362 - Vie de Léon Tolstoï (1828 - 1910). Lecture de "Résurrection"

Publié le par marike

« Résurrection » de Léon  Tolstoï (1828 – 1910)

 

 

I - Revoyons brièvement quelques étapes de la vie du comte Léon Tolstoï :

 

Naissance à Iasnaïa Poliana, gouvernement de Toula ; sa mère est née princesse Volkonsaïa

1830 : orphelin de mère ; 1837 : de père. Confié à des tantes.

Etudes : les langues orientales et le droit (Univ. De Kazan)

 

Sa part d’héritage : Iasnaïa  Poliana ; il y retourne sans avoir achevé ses études.

 

1851 - Débuts littéraires, et dans l’armée.
1854 – assiste au siège de Sébastopol

1856 – Tolstoï témoigne de l’absurdité de la guerre, prend sa retraite, offre la liberté à ses paysans qui la refusent, craignant un piège( ce que l’on voit dans « Résurrection »).

Nouvelles méthodes pédagogiques, fondées sur la liberté, qu’il met en application dans son domaine.

1857-1861 : 2 voyages en Europe pour répandre ses idées pédagogiques.

 

1861 : Alexandre II abolit le servage, mais les paysans doivent racheter leurs terres. Mécontentements.

 

1862 : Selon Tolstoï, dans « Résurrection »,  la terre ne doit pas être un bien privé. Suveillance policière de l’homme de lettres pour ses idées nouvelles. Mariage avec Sophie Bers, âgée de 20 ans, fille d’un médecin de Moscou.

 

1868 : parution de "Guerre et Paix" (roman)

1877 : "Anna Karénine" (roman)

 

1880-82 : violente crise morale et religieuse : Il s’élève contre les inégalités, les égoïsmes et la misère, l’arbitraire de la justice et des lois (voir « Résurrection »), une religion formelle et qui pactise ; l’art ne sert pas le peuple mais fait appel à la sensualité des oisifs.

 

1882 assassinat d’Alexandre II par les terroristes révolutionnaires.

1882 : installation à Moscou où il voit la misère de villes. Il prêche le retour à la vie agricole patriarcale. Surveillé par la police.

 

1886 : "La mort d’Yvan Ilitch" (Nouvelle) : l’horreur de la mort après une existence vide

1889 : "La sonate à Kreutzer" : Nouvelle : condamnation du mariage et de l’amour charnel

 

1891-1898 : terribles famines

1899 : "Résurrection" (roman publié en 1911)

 

1901 : Excommunication de Tolstoï par le Saint Synode

 

1901-1902 : grave maladie : convalescence en Crimée où il rencontre Tchekhov et Gorki.

 

1905 : première révolution russe.

1908 : il éprouve le besoin de mettre en harmonie ses idées et sa vie.

 

1910 : (fin oct. début nov.) il quitte son domicile et meurt dans une petite gare (Astapovo. gouv. de Riazan)

 

II - Le roman : "Résurrection"

 

On entre lentement dans les grandes idées, dans la révolte de Tolstoï : la trame de l’histoire se met d’abord bien en place.

 

Voici quelques citations :

 

« Etait-elle juste, cette orthodoxie dans laquelle il était né et avait été élevé, qui était exigée de lui et de tous ceux qui l’entouraient, sans laquelle il ne pouvait poursuivre une activité profitable à autrui ? Il y avait répondu d’avance. Aussi pour s’éclairer n’avait-il pas eu recours à Voltaire, à Schopenhauer, à Spencer et à Comte, mais aux œuvres philosophiques de Hegel, aux ouvrages religieux de Vinet[1] , de Khomiakov… » (p 368, Folio, 2003-2004)

 

Le regard d'un enfant face aux détenus, aux forçats, p 423 :

« … Parce qu’il recevait cette connaissance directement de Dieu il savait encore de façon ferme et indubitable que ces êtres étaient absolument semblables à lui-même et aux autres hommes et que, par conséquent, on leur faisait du mal –quelque chose que l’on eût pas dû leur faire- et il les plaignait et ressentait de la crainte aussi bien à l’égard de ces êtres enchaînés, aux crânes rasés, qu’à l’égard de ceux qui les avait enchaînés et rasés… il faisait de grands efforts pour ne pas pleurer. »

 

p 442

 

… « Personne n’est coupable, et cependant des hommes ont été tués, et tués par ces gens mêmes qui sont innocents de leur mort. » Cela s’est fait, pensait Nekhlioudov, parce que tous, directeur, gouverneur, officier de paix, sergents de ville estiment qu’il y a des situations dans lesquelles une attitude humaine dans les rapports directs  avec les hommes n’est pas obligatoire…Est-il possible d’envoyer ces hommes par une telle chaleur et en une telle masse ? Vingt fois en cours de route ils se seraient arrêtés et remarquant qu’un homme s’affaiblissait et s’essoufflait, l’auraient fait sortir des rangs et conduit à l’ombre, lui auraient donné de l’eau, l’auraient laissé se reposer ; enfin lorsque le malheur se serait produit, ils auraient montré de la compassion.
P 443 –

Cela ils ne l’avaient pas fait, et même ils avaient empêché les autres de le faire, uniquement parce qu’ils voyaient devant eux non pas des hommes et leur devoir envers ceux-ci, mais leur fonction et ses exigences, qu’ils plaçaient au-dessus des devoirs d’humanité. Tout est là, pensait N. Si l’on peut admettre que la première chose venue est plus importante que le sentiment d’humanité, ne serait-ce que pour une heure et dans n’importe quel cas unique, exceptionnel,  alors il n’y a pas de crime que l’on ne puisse accomplir en s’estimant irréprochable.

 

P 444 -  Parce qu’ils servaient comme fonctionnaires…. L’amour et la pitié….

P 445

Une chose appelée service de l’Etat qui permet de traiter les êtres comme des objets…. Ces gens au service de l’Etat…solidaires…de telle sorte que la responsabilité des conséquences de leurs actes ne retombe sur personne séparément.

 

Les circonstances dans lesquelles on peut traiter sans amour ses semblables n’existent pas.



[1] Alexandre Rodolphe Vinet (17 juin 1797 (Lausanne) - 4 mai 1847) est un Suisse, critique littéraire et théologien protestant….Sa philosophie s'appuyait d'abord sur la conscience, définie comme ce qui permet à l'homme de rester dans une relation personnelle directe avec Dieu ; c'est elle qui régit la morale et rien ni personne n'a le droit d'attenter à la conscience de l'individu. Il préconisait une liberté complète en matière de croyance religieuse et donc la séparation officielle entre l'Église et l'État (Mémoire en faveur de la liberté des cultes (1826), Essai sur la conscience (1829), Essai sur la manifestation des convictions religieuses (1842). Mourut à Clarens (Canton de Vaud)

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L
<br /> Bonjour, Je suis de passage afin visiter votre blog.Bonne journée<br /> <br /> <br />
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