262 - "L'Institution de la religion chrétienne" - de J. Calvin - II, 11- errances interprétatives

Publié le par marike.over-blog.com

14 07 09

262 - "L'Institution de la religion chrétienne" - de Jean Calvin - II, 11

« La différence entre les deux testaments ». errances interprétatives

 

Nous continuons à voir affirmées les convictions de Calvin. Une fois de plus, Calvin ne tient pas compte du fait que l'Ancien Testament est juif, antérieur au Nouveau Testament, et que nulle part la présence de Jésus-Christ n'y est affirmée, mais seulement celle d'un « Messie », sauveur du peuple juif. Il annexe donc l'Ancien Testament au profit des chrétiens, sans tenir compte des croyances juives. Il ne présente pas sa démarche chrétienne comme une interprétation de l'Ancien Testament, mais comme une réalité. Ainsi parle-t-il de l'unité que nous avons observée...
Ainsi rien n'empêchera que les promesses de l'Ancien et du Nouveau Testament demeurent semblables et que Christ soit l'unique fondement des unes et des autres.
(p. 386)

 

Il parle encore ainsi de la foi juive : Il y avait parmi eux la même église que la nôtre, mais elle était encore dans un état infantile. (p. 387)

 

Même si il reconnaît chez les Juifs une attente constamment spirituelle, à partir de là il va adapter son propos à cette « main mise ».

 

Il faut reconnaître que Calvin a puisé ses idées, les a confortées, chez tous les auteurs du Nouveau Testament, ici Hébreux 7. 26-28 ; 9.7-14...Ce n'est donc pas seulement Calvin qu'il faut revoir, mais tout le Nouveau Testament, et particulièrement l'idée du sacrifice expiatoire... !

En effet, je pense que Jésus, homme, et juif, a voulu par amour aller jusqu'au bout de sa mission, à Jérusalem, sachant qu'il y courait les plus grands dangers ; il a voulu porter son message spécifique aux Juifs. C'est la foi seule des hommes qui sauve, en ce message, et non le sacrifice ! Sinon l'on revient à cette idée primitive du sacrifice expiatoire sur l'autel : on tue d'abord des animaux, puis ensuite un homme, Jésus ; on commet un meurtre, et l'on est sauvé (Jean 11.49-53)...Seule la grâce de Dieu, seule la foi... Il n'y a que Matthieu, chez les Evangélistes, qui a, par un raccourci dangereux, transmis cette fausse image de la Cène (Mt. 26.28).

 

Calvin se méfie trop de son propre jugement, alors il fait confiance aux hommes qui l'ont précédé...ce qui l'emmène trop loin. Il raisonne par citations-preuves.

 

Il en arrive à des malhonnêtetés, comme d'employer la majuscule au mot « Parole » lorsqu'il s'agit des Juifs, cette majuscule sous-entendant le Christ.


Le Seigneur a donc dispensé aux Juifs la lumière de sa Parole de telle manière qu'ils ne la voyaient que de loin et dans la pénombre...(p. 391)

 

Et encore p. 397 : en parlant du peuple juif : 

En lui communiquant sa Parole, le Seigneur s'est lié à lui afin d'être son Dieu et d'être appelé ainsi.

 

Calvin s'appuie aussi sur le passage  suivant : II Corinthiens, 3. 7-11 

Paul y fait une comparaison implicite entre l'Ancienne Alliance (A. T.) de la « lettre », ministère de la mort,  de la condamnation, et la nouvelle alliance (N. T.) de « l'Esprit », de la justification.

 

 

On voit dans la durée le manque de logique, la contradiction de ce discours, car, d'une part, l'Esprit est là depuis les origines, et le Christ, et d'autre part il est absent de l'Ancien Testament : là encore, il faut choisir....

Calvin affirme encore carrément ceci :


Si l'on objecte que les Pères de l'A. T. ...ont eu le même esprit que nous...la même liberté, ..la même joie...je réponds ainsi : ...ils ont eu recours à l'Evangile (p. 395)

 

Augustin lui-même...ajoute que les croyants que Dieu a régénérés dès le commencement du monde , parce qu'ils avaient suivi sa volonté avec foi et charité, sont au bénéfice du Nouveau Testament...ils ont cru au Médiateur qui, sans le moindre doute de leur part, leur donnerait le Saint-Esprit afin de bien vivre et d'obtenir le pardon chaque fois qu'ils ont péché.

 

Et Calvin de poursuivre :

On se demande vraiment quel aveuglement plus grand on pourrait avoir en imaginant que l'expiation de ses péchés puisse être réalisée par un animal ?...

 

L'unitarienne que je suis insère ici une parenthèse : et par l'homme Jésus, n'est-ce pas pire ?


...Ou que la purification de son âme puisse se faire par une aspersion d'eau ? Ou que Dieu puisse être apaisé par des cérémonies dépourvues d'importance comme s'il y prenait plaisir ? Et nous ne parlons pas de beaucoup d'autres choses semblables...

 

Ensuite Calvin parle justement de l'universalité du christianisme, face au peuple juif, qui semble se réserver Dieu pour lui tout seul.


Quelle est mon optique ?


...car on ne peut pas toujours critiquer sans montrer son propre chemin.

 

Dès que l'on insère une vérité dans le temps, les dés sont faussés car Dieu est l'Eternel, comme son Esprit.

 

Le message de Jésus, déjà contenu dans l'Ancien Testament mais non mis en valeur,  est une avancée certaine dans le domaine de la spiritualité : le pardon libre et gratuit de Dieu est mis en relief, ainsi que la grille de l'amour par laquelle doit passer la Loi.

 

Toutefois, la grandeur de la Loi, génialement avancée par Moïse, et de la spiritualité juive tout au long de l'A. T. ne peuvent être mises en doute. La Loi juive est la racine indispensable de la Loi chrétienne.

 

Personnellement, comme protestante libérale unitarienne, je découvre ici que je suis plus proche des Juifs que des catholiques. Jésus, juif, nous sauve, d'une part, uniquement en éclairant nos consciences face à Dieu, en réaffirmant la Loi, et, d'autre part, grâce à son message d'amour et de pardon contenu déjà dans l'Ancien Testament.

 

Mais revenons donc à Calvin, qui termine ainsi le chapitre :


Nous voyons donc que les objections que formulent les incroyants pour troubler les âmes simples, afin de faire douter de la justice de Dieu ou de la vérité de l'Ecriture, sont des calomnies indignes.

 


 

Je m'imagine, moi, que ces « calomnies indignes » peuvent être aussi celles que murmure une petite voix intérieure à l'oreille de Calvin...un peu comme une mouche importune qui revient sans cesse vous chatouiller... car y a-t-il une vérité sans dialogue avec l'erreur ? du blanc s'il n'y a pas de noir ?

 

 

 

 

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