310 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 23. Objections contre l’élection (suite)
03 10 09
310 - « L’Institution de la religion chrétienne » de J. Calvin. III, 23. Objections contre l’élection (suite)
8. La volonté de Dieu et sa permission ne sont pas opposées
Certains recourent, ici, à une distinction entre volonté et permission, disant que si les méchants périssent, Dieu le permet, mais il ne le veut pas.
Mais pourquoi dirions-nous qu’il le permet, si ce n’est parce qu’il le veut ? …comme si Dieu n’avait pas déterminé quelle condition il voulait pour la principale et la plus noble de ses créatures !
Augustin : « la volonté de Dieu est la nécessité de toutes choses. »
Le premier homme a chuté parce que Dieu avait jugé cela opportun.
L’homme trébuche donc selon ce qui avait été ordonné par Dieu, mais il trébuche à cause de sa méchanceté. L’homme … s’est détourné de son Dieu.
Dieu contempla ce qu’il avait fait, et il vit que cela était très bien… ce fut le sixième jour. (Genèse 1. 31)
Contemplons dans la nature corrompue de l’homme la cause de sa damnation, qui est évidente pour lui, plutôt que de la chercher dans la prédestination de Dieu, où elle est cachée, et complètement incompréhensible. Ne considérons pas comme pénible de soumettre ainsi, à la sagesse infinie de Dieu, notre compréhension qui cède devant tant de mystères.
9. Résumé de la seconde objection
(que peuvent faire les hommes s’ils sont prédestinés ? )
Les réprouvés peuvent être considérés comme excusables en péchant, parce qu’ils ne peuvent s’empêcher de pécher et, avant tout, parce que cette nécessité de pécher procède de la décision et de la volonté de Dieu. Je nie, à l’inverse, que cela les excuse, car la volonté de Dieu dont ils se plaignent, est équitable. Bien que cette équité nous soit incompréhensible, elle n’en est pas moins certaine.
Or que cette perversité ne doive pas être imputée à Dieu, cela ressort du bon témoignage qu’il a rendu à sa création. Bien que par la providence (prescience) éternelle de Dieu, l’homme ait été créé pour venir dans cette misère dans laquelle il est, il a cependant trouvé en lui-même l’occasion de celle-ci et non pas en Dieu.
10. Troisième objection : en élisant les uns, Dieu fait preuve de favoritisme
Alors Pierre parla : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. » (Actes 10. 34 ;
et aussi : Romains 2. 10 ; Galates 3. 28 ; Jacques 2. 1 à 9 ; Colossiens 3. 25 ; Ephésiens 6. 9)
S’il n’y a aucune différence qui justifie la préférence de Dieu envers l’un plutôt qu’envers l’autre, Calvin nous dit que Dieu ne regarde pas à la personne, mais qu’il tire de sa propre bonté la raison de lui faire du bien.
Considérez, frères, que, parmi vous qui avez été appelés, il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles… (I Corinthiens 1. 26)
11. La miséricorde et la justice de Dieu dans l’élection
Que Dieu applique à ceux qu’il a réprouvés la punition qui leur est due, et qu’à ceux qu’il a élus il accorde la grâce qui ne leur était pas due, peut être considéré comme équitable et irrépréhensible, si on assimile Dieu à un créancier qui a la latitude de remettre sa dette à l’un et d’exiger son paiement par l’autre. (Romains 11. 32 à 36)
12. quatrième objection : la prédestination favorise le laisser-aller
Quelle différence entre ces deux choses : ne pas se soucier de bien faire parce que l’élection suffit au salut et s’adonner à bien faire parce qu’on est élu !
Quand à l’autre partie, à savoir que celui qui est réprouvé par Dieu perdrait sa peine en s’appliquant à vivre purement et de façon innocente, c’est là un mensonge impudent ;car d’où procéderait cet effort, si ce n’est de l’élection de Dieu ?
13. Cinquième objection : les exhortations sont inutiles
Calvin nous dit qu’Augustin a réfuté cette thèse dans son livre à Valentin : « De la correction et de la grâce », et qu’il va en présenter quelques éléments :
Que la prédication accomplisse sa mission d’amener les hommes à la foi, pour qu’ils y grandissent et qu’ils soient maintenus dans la persévérance. Cela n’empêche pas que la prédestination soit connue, afin que ceux qui obéissent à l’Evangile ne s’enorgueillissent pas comme s’ils y étaient pour quelque chose, mais qu’ils se glorifient en Dieu.
Pourquoi les uns ont-ils des oreilles : Que celui qui a des oreilles entende ! (Matthieu 13. 9)
et les autres non ?
Le Seigneur me dit : « Va ! et dis à ce peuple : vous entendrez, mais vous ne comprendrez point ; vous regarderez, mais vous ne percevrez pas. (Esaïe 6. 9)
Qui connaît le conseil du Seigneur ? Faut-il donc nier ce qui est manifeste quand ce qui est caché ne peut pas se comprendre ?…Si Dieu a prévu que certains seront bons, ils le seront, malgré les méchancetés auxquelles ils se livrent maintenant. (et inversement). Faut-il donc que ce qui se dit de vrai sur la prescience de Dieu soit nié ou caché, surtout si en se taisant on favorise d’autres erreurs ?
14. Prudence et amour sont nécessaires dans l’enseignement de la prédestination
J’ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui a fait croître. (I Corinthiens 3. 6)
Pourquoi aide-t-il l’un, et pas l’autre ? L’argile n’a pas à en juger, mais le potier !
La volonté des êtres humains ne peut pas résister à celle de Dieu –qui fait tout ce qui lui plaît au ciel et sur la terre, et même qui a fait ce qui arrivera- puisqu’il fait ce qui lui semble bon des volontés des hommes.
Augustin ajoute encore : Parce que nous ne savons pas quels sont ceux qui font partie, ou non, du nombre et de la compagnie des élus, nous devons avoir à cœur de leur souhaiter le salut à tous. Et nous tâcherons de faire de tous ceux que nous rencontrerons des participants à notre paix. D’ailleurs celle-ci ne reposera que sur ceux qui sont enfants de paix.
C’est à Dieu de rendre notre exhortation utile à ceux qu’il a prédestinés.