142. Matthieu. 18.12 à 14. Lecture commentée. La brebis égarée, retrouvée

Article 142. Bible. Evangile selon Saint Matthieu 18. 12 à 14. Lecture suivie et détaillée, verset par verset.  Le Berger et sa brebis. Dieu et l'âme humaine
(les trois autres évangiles en complément à la lecture commentée de l'év. de Marc)

Lire l'ensemble du début du chapitre 18, versets 1 à 11.

(Jésus parle) :
Mt . XVIII, 12 (Voir aussi Luc XV. 4 à 7)
"Si un homme a cent brebis et que l'une d'elles vienne à s'égarer, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans les montagnes, pour aller chercher celle qui s'est perdue ?

"Cent" est un chiffre convenu, pour montrer l'importance du troupeau face à l'unicité de la brebis, choisie femelle, de sexe faible, pour accentuer l'image de son impuissance. Le berger prend donc un risque, et son risque me ramène à l'ouvrage d'Antoine de Saint-Exupéry : "Pilote de guerre", livre sur lequel on a trop fait silence. En "clin d'oeil" : Restaurer l'Homme - Une morale du collectif.
L'auteur compare l'Homme à une cathédrale, l'homme relié au divin, oeuvre d'art :
chapitre XXV - J'ai oublié ma vérité. ..J'ai confondu cathédrale et somme de pierres et, peu à peu, l'héritage s'est évanoui. Il faut restaurer l'Homme...
Chapitre XXVI - Durant des siècles, ma civilisation a contemplé Dieu à travers les hommes. L'homme était créé à l'image de Dieu. On respectait Dieu en l'homme. Les hommes étaient frères en Dieu...
Nous avons vu s'introduire insensiblement une morale du Collectif qui néglige l'Homme. Cette morale  expliquera clairement pourquoi l'individu se doit de se sacrifier à la Communauté. Elle n'expliquera  plus, sans artifices de langage, pourquoi une communauté se doit de se sacrifier pour un seul homme... Nous nous en souvenons encore, mais nous l'oublions peu à peu. Et cependant c'est dans ce principe, qui nous distingue si clairement de la termitière, que réside, avant tout, notre grandeur.
Le principe d'égalité (dans la qualité de frères, égaux face à la qualité de Père, en Dieu) s'abâtardit alors en principe d'identité (un frère n'est pas identique à un autre), et nous n'en percevons plus, sans Dieu,  le véritable sens, ajoute l'auteur.
Effectivement chaque homme est unique aux yeux de Dieu, précieux en tant que tel, voilà ce que nous enseigne Jésus ici, et c'est pourquoi l'on doit risquer de perdre quatre-vingt-dix neuf  brebis pour essayer d'en retrouver une.

Mt. XVIII, 13, 14
Et s'il arrive qu'il la retrouve, en vérité je vous le dis, il a plus de joie à son sujet qu'au sujet des quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne se sont point égarées. De même ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux que périsse un seul de ces petits.

Ici, le mot  "joie" est important : il est synonyme d'amour. On retrouve ici l'idée de "la parabole de l'enfant prodigue" (Lc. XV, versets 11 à 32). "Votre Père qui est dans les cieux" pour ne pas le confondre avec les pères terrestres.

ce verset est extrait du début du chapitre 18 où il est beaucoup question des petits enfants (versets 1 à 6) ; ceux-ci, dans leur candeur, ne sont pas éloignés de la vraie grandeur.

Commentaire général : Il est intéressant de rapprocher  pour cette parabole les pages sur le même sujet dans  « La source intérieure »,  livre de Michel Théron (éd. BoD. 2017)  (pp. 52 à 54),  qui compare ce passage à celui de l’évangile  de Thomas (logion ou strophe 107)  : la brebis n’y est plus n’importe quelle brebis par sa qualité . C’est pourquoi le berger prend des risques, laisse le gros du troupeau pour aller  la  sauver. On pourrait aussi à la rigueur voir cette brebis exceptionnelle  (la plus grosse, l’Unique, selon le texte de Thomas)  comme comparable à Jésus, le berger devenant alors Dieu ; différentes interprétations peuvent-elles se superposer dans l'esprit de Jésus ? La morale de la qualité remplace ici celle de la quantité. L’évangile de Thomas, donc sa version de la parabole, est antérieur aux évangiles bibliques et il date des 1^e-2^e s. Il fait donc référence.
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