266 – Le poète romantique : Gérard de Nerval (1808 – 1855)

Publié le par marike.over-blog.com

20 07 09


266 – Carnet de poésie : La poésie romantique (suite) : Gérard de Nerval (1808 – 1855)


L’absence de la femme –orphelin de mère, déception amoureuse- marque la vie du poète jusqu’à ébranler sa raison. Il se réfugie dans le rêve. Dans le premier poème, il se souvient peut-être d’une rencontre de jeunesse : Adrienne, qu’il doit  embrasser, lors d’une ronde champêtre dans le Valois, à Mortefontaine, région qu’a si bien rendue  le peintre Corot. Il recompose l’instant.


Fantaisie ( Extrait du recueil des « Odelettes », publié en 1835)

 

 

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.


Or, chaque fois que je viens à l’entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C’est sous Louis treize ; et je crois voir s’étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

 

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
 
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J’ai déjà vue... — et dont je me souviens !






les Chimères (1854)
groupement de douze sonnets, publié en 1854, en dernière partie des Filles du feu.

 

Nerval pensait descendre d’une ancienne famille du Périgord, apparentée aux Biron, et à Lusignan, roi de Chypre qui, d’après la légende, avait épousé une fée, Mélusine. »La tour abolie », c’est, d’après « Sylvie », les deux moitiés d’un seul amour, Adrienne ou Sylvie ; le luth remplace l’écu du chevalier, puis le poète pense à « La mélancolie », célèbre tableau de Dürer.  La santé mentale du poète ayant décliné, il traverse, comme Rimbaud, une « saison en enfer »(le fleuve Achéron).


El Desdichado           

Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

 

 

 

 

 

 

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

 

 

 

 

Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

 

 

 

 

 

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ;
Modulant tout à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

 

 



 

Publié dans mon carnet de poésie

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M
j'aime ces poèmes , merci de les avoir publiés, amitié
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