu dans la Genèse (3. 19). A partir de l’âme, ne peut-on voir surgir ce « corps mystique ? » Voyons, comme Calvin, ce qu’en disent les textes :


Apparition à Marie-Madeleine le matin même de la Résurrection : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers le Père… (Jean 20. 17)


Il (Jésus) dit à Thomas : Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-là dans mon côté… (Jean 20. 27 à 29)


Avez-vous ici quelque chose à manger ? On lui (Jésus) présenta un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux. (Luc 24. 38 à 43) 


La visite des anges :   L’Eternel  apparut à Abraham aux chênes de Mamré, comme il était assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Comme il levait les yeux, il regarda et vit, trois hommes debout près de lui. Dès qu’il les aperçut, il courut au-devant d’eux, depuis l’entrée de sa tente, et se prosterna en terre. Et il dit : Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur. Permettez qu’on apporte un peu d’eau, pour vous laver les pieds ; et reposez-vous sous cet arbre. J’irai prendre un morceau de pain, pour fortifier votre cœur ; après quoi, vous continuerez votre route ; car c’est pour cela que vous passez près de votre serviteur. Ils répondirent : Fais comme tu l’as dit.  (Genèse 18. 1 à 5)   (J’ai moi-même souligné)


Selon les textes bibliques,  quand l’âme « monte au ciel » on n’a que la représentation du corps, mais il n’est pas vraiment charnel ; après un temps, il redevient charnel. Mais évidemment, qu’ont pu se représenter les hommes de tous ces mystères ? qu’ont-ils pu transmettre « en vérité » ?

 

 

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