285 - « L’Institution de la religion chrétienne » de Jean Calvin. III. 9 – La vie à venir

Publié le par marike.over-blog.com


20 08 09

 

285 – Lecture libre et critique de « L’Institution … » de Jean Calvin. III. 9 – La vie à venir

 

Qui d’entre nous ne s’interroge pas sur la vie à venir et sur l’immortalité avec le secret espoir d’y participer ? [Ceci] nous différencie des animaux.

 

Pourtant, si l’on examine les projets, les délibérations, les entreprises et les œuvres de chacun, tout se limite à la terre. Notre affectivité …ne cherche son bonheur que sur cette terre.

Le Seigneur, donc, pour prévenir ce mal, instruit ses serviteurs en en leur faisant subir assidûment diverses misères (guerres, émeutes, vols, maladies ou autres malheurs). [il nous montre] combien sont fragiles et de courte durée les biens d’ici-bas pour combattre notre orgueil et notre confiance exagérée. C’est pourquoi nous faisons de grands progrès sous la discipline de la croix…

 

Prenons de la distance : tous les malheurs que nous avons viennent-ils du Seigneur ou sont-ils l’effet du hasard ? Une troisième position est de constater que c’est par la faute des hommes en général, et non par notre propre faute, que bien des malheurs nous arrivent, par exemple une décision politique malencontreuse, le vol de bandits de haut vol, « en col blanc » qui ont un impact très important sur la vie de tous, etc…Notre responsabilité est individuelle et collective.

 

Pour le croyant, les malheurs, d’où qu’ils viennent, -comme le bonheur- sont une occasion de se rapprocher du Seigneur.

 

Il faut aussi faire attention au glissement de sens symbolique : la croix, c’est la douleur consentie, face au but –le service du Seigneur- que l’on s’est fixé, quand on ne peut pas faire autrement que de souffrir pour aller vers son but : Jésus meurt sur la croix parce qu’il a voulu aller porter son message jusqu’à la ville sainte juive : Jérusalem. Il connaît le grand risque avant de l’affronter ; il l’accepte.

 

La croix, ce n’est pas n’importe quelle douleur ; ce n’est pas celle du drogué qui voit son être partir vers la mort. A moins qu’il soit croyant et qu’il prenne cela pour la punition de sa faute, qu’il la mette en perspective, et qu’il lutte. C’est la douleur acceptée très courageusement pour le service de Dieu ; mais cela peut être pris au sens large : c’est l’artiste protestant, Bernard Palissy qui brûle ses meubles pour pouvoir continuer sa création artistique, ses céramiques : le service des hommes, c’est le service de Dieu.

 

On ne peut pas ignorer la vanité de la vie

 

3. Ne me cache pas ta face au jour de ma détresse ;

Incline vers moi ton oreille !

Au jour que je t’invoque, hâte-toi de me répondre !

4. Car mes jours s’évanouissent comme une fumée,

Et mes os se consument comme un brasier.
5. Mon cœur a été frappé et il se dessèche comme l’herbe… (Psaumes 102. 3 ; 11)

 

Mais ne soyons pas ingrats : la vie est une bénédiction de Dieu, nous dit Calvin.

Cette vie nous sert à comprendre la bonté de Dieu.

 

Si l’on ne met pas en perspective, vers Dieu, la vie, elle semble à beaucoup inutile.

Le peuple des Scytes pleurait à la naissance d’un enfant…et faisait une fête solennelle lorsque l’un de leurs parents mourait.

 

Paul se voit en partie captif du péché :

Misérable que je suis ! Par qui serai-je délivré de ce corps qui m’entraîne à la mort ? (Romains 7. 24)

 

Je suis pressé de part et d’autre : mon désir serait de m’en aller pour être avec Christ, ce qui est de beaucoup préférable ; mais il est nécessaire à cause de vous que je demeure dans ce corps. (Philippiens. 1. 23)

 

Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur.
(Romains, 14. 7-8)

 

5. La crainte de la mort et le désir de résurrection

 

Nous allons reconnaître le style de Calvin :

Il est monstrueux que plusieurs, tout en se vantant d’être chrétiens, au lieu de désirer la mort l’ont en telle horreur que, dès qu’ils en entendent parler, ils se mettent à trembler comme si elle était le plus grand malheur qui puisse leur arriver.

 

Cette crainte terrible de la mort vient sans doute de la de la longue souffrance qui souvent la précède,et de la crainte du Jugement de Dieu ; Ces croyants ont du mal à faire confiance à Dieu le Père.

 

En réalité, Monsieur Calvin, si j’espère être chrétienne, je ne désire pas trop la mort… et je pense ne pas être la seule. Eh bien, je vais fournir en regard quelques aperçus sur notre littérature, d’abord qui appuient partiellement votre dire, puis qui le contredisent :

 

« Fables » livre VIII

La mort et le mourant

…La mort avait raison. Je voudrais qu'à cet âge
On sortît de la vie ainsi que d'un banquet,
Remerciant son hôte, et qu'on fit son paquet ;
Car de combien peut-on retarder le voyage ?
Tu murmures, vieillard ; vois ces jeunes mourir,
Vois-les marcher, vois-les courir
A des morts, il est vrai, glorieuses et belles,
Mais sûres cependant, et quelquefois cruelles.
J'ai beau te le crier ; mon zèle est indiscret :
Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret.

Jean de La Fontaine

 

Puis la célèbre citation de Guillaumet, le compagnon de Saint-Exupéry : Il va lutter jusqu’au bout dans la Cordillière des Andes enneigée, pour rester en vie, à cause de ceux qui comptent sur lui ici-bas :

 

Ce que j’ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait ! (Pleiäde 1954. Saint-Exupéry « Œuvres ».  Terre des Hommes p. 165)

 

L’homme noue des liens sur la terre qui le rattachent aussi aux cieux.

 

Pour moi, donc, j’aime la vie et la cultive telle qu’il a plu à Dieu de nous l’octroyer. (Montaigne. Essais)
(cité dans l'Anthologie de la prose française. M. C. Weber-Lefeuvre -1100-1900. p. 74)

 

Si nous pensons que, par la mort, nous sommes rappelés d’un misérable exil pour habiter en notre patrie, et même notre patrie céleste, n’en recevrons-nous pas une merveilleuse consolation ?

 

Aussi gémissons-nous dans cette tente, ayant l’ardent désir de recouvrer  notre habitation céleste, si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus. Car, dans cette tente où nous sommes, nous gémissons comme sous un fardeau, parce que nous souhaitons, non un dépouillement, mais un vêtement nouveau afin que ce qu’il y a de mortel en nous soit absorbé par la vie… (II Corinthiens 5. 2- 4)


Ce corps nu, périssable, revêtu de la tunique de gloire qui, comme par une mue, donne au croyant l' immortalité... Il me vient à l'idée "l'habit de gloire", symbolique, du torero, vainqueur de "la bête", en nous, de la peur immémoriale (mais je sais que nous sommes partagés en nous-mêmes par l'amour pour les animaux, nos frères inférieurs, et le refus de les voir souffrir ; c'est pourquoi je n'utilise cette image que symboliquement. )

 

Et maintenant, la couronne de justice m’est réservée…(2 Timothée 4. 8)

 

Car le Rédempteur viendra pour nous introduire dans l’héritage de sa gloire, après nous avoir retirés de ce gouffre plein de malheurs et de misères.

 

Car l’Agneau qui est au milieu du trône les fera paître, et il les conduira aux sources des eaux vives ; et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux. (Apocalypse 7. 17)


 

 Le retable  de "L'Agneau mystique" (tryptique des Frères Hubert Et Jean Van Eyck.

15e s. cathédrale de Saint-Bavon. Gand )

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article