478. Epître de Paul aux Romains. Chap. 3 à 5. Lecture commentée

Publié le par marike

Lecture suivie grand public de toutes les  épîtres de Paul,de l'art. 477 à l'art. 510.
626. Conclusion de la lecture des épîtres de Paul
 (ss titre : Epîtres de Paul : bilan de lecture. Vue d'ensemble) -08 02 2016 -
 
http://marike.over-blog.com/2016/02/626-conclusion-de-la-lecture-des-epitres-de-paul.html

Partie III – ... La justification par la foi

Les phrases-clés :

Chap. III, 10 : Il n'y a point de juste ; pas même un seul .

Donc : Chap III, 20 : aucun homme ne sera justifié par les oeuvres de la Loi, car ce que donne la Loi, c'est la connaissance du péché.

Chap. III, 25-26 : Dieu a ainsi manifesté sa justice dans le temps présent, faisant voir qu'il est juste, et qu'il justifie celui qui croit en Jésus.  (Ici il y a bien deux entités distinctes : Dieu et Jésus).

v. 28 : l'homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la Loi.

IV – 3 : Abraham crut à Dieu et cela lui fut imputé à justice.

Je relève ici une contradiction avec ce qui  précède : ceux qui croient en Jésus sont justifiés (III, 25-26), mais Abraham, et tous les hommes, Juifs ou païens, avant Jésus ? Paul centre encore trop son propos sur Jésus, mais il veut convertir des Juifs à Jésus. Calvin fait sienne l'affirmation de Jésus : "Avant qu'Abraham fût, je suis" (Jean chap. 8, v. 58)... Pour résoudre la question on pourrait dire que toute foi dans la droite ligne du divin, est en Dieu, et la vérité que symbolise Jésus (ses 2 lois d'amour) précède, est plus importante que celle d'Abraham (la foi).

Abraham n'a pas connu Jésus, donc l'homme est justifié par la foi en Dieu, non spécifiquement en Jésus, bien que Jésus révèle hiérarchiquement Dieu. 

Tous les hommes, juifs ou païens, qui croient en Jésus sont justifiés. Il n'y a qu'un seul Dieu pour les Juifs et pour les païens.

La justification d'Abraham eut lieu avant sa circoncision (v. 10), qui en a été le signe (v.11).

Chap. IV, 13 : Abraham reçut la promesse d'avoir le monde en héritage, non pas en vertu de la Loi mais en vertu de la justice de la foi

 .....................

Rapprochons certains passages avant de conclure sur eux :

III, 23- 25 : tous ont péché... ils sont justifiés gratuitement par la grâce de Dieu, au moyen de la rédemption accomplie par J. C. , que Dieu a établi comme victime expiatoire, par la foi en son sang[1].

IV, 24-25 : Jésus, notre Seigneur, qui a été livré pour nos offenses et qui est ressuscité pour notre justification.

V, 8-10 : ... combien plus, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui du courroux de Dieu ! Car si, lorsque nous étions les ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, combien plus, maintenant que nous sommes réconciliés avec lui, serons-nous sauvés par sa vie  !

v.19-21 : de même que, par la désobéissance d'un seul homme, tous les autres ont été rendus pécheurs, de même par l'obéissance d'un seul tous les autres seront rendus justes.

Or la Loi est intervenue afin que la faute abondât ; mais là où le péché a abondé, la grâce a surabondé... la vie éternelle par notre Seigneur Jésus-Christ.

Voilà la théorie ; s'adapte-t-elle à la réalité, au vécu de la vie de Jésus ? Paul est-il entièrement fidèle à son maître Dieu, dans sa théologie ?

Ce qui fait problème ici, c'est, pour Jésus, le terme de : "victime expiatoire"

1- Depuis Abraham il n'y a plus de  sacrifice humain. Son fils a été sauvé par Dieu in extremis. Les Juifs ont alors sacrifié des animaux (voir la note 2) pour l'expiation, le pardon de leurs péchés par Dieu. L'animal est offert à leur place à Dieu.

Or Dieu a béni, aimé Abraham  à cause de da grande foi. Il lui a pardonné ses péchés. Les Juifs n'ont donc pas besoin de sacrifices animaux pour être aimés de Dieu : seule suffit la foi.

2- Les chrétiens auraient-ils alors repris l'idée du sacrifice humain avec Jésus ? Seraient-ils retournés à la barbarie des premiers âges ? Cela ne se peut. L'idée de l'agneau sans tache symbolique (rappel des sacrifices d'animaux des Juifs pour effacer leurs péchés) ne peut faire illusion : La mort de Jésus est un crime. Jésus lui-même ne s'est pas "sacrifié" car il ne l'a voulue à aucun moment

3 - Pourquoi Jésus a-t-il été condamné à mort par les Juifs du Sanhédrin ?

Les Evangiles diffèrent dans leur interprétation : celle de Matthieu, de Marc et de Luc est à peu près commune : Le Sanhédrin ne veut pas voir l'immense avancée que trace Jésus en se présentant comme Messie, alors qu'il aurait des raisons de le faire ; Jésus va trop loin pour lui.

Selon Matthieu et Marc, c'est parce qu'il se déclare le Messie[2] (Mt. XXVI, 60-64 ; Marc XIV, 61-64, et Luc, beaucoup plus nuancé, en XXII, 73 à 71:  – "Tu es donc le Fils de Dieu ? Il leur répondit : vous-mêmes vous dites que je le suis").

Chez Jean la version est toute différente : Jésus est condamné par un complot fomenté par et autour de Caïphe bien avant que Jésus n'entre à Jérusalem (XI, 47 à 57) ; Jésus est un rival pour Caïphe et le Sanhédrin, qui sont jaloux de son pouvoir et de son aura. Les comploteurs pour se justifier donnent de mauvaises raisons dont la principale est que les Romains n'accepteront pas Jésus, "roi" en rivalité avec l'empereur. Le Sanhédrin cherche des prétextes (dont le titre de Messie que Jésus réclame pour lui) pour condamner Jésus.
     Ensuite Judas livre Jésus, une fois arrivé à Jérusalem, à ces juifs, et ceux-ci le livrent, sans procès juif, directement à la juridiction romaine de Pilate (voir la note 5); celui-ci ne trouve aucun crime en Jésus, car Jésus se dit roi spirituel et non politique (XVIII, 33-38). Pilate le condamne par lâcheté, face au Sanhédrin juif. Jésus demande à Dieu d'éloigner de lui la coupe du supplice ; il ne reçoit pas de réponse de Dieu et il meurt sur la croix.

La plupart des hommes du Sanhédrin et le Romain Pilate symbolisent à eux tous toute l'insuffisance humaine.

Ainsi le rôle que se reconnaît Jésus est trop grand pour être accepté par les Juifs (de prophète il devient Messie au sens plein du terme) ; en réalité il est à mes yeux le plus grand des prophètes car il cerne pleinement l'esprit de la Loi, qui est amour, et il la met pleinement en pratique. Jésus, selon son accomplissement, est, avec Moïse, le premier serviteur de Dieu ; il pourrait donc revendiquer le titre de Messie, d'ailleurs au même titre que Moïse (et d'autres, selon le professeur et pasteur André Gounelle). Selon Jésus, le spirituel est seul important ; il entraîne le temporel à la fin des temps.

Jésus s'est simplement trompé sur l'imminence du "Royaume" : sans toutefois donner de précisions temporelles, il fait à peu près coïncider l'arrivée du Royaume avec sa mort, la destruction du temple[3], et la défaite juive face aux Romains, défaite qui a commencé bien avant sa naissance et qui se poursuit[4]. En réalité il vit donc déjà la défaite juive avec Hérode Archélaus

 Ainsi :

1) Jésus veut simplement donner une extension  à son message, à tous les hommes, l'universaliser en le portant à Jérusalem, malgré le danger. Il est conscient du risque qu'il prend.

2) Comme prévu, il est pris par ses ennemis religieux du Sanhédrin, donc de sa propre volonté il n'offre pas sa vie ; au contraire il prie au Mont des Oliviers pour éloigner de lui la "coupe" de sa mort ;  

3) Le sacrifice rituel juif d'animaux : selon la note 2, le sang, c'est la vie de l'âme comme du corps. Donc il ne peut être offert qu'en sacrifice à Dieu.

Jésus ne veut pas offrir son sang pour racheter tous les hommes, hérésie barbare que personne ne lui demande ; il veut simplement offrir son précieux message pour éclairer tout homme afin que chacun aille vers Dieu par la foi. 

Donc le seul fait de tuer Jésus ne blanchit pas les hommes ; ce serait trop facile, trop injuste ! seul le fait de connaître sa vie et son message et de suivre l'exemple de Jésus les blanchit.

4) Mais, comme pour la Loi de Moïse, les hommes ne peuvent mettre ce message en pratique : ils sont intrinsèquement pécheurs !

5) Donc Dieu les gracie... non plus au nom d'Abraham, homme croyant, mais au nom de Jésus, homme croyant, qui a éclairé significativement les Dix Commandements de Moïse (cela n'efface pas le péché d'Adam, car c'est la seule foi individuelle qui sauve, qui justifie, là encore)

6) Mais les oeuvres ? C'est la force dynamique de la foi qui fait vraiment agir.

Conclusion : il serait plus simple de dire que Jésus, premier prophète en importance pour les chrétiens, totalement habité par Dieu, a risqué sa vie, puis est allé jusqu'au sacrifice de lui-même pour délivrer son message et son exemple au monde. Tel Prométhée, il a ainsi éclairé les hommes de ce "feu".

Mais, depuis Abraham, Dieu gracie toujours les hommes de foi.

Paul pense en Juif primitif, avec l'idée de sacrifice expiatoire, mais je ne le suis pas sur ce point : une mort d'animal comme une mort d'homme ne peut blanchir automatiquement les âmes des autres hommes...  bien au contraire !
L'image de "sacrifice expiatoire" n'est donc pas juste, et elle cache malhonnêtement ce crime majeur des hommes.

 

[1] Dict. du N.T.  de X. L. Dufour : sang : lévitique, XVII, 11 à 14 : "L"âme de toute chair est dans le sang ; et je vous ai donné ce sang pour l'autel, afin qu'il serve d'expiation pour vos âmes ; car c'est par l'âme qu'il contient que le sang fait expiation... vous ne mangerez le sang d'aucune créature ; car l'âme de toute créature, c'est son sang : quiconque en mangera sera retranché."

[2] Messie (définition du dict. du N. T. éd du Seuil, coll. Livre de vie n 131, p 363, de X. L. Dufour) : l'Oint de Dieu : le roi, le prêtre, le libérateur promis, Fils de David. Jésus se voit avant tout dans son rôle spirituel de "Fils de l'homme". Il accomplit et dépasse les espérances juives. Il est "Seigneur".

[3] Le temple juif :  Le Premier Temple ou Temple de Salomon a été construit, d'après la Bible, par le roi Salomon (au xe siècle av. J.-C.). Il a été entièrement détruit par Nabuchodonosor II en 587 av. J.-C. - Le Second Temple fut construit au retour de la captivité des Juifs à Babylone, vers 536 av. J.-C. Il fut terminé le 12 mars 515 av. J.-C. – Il a été détruit par la conquête romaine en 70, lors du siège de Jérusalem.

 [4] Hérode le Grand règne de  -37 à – 4 ; son fils Hérode Archélaos, cruel, lui succède (de – 4 à + 6) comme ethnarque ou gouvernant de royaumes vassaux des Romains ; il n'est plus roi.

Après la déposition de l'aîné des fils d'Hérode, Archélaüs (qui avait succédé à son père comme ethnarque), la Judée est placée sous l'autorité d'un procurateur romain. Pilate, qui était le cinquième, succédant à Valérius Gratus en l'an 26, avait une plus grande autorité que la plupart des procureurs sous l'empire, car en plus de l'obligation ordinaire de l'administration financière, il avait le pouvoir suprême judiciaire. Sa période exceptionnellement longue de bureau (AD 26-36) couvre l'ensemble du ministère actif à la fois de Saint-Jean-Baptiste et de Jésus-Christ.
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880. Des Actes aux Epîtres : Paul de Tarse. Ecole du dimanche. 3. Mars. 2e sem. http://marike.over-blog.com/2018/01/880.des-actes-aux-epitres-paul-de-tarse.ecole-du-dimanche.3.mars.2e-sem.html                (24 01 2018) 
882. Les Epîtres. Ecole du dimanche. 3. Mars. 3e sem. (26 01 2018)

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