265 - Calvin -« L'Institution de la religion chrétienne » - II,13- Jésus-Christ homme

Publié le par marike.over-blog.com

18 07 09


265 - Calvin -« L'Institution » - II,13- Jésus-Christ homme


Il y a longtemps déjà, les manichéens (Mani) et les marcionites (Marcion) ont essayé d'anéantir la vérité concernant sa nature humaine.

 

La bénédiction n'a pas été promise, en effet, ou à une descendance céleste, ou à une apparence humaine, mais à la descendance d'Abraham et de Jacob (Genèse 12.2 ; 17.2-8 ;22.16-8 ;26.4)

 

Selon l'interprétation de Paul, il a été de la descendance de David selon la chair (Romains I, 3)

 

Remarquons une petite chose curieuse ici : D'habitude, Calvin raisonne « par citations du Nouveau Testament, selon lui preuves absolues ; pour la première fois Calvin parle « d'interprétation », et non de vérité absolue, puisque c'est tiré du Nouveau Testament ; peut-être est-ce parce qu'il a vraiment du mal a y croire ?

 

Voici ce qu'en dit Ernest Renan (1823-1892), au début du deuxième chapitre de « La vie de Jésus »  (édition Calmann-Lévy -1953- p. 97)

 

 

Jésus naquit à Nazareth [...] Toute sa vie il fut désigné du nom de Nazaréen, et ce n'est que par un détour assez embarrassé qu'on réussit, dans sa légende, à le faire naître à Bethléem (p. 97-98). En note : Jésus n'était pas de la famille de David, voir ci-dessous p. 232. (Et p. 232 : La famille de David était, à ce qu'il semble, éteinte depuis longtemps [...] Mais depuis la fin des Asmonéens, le rêve d'un descendant inconnu des anciens rois, qui vengerait la nation de ses ennemis, travaillait toutes les têtes.) [...] Il sortit des gens du peuple. Son père Joseph et sa mère Marie étaient des gens de médiocre condition, des artisans vivant de leur travail (p. 99).

Les récits sur la naissance de Jésus sont des compositions tardives, mais elles n'en contiennent pas moins des éléments importants pour comprendre le personnage...

 

Plus loin (p. 416), Calvin rentre dans le détail de l'ascendance de Jésus : Joseph et Marie sont tous deux de la descendance de David ;


Je reconnais que la généalogie telle qu'elle est présentée ne permet pas de conclure que J. C. est le fils de David, si ce n'est qu'il est né de Marie... J. C. par le moyen d'une vierge a été fait de la race de David

 

Le Christ a donc une descendance selon la chair, c'est pourquoi il s'appelle lui-même « Fils d'homme », nous dit Calvin. Puis celui-ci donne de nombreuses preuves de l'humanité de Jésus : en effet, elle courent tout au long des Evangiles. Toutefois, ces preuves, il les donne de préférence dans les commentateurs des Evangiles : Galates 4.4 ; Hébreux : 2.11 et 15-17...

 

Calvin choisit sa propre traduction qui accentue une tendance, par exemple il préfère le terme de « sacrificateur souverain » à celui de « grand prêtre » (Hébreux  2.17 et 4.15)

 

Voici une citation où l'on ne peut qu'être tous d'accord :


L'Esprit lui a été donné sans mesure afin que nous recevions tous de sa plénitude (Jean 1.16)

 

Voici comment traduit Segond : En effet c'est de sa plénitude que nous avons tous reçu grâce sur grâce.

 

Je préfère ici la version de Calvin.

 

Voici encore des citations qui nous, les chrétiens, nous réunissent tous :


Mis à mort selon la chair, il a été rendu vivant selon l'Esprit ( I Pierre, 3.18)
(un style ici moins lourd que celui de Segond - 1950 ; le verset n'est que partiellement redonné, ce que fait souvent Calvin.)


Il a été crucifié en raison de sa faiblesse (2 Corinthiens 13.4) ( trad. Calvin)


Car, s'il a été crucifié dans sa faiblesse, il vit néanmoins parla puissance de Dieu. Nous de même, si nous sommes faibles en lui, nous vivrons pourtant avec lui par la puissance de Dieu, afin d'agir au milieu de vous. (trad. Segond)


Si Christ est ressuscité, nous ressusciterons, si nous ne ressuscitons pas, c'est que Jésus-Christ n'est pas ressuscité. (I Corinthiens, 15. 13-14) (trad. Calvin)


S'il n'y a point de résurrection des morts, Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, elle aussi. (trad. Segond)

 

On constate donc des variantes importantes.

 

Dans la langue hébraïque, fils d'homme signifie « vrai homme », c'est donc un homme qui a acquis ses lettres de noblesse, principalement spirituelles, mais aussi intellectuelles. Car l'homme peut s'approcher parfois davantage de sa condition d'animal que de sa condition d'homme ou d'animal supérieur.

 

Citons encore quelques passages où la nature humaine de Jésus-Christ est soulignée : Psaume 8.5 ; Hébreux 2.6 ; 2.14 ; Genèse 3.15.

 

Puis Calvin aborde la question très délicate de LA REDEMPTION.  Pour moi, la vérité est simple, elle « colle au réel », et dès qu'elle devient alambiquée et qu'elle part dans l'imaginaire...ce qui est vraiment le cas au paragraphe 4 page 418.

 

1) Voyez la complexité : un homme fils de Dieu et d'une mortelle -on entre déjà dans le mythe- peut donc prendre tous les péchés des hommes croyants sur lui -second fait peu convainquant-, et par sa mort expiatoire* -3e fait cruel et injuste- les effacer...Adam a amené le péché dans le monde et Jésus-Christ l'a ôté (c'est un peu facile à mon avis)...comme les demi-dieux grecs, il est à la fois sur terre et dans le ciel...

 

* voir Jean 11.47-54 et 18.14 ;  « la Parabole des vignerons » (Luc 20, 13 à16) ;

 

Mais J. C. est-il sans péché s'il est aussi fils d'une mortelle ? Et Dieu n'a-t-il pas pardonné à Noé, simple homme, mais juste, donc ne peut-il y avoir des hommes justes avant J. C. ? Et Job ? Et dire alors pour tout arranger que Jésus-Christ existe depuis le commencement du monde, en piétinant allègrement les croyances juives...

 

2) Il est plus simple et plus satisfaisant pour l'esprit de faire tenir réalité et vérité ensemble :

 

Première réalité : Jésus homme.
Deuxième réalité : Jésus crée son œuvre, comme tant d'esprits supérieurs, animés par l'Esprit. Cette œuvre se situe aux sommets de celles de l'humanité.
Troisième réalité : Il veut que son oeuvre soit connue et reconnue par les siens : juif, il va donc avec courage à Jérusalem, le cœur, le poumon de la religion juive, se doutant toutefois de ce qui l'attend. C'est « le beau risque » ; son œuvre est à ses yeux plus importante que sa vie.
Quatrième réalité : Il propose son message d'amour, de service d'autrui et l'exemple de sa vie à ceux à qui cela convient : Ce seront les croyants chrétiens.
Cinquième réalité : ceux-là marcheront dans le chemin qu'il a tracé, comme ils le peuvent, car ils sont imparfaits, mais ils seront pardonnés. Ce sera donc leur foi qui causera leur effort.
Sixième réalité : toutefois, Dieu sauve qui il veut, et nul n'est assuré de son salut.

 

 

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