305 – Lecture judeo-chrétienne, unitarienne, de « L’Institution...» de J. Calvin. III, 21. Election et prédestination

Publié le par marike.over-blog.com

26 09 09 

305 – « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 21. Election et prédestination


 

Après « la justification par la foi seule », « la prédestination » est le thème le plus important, le plus novateur, de l’œuvre de Calvin.

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Je rapporte, "après coup", un extrait d'un message du pasteur André Gounelle, bien connu de nos milieux protestants pour ses hautes compétences, qui a bien voulu commenter quelques uns de mes articles, nommés ci-dessous : 

 

..."J'ai parcouru  votre commentaire des propos de Calvin sur le  Notre 
Père
; c'est bien, je n'ai pas de remarques particulières à exprimer.
Par contre, sur  la page concernant la prédestination, je réagis à une 
phrase : je ne crois pas que ce thème soit le plus important et le 
plus novateur de l'œuvre de Calvin
. Pas le plus novateur, car il se 
trouve très présent dans toute la tradition théologique augustinienne. 

Pas le plus important, il occupe un peu plus d'une centaine de pages 
dans l'œuvre immense de Calvin,
Calvin n'en parle jamais, comme 
Stauffer l'a montré, dans sa prédication (ou presque jamais, car il 
semble que depuis Stauffer on ait découvert une prédication qui la 
mentionnait), elle est  plutôt une conséquence que quelque chose de 
central. Il me semble qu'O. Abel (voir le dernier bulletin de 
l'Oratoire) en a bien vu l'intention en écrivant qu'elle visait à nous 
détourner de
la question de notre salut - une affaire réglée selon 
Calvin par Dieu lui-même -
, de nous débarrasser du souci de notre 
propre sort, de notre préoccupation de soi pour nous tourner vers le 
monde. Qu'elle ait eu l'effet contraire (augmenter l'angoisse) découle 
de la maladresse et de la raideur de l'argumentation calvinienne; mais 
témoigne aussi de la persistance de la spiritualité catholique centrée 
sur la question du salut personnel, alors que l'effort (en grande 
partie avorté) des réformées est de centrer la spiritualité sur 
l'action dans le monde;
Mais il est vrai que la plupart des dictionnaires et des manuels 
d'histoire présentent, à mon sens à tort, la prédestination comme un 
élément spécifique et central de Calvin ;..."

                                                                                      Fin de citation.

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C’est selon la volonté [de Dieu] que le salut est offert à certains et que les autres en sont privés.


Le Seigneur n’accorde pas à tout le monde indifféremment l’espérance du salut, mais il donne aux uns ce qu’il refuse aux autres.


L’unique cause de notre salut est en Dieu seul. (Romains 11. 5 - 6)


Il sauve par son dessein bienveillant ceux que bon lui semble. ( Jean 10. 27-30 )

 

Au sujet du verset 30, de la parole de Jésus : « Moi et le Père nous sommes un. » que peuvent en dire les chrétiens unitariens (Jésus uniquement homme) ? D’abord, les prophètes auraient-ils dit cela ? Ils rapportent les paroles de Dieu, qui leur parle, annoncent ce qu’il va faire. Je parcours Esaïe : une parole me trouble : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné...On l’appellera … le Dieu fort, le Père d’éternité… » (Esaïe 9, 5-6), même si, partout  ailleurs, l’Eternel est premier : ex : Esaïe 42. 6-9, face à ce même personnage, ce "serviteur" d'exception, qui pour nous représente Jésus : « Moi l’Eternel je t’ai appelé pour faire triompher la justice ; je t’ai pris par la main, je t’ai gardé. Je t’ai établi pour faire alliance avec le peuple et pour apporter la lumière aux nations…Je suis l’Eternel : c’est là mon nom. Je ne céderai ma gloire à aucun autre, ni mon honneur à des idoles ! » De ces deux passages on peut déduire la très grande proximité de Jésus-Christ avec Dieu, à tel point qu’on a pu les confondre (Jésus n’est en tous cas pas « le Père », même dans le dogme de la Trinité), mais aussi les limites de cette proximité, précisées en fin de citation.

 

Voici encore un passage éclairant qui rapproche Jésus-Christ des prophètes et qui témoigne aussi de la prédestination : Jérémie 1. 5, 10.

 

Je dirais donc, de Jésus-Christ, comme Jean : « Moi et le Père nous sommes un. », mais je rajouterais (comme le fait souvent Calvin, d’ailleurs !…et bien d’autres avant lui, car les textes ne sont pas  totalement « sûrs ») : dans l’Esprit saint.

 

Par ailleurs nous avons la vision de Daniel : 7. 9,10,13-14,22,26-27
 « un personnage pareil à un fils d’homme… On lui donna…sa puissance est une puissance éternelle…le pouvoir de juger fut donné aux saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints entrèrent en possession du royaume…le jugement…alors le règne, la domination et la souveraineté des royaumes …seront accordés au peuple des saints du Très-Haut. »


Une digression : En parcourant les livres des prophètes je tombe sur ce passage :Ezéchiel 3. 3, 10 :
 « Il me fut dit : « Fils d’homme, nourris ton corps, rassasie-toi du livre que je te donne. » Je le mangeai donc, et il fut doux à ma bouche, comme du miel. »

Je rapproche cela de la Cène : Il me semble évident que ce n’est pas le livre matériel (parchemin horrible à manger !) mais ce qu’il veut dire, c’est sa signification, qui doit être assimilée. De même, pour Jésus-Christ, dans la Cène, le repas du Seigneur, c’est tout l’homme spirituel que l’on doit assimiler : toute sa vie, ses actions, comme ses paroles : son exemple total, pas seulement ses paroles. Cette image symbolique a pu inspirer le Christ, juif, lors de son dernier repas. Fin de la digression.

 

Restons dans le chemin de la foi, nous dit Calvin, et :


En dehors des limites de l’Ecriture, nous n’avançons plus sur le chemin mais dans les ténèbres.

Désirer une autre connaissance de la prédestination que celle qui nous est donnée par la Parole de Dieu est …insensé.

Observons ici le mot Parole avec un P majuscule : là encore, Calvin installe une confusion dommageable, une superposition de sens entre le Christ, l’Ecriture et la Parole. J’aurais préféré : « par les Ecritures, par Jésus-Christ, par la parole de Dieu »


Il y a des ignorances plus savantes que le savoir. Note : la phrase est d’Augustin : Lettres, 130, 28


Il n’est pas bon de manger trop de miel,
Il est mauvais de recevoir trop de louanges…(Proverbes 25. 27)


L’Ecriture est l’école du Saint-Esprit.

 

Il n’est pas bon de vouloir savoir ce que veut nous cacher Dieu, mais nous devons connaître le savoir que Dieu a mis à notre disposition, nous dit Calvin.


Cette parole de Salomon est remarquable : La gloire de Dieu, c’est de cacher les choses (Proverbes 25. 2)


Ce qui est caché appartient à l’Eternel notre Dieu ; mais la révélation est pour nous et pour nos enfants à jamais, afin que nous mettions en pratique touts les paroles de cette loi. (Deutéronome 29. 29) (et non 29. 28)


Il n’est pas permis aux hommes mortels de connaître les secrets de Dieu.

 

N’ayons pas de préjugés à propos de la prédestination, nous dit en quelque sorte Calvin.


5. la doctrine de la prédestination est fondée sur l’Ecriture.


La prédestination par laquelle Dieu a ordonné les uns au salut et assigné les autres à la damnation éternelle. 

Quand nous attribuons une prescience à Dieu, nous indiquons que toutes choses ont toujours été et demeurent éternellement en son regard, de telle sorte qu’il n’y a rien de futur, ni de passé dans sa connaissance, mais que toutes choses sont présentes pour lui.

 

Voici la question très importante du temps qui est avancée. Calvin poursuit :  


Et elles le sont tellement qu’il ne les imagine pas comme des idées, des choses dont nous avons le souvenir, c’est à dire qui se présentent quasiment devant les yeux par l’imagination. Mais il les voit et les regarde, en son conseil, dans toute leur réalité, comme si elles étaient vraiment devant lui. Nous affirmons que cette prescience s’étend à tout l’univers et à toutes les créatures.

 

La question que je me pose : est-ce parce q u’il voit toutes choses dans leur essence, et non pas dans leur apparence, que leur donne le temps ? mais Dieu s’inscrit aussi dans le mouvement du temps puisqu’il donne leur ordre de mission aux prophètes, etc…A la fois hors du temps et dans le temps ?


Nous appelons « prédestination » le conseil éternel de Dieu, par lequel il a déterminé ce qu’il voulait faire de chaque être humain. .. le recevoir en son salut ou le vouer à la perdition… ce conseil est fondé sur sa miséricorde sans aucun égard à la dignité humaine.

Ainsi l’être humain est prédestiné à la mort ou à la vie.

Dieu a rendu témoignage de sa prédestination non seulement dans chaque personne individuelle, mais dans toute la lignée d’Abraham


Quand le Très-Haut assigna leur héritage aux nations …
Ce peuple, [Israël] est la part de l’Eternel ;
Jacob est le lot de son héritage. (Deutéronome 32. 8-9)
 


Afin de détruire tout sujet de gloire, Moïse montre aux successeurs [d’Abraham] que leur privilège réside dans l’amour gratuit de Dieu (Deutéronome 4. 37 ; 7. 7-8 ; 10. 14-15 ; 23. 6 ; 26. 18-19 ; Psaumes 45. 7)

 

Moïse et les prophètes reprochent au peuple élu son indignité, nous dit Calvin : Un peuple à la nuque raide. (Deutéronome 9. 6) (Amos 3. 2)

 

La reconnaissance en toute humilité d’Israël :


C’est lui qui nous a faits et nous sommes à lui : son peuple et le troupeau de son pâturage (Psaumes 100. 3 ; 33. 12 ; 65. 5 ; I Samuel 12. 22 ; Esaïe 14. 1 ; 41. 9 ; Zacharie 2. 16)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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