116. Marc. 15. 1 à 8. Lecture commentée. Jésus et le Sanhédrin chez Pilate – 1 –

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Article 116. Bible. Evangile selon Saint Marc 15. 1 à 8. Lecture suivie et détaillée, verset par verset. « C’est toi qui es le Roi des Juifs ? ». Lecture des compléments dans les autres évangiles, ici :  Mt. XXVII, 2, 11 à 16 ; Lc. XXIII, 1 à 5 ; Jn. XVIII, 28 à 40.

XV, 1
Dès le matin, les chefs des prêtres, auxquels s’étaient joints les Anciens et les Scribes, le Sanhédrin tout entier, enfin ceux qui avaient tenu conseil, firent charger Jésus de liens et l’accompagnèrent chez Pilate. – XV,2 -  Il l’interrogea : « C’est toi qui es le Roi des Juifs ? » Jésus répondit : « Tu le dis ».

Marc insiste sur le fait que tout le Sanhédrin se déplace chez Pilate. C’est important car parmi eux se trouvent des amis de Jésus, et c’est par eux que l’on a tous les renseignements sur ce qui s’est passé. Par ailleurs admirons la concision et la simplicité de l’entretien. L’auteur passe sur tous les préliminaires – Le Sanhédrin met au courant Pilate de leur accusation-. Sur quel ton Pilate parle-t-il ? On peut l’imaginer ironique, face à cette grande faiblesse de l’accusé, selon les yeux du « monde », de la « chair » : c’est bien d’autres ennemis, casqués et armés, que les Romains ont eu à combattre, au champ de bataille ! En effet, voilà le Christ seul et dénué de tout pouvoir temporel, face à ses terribles juges, ceux qui détiennent tout le pouvoir temporel, et qui entendent bien le garder. Pour la deuxième fois, Jésus parle ; pour la deuxième fois il témoigne courageusement : il est Messie, il est Roi.
         
Récapitulatif biblique : je pose Jésus homme, ointMessie, à son baptême, par Dieu,  selon la reconnaissance de Pierre (Marc 8. 29 : « Tu es le Christ », et selon ses dires à son  procès (Marc 14. 61-62 : Le Grand-Prêtre lui dit : « C’est toi qui es le Christ, le Fils du Dieu béni ? » Jésus lui dit : « Je le suis » ),  Roi (Marc 15.2 : Pilate lui demanda : « C’est toi qui es le roi des Juifs ? » Jésus lui répondit : « Tu le dis ! »)
            Jésus n’emploie pas lui-même par prudence ces termes de "Messie",  de "roi", surtout face à Pilate, le représentant du pouvoir politique, mais il ne veut pas non plus d’une royauté temporelle (Marc 12. 17 : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » ? Il entend le mot Roi comme spirituel, c’est pourquoi il ne va pas reprendre cette parole à son compte car elle n’est qu’à moitié vraie.  

Variante signalée, en Marc. 14. 62,  au sujet du Messie, de « Je le suis » : « Moi, je suis ». ce  qui exprime l’être de Jésus rattaché à la divinité (l’oint de Dieu) ; mais les deux expressions se rejoignent dans le sens du mot « oint », et la première traduction est en meilleur français  que l’autre.
L’important est que dans ce verset nulle part n’est précisée la divinité de Jésus ; au contraire Jésus se nomme encore ici « Fils de l’homme » et non Fils de Dieu ; même ses plus féroces ennemis ne peuvent  imaginer cette identité pour lui ; d'ailleurs il l'a récusée auparavant, attestant que, s'il est Dieu, les autres hommes le sont aussi (Jean 10. 33).

XV, 3
Les chefs des prêtres, cependant, formulaient contre lui toutes sortes d’accusations.
– XV, 4 - Pilate l’interrogea une seconde fois : « Tu ne réponds rien ! Vois tous ces chefs d’accusation ! » - XV, 5 - Mais Jésus ne répondit plus rien, ce dont Pilate fut très surpris. 

Pilate, intérieurement, doit mépriser le clan des prêtres et être bien ennuyé d’avoir à trancher pour le verdict, mais il ne laisse rien paraître, bien sûr ; il encourage seulement Jésus à se défendre. Pour la même raison que précédemment, Jésus se tait. Il ne daignera pas rentrer dans les méandres mensongers et coupables de la raison adverse : cela serait pour lui s’abaisser, et abaisser Celui qu’il sert et représente, qui n’est pas du « monde ». Ses juges seront jugés, à leur tour, et par un Tribunal autrement plus élevé. D'autre part, à quoi cela servirait-il ? "Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage" (Molière : "Les Femmes savantes") La force est du côté de ses juges religieux juifs qui veulent sa perte, et du peuple moutonnier. Jésus le sait.

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! » (Mt. V, 6)

XV, 6
A chaque fête1 il remettait un prisonnier, celui qu’on lui demandait. –XV, 7 – Or, il y en avait un, nommé Barabbas, qui, emprisonné avec d’autres séditieux à la suite d’une émeute, avait commis un meurtre.

Note 1 : La fête, c’est celle de la Pâque juive. Elle commence, comme on l’a vu, le 14 nisan (jeudi saint), jour du dîner pascal ou Cène, pour se terminer 7 jours plus tard ; or, malgré la quantité d’événements majeurs, nous ne sommes encore qu’au lendemain du repas pascal (vendredi saint). Barabbas est peut-être un Zélote (partisan d’un mouvement révolutionnaire, contre l’occupant romain). Si c’est le cas, on voit que Pilate préfèrerait sans doute condamner un ennemi de Rome plutôt que – à ses yeux sans doute- un original religieux innocent.

XV, 8
La foule, étant donc montée vers le Prétoire1, se mit à demander ce qu’on lui accordait toujours.

Note 1 : le prétoire, la résidence officielle du procurateur ou gouverneur, se trouvait dans une partie élevée de Jérusalem

Ceci témoigne d'une humanité du gouvernement et des lois romaines, d'un désir démocratique de la part du gouvernement d'être en accord avec le peuple, de laisser une chance au peuple.  Dans le cas de Jésus, c'est le peuple qui, par ce droit de regard sur son gouvernement, est jugé. C'est lui qui a finalement condamné Jésus : il est comme le troupeau de moutons qui obéit au mouton de tête. Il ne s'élève pas suffisamment, par sa culture et son intelligence, par son courage, pour critiquer ceux qui le dirigent. S'il y a des cas où "l'union fait la force", il y en a d'autres où l'union est déshonneur.

Résonance : Un mot / un poème : SILENCE
Les Destinées : La mort du loup

A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on laisse,
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t’appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler.

Alfred de Vigny (1797 – 1863)
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Cet article est aussi inséré dans l’ensemble plus vaste de mon école du dimanche biblique entièrement sur la toile (sans doute la première...) :

818. Ecole du dimanche. Mars-Avril. 5e sem. Interrogatoire et crucifixion de Jésus
http://marike.over-blog.com/2017/10/818.ecole-du-dimanche.mars-avril.5e-sem.html

868. Marc 14 à 16.  Ecole du dimanche. 3. Nov. 2e sem. Pâques (05 01 2018)
http://marike.over-blog.com/2018/01/868-marc-14-a-16-ec.du-dim.3-nov-2e-sem.html


(  Le premier article d’école du dimanche a le numéro 809, à l’adresse :
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Livres de Marike (décrits sur la toile, dans ce blog, et recensions) :
- Anthologie de la prose française. 1100-1900. 
Ed. indépendante illustrée. 2005. 480 p. Prix : 26 €. Epuisée. Qui la rééditera ?
- Etude des Evangiles, suivi de : Les Evangiles et l'écologie
L'Harmattan, coll. Chrétiens autrement. 2006. 155 p. Prix : 14,50 €
- Interroger sa foi. Du calvinisme au judéo-christianisme libéral. Préface du pasteur P. J. Ruff. Editeur : Edilivre. 2013. 261 p. Prix : 20€
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Livres de Michel Lefeuvre, philosophe des sciences : 
Une page sur lui et ses oeuvres : voir en marge d'un article : PAGE 4 : 
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pages/4_Michel_Lefeuvre_et_ses_oeuvres_Michel_Lefeuvre 

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