306 – L’idée de Dieu dans l’Evangile de Saint Jean face au dogme de la Trinité.

Publié le par marike.over-blog.com


29 09 09

 

306 – L’idée de Dieu dans l’Evangile de Saint Jean face au dogme de la Trinité.


D’abord, pour mes abonnés, je signale un commentaire du pasteur André Gounelle, courrier de ce jour, au début du précédent article, surtout à propos de la prédestination.


L’Evangile de Jean interpelle particulièrement les Unitariens, pour lesquels Jésus n’est qu’un homme.


J’ai relu rapidement cet Evangile en ne m’attachant qu’aux passages qui peuvent poser problème.


I – La Parole est aussi nommée le Verbe ou la Lumière (1. 8 ; 3. 19 ; 8. 12 ; 9. 5)


- 1. 10 « La Parole », et, en note : littéralement : elle ; l’antécédent est alors la Lumière. Cela donne : La Lumière était dans le monde…


- au verset 14 : une comparaison –qui n’est pas une adéquation- :
« la parole a été faite chair.. ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire telle que celle du Fils unique venu d’auprès du Père.."


- au verset 15 : le témoignage de Jean Le Baptiste : Celui qui vient après moi m’a précédé


- « Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que le monde fût. » (17. 5)


C : tout ceci réuni nous fait plutôt penser à l’Esprit saint, puis l’Esprit qui habite Jésus ; la comparaison distingue l’Esprit de Jésus.


II – Fusion/confusion entre la Parole, la Lumière, l’Esprit, d’une part, et Jésus, d’autre part
(1. 15 à 18 ; 26-27, 32)


- 2.19 : l’image du temple symbolise la demeure de Dieu, le contenant de l’Esprit, ici le corps de Jésus. Tout nous ramène à l’Esprit, dans le discours de Jésus dans cet Evangile.

 

-au chapitre 9, l’Aveugle-né symbolise l’homme qui n’est que chair, non Esprit, puis qui voit, ou qui se convertit :


« Je suis la lumière du monde. » (9. 5) ; « Que dis-tu de lui ? C’est un prophète » (9.17) ; « je ne sais si c’est un pécheur (Jésus) ; je sais une chose ; c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois.



Conclusion de Jésus : (39-41) : «Je suis venu dans le monde pour accomplir (ma traduction) ce jugement :  Que ceux qui ne voient point voient et que ceux qui voient (les orgueilleux) deviennent aveugles. »


- Jésus se nomme lui-même  le fils de l’homme : 3. 13 : « monté au ciel, …descendu du ciel, … dans le ciel », puis la Lumière (3. 19), et la Vérité (3. 21). Le verset 13 s’éclaire  par le verset 3. 31 et 3. 34 :


« Celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu parce que Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. » (un prophète ?)


La Samaritaine : 4. 25-26 : Le Messie...  " Je le suis, moi qui te parle."

 

Conclusion : Jésus n’est important qu’en Esprit.


III – Une hiérarchie s’instaure à chaque pas entre Dieu le père et le fils de l’homme (13. 20 ; 14. 6-7 ; 14. 10 à 14, 28, 31 ; 6. 38 à 40, 8. 42) 


Jésus se réfère constamment à son Père ; il ne fait rien sans cette référence.


17. 3 : « Qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé : Jésus-Christ. (Dieu ne partage pas ici sa divinité avec le Christ)


IV – L’Esprit


La Samaritaine, 4. 21 à 25 : « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. »


La vie, la seule qui compte, est celle de l’âme, d’où tout découle (5. 21 à 30)


6. 35, 47 à 51 : « je suis le pain de vie. »

C’est son exemple, ses paroles qu’il faut suivre, pour avoir la vie, pour être sauvés. 51 : le grand risque : aller à Jérusalem, comme on l’a vu, est le don du Christ aux hommes (mais il ne faut pas confondre : il n’a jamais, à aucun moment voulu son sacrifice ; il l’a risqué, il a pris un très grand risque, pour le grand œuvre).


6. 53 à 58 : On assimile la nourriture, on la digère, et on devient cette nourriture, mais


« C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. » (63)


Il en est de même pour la lecture, la culture. On assimile le contenu d’un livre, on fait siennes ses idées ; elles deviennent nôtres ; elles nous façonnent. Voici l’exemple d’Ezéchiel 3. 1 à 3 :


« Fils d’homme, …mange ce livre. Puis va, et parle à la maison d’Israël. …Je le mangeais donc et il fut doux à ma bouche comme du miel. »


Peut-être Jésus a-t-il pensé à ce passage à la Cène … ?


-7. 37 à 39 : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. …Il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui.


-8. 58 : Avant qu’Abraham fût, je suis. (Jésus…en Esprit ; « l’Esprit » de Jésus), et 17. 5, cité en I.


- 14. 15 à 17 : « Et je prierai le Père qui vous donnera un autre Consolateur (en notes, littéralement Paraclet : défenseur, conseiller, intercesseur) afin qu’il soit éternellement avec vous, l’Esprit de vérité. »


- 16. 13 : « Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de son chef , mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera ce qui doit arriver. »

 

Conclusion : l’Esprit est l’essentiel ; l’Esprit est premier.


V – Les élus de Dieu par Jésus


10. 33 à 36 :  « Vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut » (Psaumes 82. 6)


14. 1 à 4 : « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père…Je vais vous préparer une place… » « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au père que par moi. »


15. 12 à 17 : « Je vous ai appelés mes amis parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. »


15. 27 : « Et vous aussi vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes depuis le commencement avec moi. » … dans l’Esprit.


16. 14 à 15 : « C’est lui [l’Esprit de vérité] qui me glorifiera, parce qu’il prendra ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera. Tout ce que possède le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera  (le partage).


16. 26-27 :  « …Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé… » (la relation directe après la Pentecôte entre les élus et Dieu, sans plus passer par Jésus.)


17. 6 : « Ils étaient à toi, et tu me les as donnés. » (la mise en commun entre Dieu et Jésus).

 

Conclusion : Les élus sont hiérarchiquement les héritiers de l’Esprit du Père et du fils de l’homme

 


VI – L’unité.

10. 16 « Il y aura un seul troupeau, un seul berger. »


17. 11 à 21 « Qu’ils soient un comme nous…afin que tous soient un, comme toi Père tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient en nous. » (un dans l’amour).


Conclusion de cette lecture :


I. Une hiérarchie constante : 1) Dieu le Père 2) Le fils de l’homme.


II. Une hiérarchie qui se prolonge jusque dans la fusion parfaite : 3) Les élus.


III – Dans et Pour l’Unité


IV. Dans et par l’Esprit (Parole, Verbe, Lumière, Vérité).

Soit encore : L’unité dans l’Esprit, avec une trinité :

1) le Père, d’où procède l’Esprit ;

2) le fils, Jésus-Christ, le Messie, qui reçoit l’Esprit ;

3) les autres fils, élus, qui reçoivent eux aussi, l’Esprit.



La vérité doit être simple, sans être simpliste : face à cette vérité, à mes yeux, le dogme de la Trinité paraît illogique (L’Esprit y est « à côté » du Père et du Fils, et non « dans »)


Le Dieu Un, d’après cet évangile, est réalisé dans l’Esprit,  dans l’unité : 


« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu….Elle était la Vie, et la Vie était la lumière des hommes. » (I, 1 à 4)


L’Esprit, ou Dieu Un, comporte le Père Créateur (rappel : 17.3), le fils Médiateur (rappel : 8. 58), les Elus (rappel : 15. 27)


Donc : Dieu Un  ou l’Esprit : Père, Fils, Elus.(ma trinité d'après cet Evangile !)


Maintenant le Père Créateur est-il la source de l’Esprit, ou l’un de ses réceptacles ? Selon les philosophes : Dieu est énergie, dynamisme, lancé à travers la matière… Ce problème dépasse l’homme, s’il cherche les composantes de cette énergie ; il arrive au secret de la Vie ; il doit donc se taire en toute humilité (l’arbre de la Connaissance). 


Je termine par la deuxième phrase de mon credo, avec une troisième trinité indiscutable, je pense :


« Je crois en Dieu, Esprit, Amour et Vie. (1)»

 

Jean est quelque peu visionnaire dans ses affirmations : les contours de ce qu’il affirme sont un peu flous, contrairement à un rationaliste qui rechercherait la précision. C’est à mon sens pourquoi il peut approcher davantage la vérité, qui garde toujours une part de mystère.

 

(1) Note : « Etude des Evangiles… » de Marie-Claire Weber-Lefeuvre, Les éditions de L’Harmattan, collection « chrétiens autrement », 2006, p. 143

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