213 - "Charles Darwin est-il indépassable ?"

Publié le par marike.over-blog.com


« Charles Darwin est-il indépassable ? » ...

Réaction d u philosophe des sciences  Michel Lefeuvre  à l'article du Figaro Magazine du 10 01 2009 - pp. 74 - 75




J'ai lu avec un peu de retard l'excellent article de Paul Dupré paru dans « le Figaro Magazine » du 10 01 2009, pp. 74-75, intitulé : Charles Darwin est-il indépassable ? Sont cités entre autres les travaux du professeur Rosine Chandebois, embryologiste. En tant que philosophe des sciences je me suis longuement penché sur eux et j'aimerais souligner que, plus que tous les autres auteurs que vous citez,  elle propose véritablement une théorie de remplacement à celle du darwinisme.


Darwin a proposé une théorie de l'Evolution en s'appuyant sur les modifications que les éleveurs de son temps réussissaient à produire chez les animaux de la même espèce par des croisements.


Rosine Chandebois propose un modèle très différent : elle s'appuie sur ses travaux d'embryologiste et démontre que ce sont les mêmes mécanismes qui sont au travail dans l'ontogenèse (la création de l'individu)  -l'embryogenèse- et la phylogenèse (l'arbre généalogique d'une espèce).


 


En tant qu'embryologiste elle démontre comment les cellules travaillent en s'entraidant pour construire l'animal. Là où, à un stade donné, se trouve une population de cellules homogènes, on trouve au stade suivant deux ou plusieurs populations de cellules plus différenciées, et ainsi de suite jusqu'à la construction finale de l'individu (éclosion, naissance).


Un individu fait partie d'une espèce ; il en possède la mémoire, présent dans le cytoplasme de l'œuf fécondé. R. Chandebois démontre que les espèces évoluent selon les mêmes principes  fondamentaux que l'embryon -les mêmes mécanismes- grâce à  une division des tâches de plus en plus poussée.  Un reptile a une organisation plus développée qu'un batracien, et un mammifère également par rapport à un reptile.


Dans l'ontogenèse ce sont les cellules qui s'entraident pour construire l'animal. Dans la phylogenèse le moteur de l'Evolution est le travail d'entraide que les cellules germinales et les cellules somatiques - le germen (cellule reproductrice d'un être vivant) et le soma (le corps d'un organisme, par opposition au germen)- se prêtent. Ce travail s'accomplit au cours de nombreuses générations jusqu'à ce que brusquement un autre équilibre s'instaure, une nouvelle espèce apparaisse, avec des pontes d'œufs différents du modèle précédent.


Cette évolution est dirigée ; elle est épigénétique, c'est à dire que toute nouvelle innovation s'appuie sur les précédentes pour aller plus loin dans le développement et dans l'organisation, ainsi pas d'organismes complets -multicellulaires- sans la transformation des cellules unicellulaires procaryotes  (où le cytoplasme est mélangé au noyau) en eucaryotes (le noyau de la cellule est nettement séparé du cytoplasme), d'animaux tridermiques sans les didermiques...


Dans un œuf il y a deux pôles : un pôle animal et un pôle végétatif, nourricier, dont l'embryon a besoin pour se développer -le jaune d'œuf. Le temps de l'embryogenèse est long pour les animaux supérieurs mais court pour un oursin par exemple, où l'embryogenèse s'arrête très vite, pratiquement au stade gastrula ; Les réserves vitellines ou nourricières doivent être proportionnées à l'animal. Elles ne doivent pas être importantes au point de gêner l'embryon dans ses mouvements. La nature se donne toujours les moyens d'aller plus loin : elle a inventé le placenta chez le mammifère pour pallier à cet inconvénient : c'est désormais la mère qui devient nourricière. Telle est la transition qui s'est produite au cours de l'Evolution, lorsque les reptiles supérieurs ont fini par donner naissance aux premiers mammifères.


Que devient le hasard dans tout ce montage directionnel de l'Evolution vers toujours  plus d'organisation et d'intelligence -un chat est plus intelligent qu'une grenouille-. Le hasard existe bien mais ce n'est pas lui qui est le moteur de l'Evolution, il est dû aux variations génotypiques sur un plan commun : Ainsi les anoures (ex : La grenouille) ont le même plan d'ensemble que les Urodèles (ex : les salamandres), mais les salamandres possèdent  une queue et cela est dû aux variations dans le génome ; en effet, quand on sait qu'au sein d'une même espèce il y a de multiples allèles pour chaque gène, il est aisé de comprendre que les variations génotypiques peuvent avoir des effets considérables sur un même plan d'ensemble. Pour Rosine Chandebois, la variation génétypique  n'est qu'un « bruit de fond révélateur des potentialités phylogénétiques »[1]


Voici donc une vue d'ensemble très sommaire ; le mieux est de recourir à ses ouvrages.


                                                                                    Michel Lefeuvre

[1] Pour tout ceci, voir principalement, de Rosine Chandebois, aux Editions Espaces 34 :
- « le gène et la forme ou la démythification de l'ADN » (on peut se procurer le livre chez « Tec et doc. Lavoisier »), ainsi que :
- « Pour en finir avec le darwinisme. Une nouvelle logique du vivant » (se procurer une copie chez l'auteur), traduit en  portugais :
"Para acabar com o Darwinismo". Tradução, editada pelo Instituto Piaget (1996, Lisboa), do original "Pour en finir avec le Darwinisme" (1993).
- « L'Embryon cet inconnu », aux éditions de l'Age d'Homme.



Publié dans Société

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