209 - A l'école, nos enfants sont-ils robotisés ?

Publié le par marike.over-blog.com



Voilà ce que je lis, signé de Jérôme Fenoglio, dans le n° 262 de : « Le Monde 2 » du 21 février 2009, page 40 :

 

« Saisissantes métaphores

On les appelle les grands robots humanoïdes, comme on parle des « grands singes »à propos des gorilles ou des chimpanzés. Ces créatures à hauteur d'homme sont apparues en Asie, particulièrement au Japon où aucune religion n'a laissé croire qu'il y a des frontières infranchissables entre l'humain, l'animal et la machine... »

 

mon commentaire : Jérôme Fenoglio doit être un spécialiste de toutes les religions du Japon pour être si bien informé...mais il est vrai que les religions sont en général assez anciennes pour ne pas s'intéresser à ces rapprochements ; elles cherchent, à mon humble avis, davantage à éloigner l'homme du chimpanzé qu'à le rapprocher de lui... quant au robot, elles ne l'auraient sans doute pas imaginé autrement que ce qu'il est , c'est à dire une machine faite par l'homme à son service...

 

Toutefois il faut que je précise que l'on ne considère plus l'animal aujourd'hui comme Descartes le faisait, comme une machine ; on le considère comme un "frère inférieur", faible face à l'homme, dont il ne faut pas abuser et qu'il ne faut pas maltraiter. Si l'on ne respecte pas l'animal, on ne repectera pas non plus son semblable..; évidemment c'est plus facile avec un chien qu'avec un serpent ou une araignée...(!)..toutefois il faut aussi voir l'immense distance culturelle qui sépare les deux : élever l'animal vers l'homme : oui ; abaisser l'homme vers la bête : non.


Mais venons en à mon propos : Robotise-t-on nos enfants aujourd'hui ? et, si oui, pourquoi ? 


Ma crainte est que, sous couvert de laïcité et de mondialisation, de financiarisation du monde,on évacue la mémoire essentielle de notre nation, son âme.


En effet, en histoire nous apprenions selon un programme strict dans chaque classe, jusqu'au bac, une tranche de l'histoire de notre nation, de son passé plus ou moins lointain : ses conquêtes et ses pertes territoriales, mais aussi sa civilisation, pour une époque donnée, qui faisait rêver, ses personnages clés, ... Nous avions nos héros et nos personnages repoussoirs, toute une variété qui nous permettait de nous repérer. Cette histoire tissait une partie de notre identité.

Ensuite, l'histoire s'est technicisée, si je peux dire : on a appris : l'agriculture au Moyen Age, par exemple, mais elle s'est ainsi peu à peu vidée de son âme ; elle était auparavant une « histoire », on en a fait une science. Jamais en 5e je ne me serais fait un « cahier d'histoire », avec amour, illustré, si j'avais dû dévider cette science-là. C'était elle qui nous donnait la conscience de notre appartenance à une nation, et pas le seul joueur de football.

            De plus, les medias, quand on a une page d'histoire, ne remontent guère aujourd'hui avant 1914, et se limitent le plus souvent à la guerre de 39-45. C'est extrêmement lassant pour la génération qui a connu beaucoup plus vaste dans le temps.

On se demande pourquoi l'on ne visite plus nos châteaux... parce que l'on n'a plus l'imaginaire qui accompagne cette démarche ! Il faut les faire revivre par la musique de l'époque, par tout leur contenu de vie au cours des siècles.... Et alors ces visites tiendront à nouveau du miracle... je pense à l'hérésie de placer au jardin des Tuileries des manèges partout, pour nos chères têtes blondes, et pour les caisses de la mairie de Paris...Comment refaire surgir la beauté, la poésie du passé, l'harmonie générale du jardin, dans un tel champ de foire ? Je me demande même si ce n'est pas, consciemment ou  inconsciemment voulu : casser notre grandeur, casser notre passé...et pour quoi ?


Je pense aussi à notre littérature : aujourd'hui, si vous regardez comment sont enseignées nos gloires nationales :  Victor Hugo, ou Lamartine, ...vous apprenez à votre grande surprise que ce sont des hommes politiques, des voyageurs...et je ne sais quoi d'autre, tout cela noyé dans de longs discours, mais l'essentiel, le poète en eux, celui des grands poèmes des « Contemplations » ou des « Méditations », l'essentiel, les poèmes, a tout simplement disparu. L'idéologie laïque mal comprise a vidé nos écoles de tout texte à teneur « spirituelle » -tout grand auteur est ici concerné- et ne laisse à nos enfants que le rebut, que ce que l'on n'aurait jamais voulu considérer autrefois, tant cela paraissait vain, vide de sens.


J'ai connu une époque -20 ans en 1956- comme protestante libérale en France, où « l'âme » pouvait parfaitement vivre, et plus que survivre : N'ayant jamais fréquenté que l'école de la République, j'ai constaté comment l'on conservait harmonieusement l'équilibre entre une culture chrétienne et spirituelle, d'une part, et une culture laïque ; on se mettait à l'école aussi bien de Bossuet que des philosophes des Lumières, et l'esprit, selon aussi son milieu familial, choisissait librement sa voie propre. Les professeurs respectaient parfaitement le devoir de réserve -avant 68- et ne se seraient pas permis d'influencer leurs élèves. Au printemps, les communiants catholiques venaient en 6e distribuer dans nos rangs leurs images pieuses en souvenir à leurs camarades, les invitaient, et tout cela se faisait oecuméniquement, dans une large hospitalité des esprits et des cœurs.


Aujourd'hui, j'ai l'impression que l'on veut tuer l'esprit, l'Esprit ? ... Veut-on que l'homme se rapproche le plus possible du chimpanzé ? du robot ? Et pourquoi, je vous le demande ? Pour le machiniser et pour mieux le manipuler ? Pour mieux le faire dépenser sans cesse dans une société de consommation devenue folle, où aucun objet d'utilité courante ne dure, pour que l'on soit obligé de racheter sans cesse, et avec quel gaspillage ?


Aujourd'hui l'homme ne se met plus au service de l'homme,  de ce qui le dépasse, du Beau, du Bien, du Vrai, de l'Homme, dans le but de chercher sa véritable vocation, sa grandeur, il est redevenu comme la fourmi qui court sans cesse, hommes et femmes, pour gagner le plus d'argent possible pour dépenser le plus possible : son seul univers, c'est Carrefour ou Auchan, un monde de béton de plus en plus grand, déshumanisé, où tout est axé autour du mot « vente », et de l'expression : « toujours plus » !


Comment j'inventerais ce monde pour aujourd'hui à l'école :


A l'heure de la mondialisation, et des nouvelles mondiales à la télévision, j'organiserais mon histoire -et ma géographie- en faisant une part plus grande à l'Europe et au monde, mais sans sacrifier pour autant notre passé national. Je reverrais notre bon « Isaac et Malet », notre livre scolaire d'histoire, pour voir quelles retouches y faire, mais sans tomber si possible dans l'idéologie ou les idéologies actuelles. Des coups d'œil comparatifs seraient intéressants : au même moment, ailleurs...


A l'heure de la mondialisation, je ferais un livre de littérature, française essentiellement, mais  qui inclue les plus grands textes des autres grandes littératures, par époque : que les textes soient à la fois dans leur langue originale et traduite -car l'on sait que la traduction, c'est le plus souvent une trahison- sans oublier l'Antiquité juive, grecque et latine, notre héritage européen. Que les programmes soient rétablis et qu'à la tranche d'histoire corresponde celle de littérature.


Je réserverais pour tous une heure par semaine d'histoire des religions, et d'étude expliquée des plus grands textes de ces religions, en faisant la part la plus grande à la Bible, notre héritage judeo-chrétien français et européen. A mon sens, les grands textes bibliques qui doivent venir d'abord sont les dix commandements et les deux lois d'amour du Christ. Mais on peut y adjoindre les deux prières de François d'Assise, ou le « j'ai fait un rêve » de Martin Luther King. Le Coran, les livres bouddhistes...


Le « par cœur » pour les grands textes est essentiel dans l'enseignement. Après explication, le texte continue ainsi à vivre dans la mémoire, et on le fait sien -on le « digère »-, qu'il soit purement littéraire ou religieux.


Comment j'inventerais l'architecture


...avec le retour écologique du bois, pour la construction : je rechercherais le beau, et pas seulement l'utile ; je prendrais modèle sur ce qui m'a plu à l'œil, lors de mes voyages, et je n'hésiterais pas à revenir sur les modèles du passé, s'ils me semblaient plus beaux que les miens. C'est ce que les Allemands ont fait et ils n'ont pas à s'en repentir, que je sache, au contraire de constructions hâtives, entassées, surélevées, en béton,  faites par les promoteurs pour gagner de l'argent au plus vite, par le tourisme saisonnier par exemple. Qui a  envie de retrouver Sarcelles en vacances ? Le soleil (lumière et chaleur) et la plage (eau et sable) seuls ne suffisent pas : l'homme a besoin de beauté et de rêve... Le promoteur l'apprend sur le long terme...L'œil spirituel est là...


Publié dans Société

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