240 - "L'Institution de la religion chrétienne" de Jean Calvin -7- La nature de l'homme

Publié le par marike.over-blog.com

240 - « L'Institution ». Calvin - 7- La nature de l'homme

 

Une petite parenthèse avant de poursuivre cette lecture : Calvin me semble vouloir construire, à partir de l'Ecriture, une religion logique de part en part, où une pauvre intelligence humaine peut tout expliquer logiquement. Or que savons-nous réellement sur les anges et le diable, sur le mal, sur Dieu, sur toutes les grandes questions philosophiques et religieuses ? En réalité bien peu de choses...

 

Toutefois Calvin a le mérite, le courage, de chercher, à partir des seules Ecritures, à bâtir une Eglise. On voit que l'autorité de sa parole, qui veut sans cesse s'affirmer, est sans cesse contestée par cette même pauvre raison humaine.

 

Alors, à la fois, tirons un coup de chapeau à Calvin pour sa hardiesse, et, à la fois, cherchons à marquer les limites de ces pauvres affirmations.

 

C'est ainsi que Calvin va maintenant nous « révéler » ce qu'est notre nature humaine...ce qu'en disent les Ecritures et comment il tranche, à partir d'elles, avec son pauvre outil humain intellectuel, la question.

 

***

Il faudra bien se garder, en dépeignant trop crûment les vices naturels de l'homme, de penser que Dieu en est l'auteur... Nous voyons que la chair cherche sans cesse des subterfuges pour transférer ailleurs, plus ou moins bien, la faute de ses péchés.

 

Pour Calvin, comme pour l'orthodoxie chrétienne, Dieu, par définition, ne peut être critiquable ; il est tout bon, tout juste, tout puissant...A l'homme à se débrouiller face à cette affirmation qui ne peut être contestée. C'est peut-être à partir de là que l'homme va se construire, prenant toute la responsabilité du mal sur lui. C'est ce que fait Œdipe qui, pour se punir de sa faute, se crève les yeux.


« La grandeur de l'homme, c'est de se sentir responsable », nous dit Saint-Exupéry ; Il ajoute ailleurs dans Pilote de guerre : « je comprends le sens de l'humilité. Elle n'est pas dénigrement de soi. Elle est le principe même de l'action. Si, dans l'intention de m'absoudre, j'excuse mes malheurs par la fatalité, je me soumets à la fatalité. Si je les excuse par la trahison, je me soumets à la trahison. Mais si je prends la faute en charge, je revendique mon pouvoir d'homme. Je puis agir sur ce dont je suis. Je suis part constituante de la communauté des hommes.... »

 


 

Calvin distingue en l'homme deux parties : le corps et l'âme, parfois appelée esprit.
Quand ces deux mots « âme » et « esprit » sont conjoints, leurs significations différent ; mais si  le mot « esprit » est seul », il a le même sens que le mot « âme ».

 

Calvin ne dit pas ce que veut dire le mot « esprit » s'il est « conjoint ». Pour moi, il veut dire intelligence, alors que l'âme est davantage liée à l'affectif ; elle représente le caractère...  Mais pour Calvin, l'âme, c'est essentiellement ce qui peut survivre au corps, c'est notre identité spirituelle.

 

La conscience qui leur [aux hommes] fait discerner le bien du mal et répond aux critères de Dieu est un indice certain de l'immortalité de l'esprit. En effet, comment un mouvement sans essence percevrait-il le jugement de Dieu et susciterait-il en nous la peur d'être condamné comme nous l'avons mérité ? Le corps ne craint pas une punition spirituelle ; seule l'âme peut éprouver une réelle angoisse, ce qui prouve qu'elle n'est pas sans essence.

 

C'est notre apprentissage moral, notre culture, qui nous pousse à la peur du châtiment. Sans apprentissage, l'homme a-t-il peur ? On le voit avec l'extension de l'ignorance religieuse qui marche de pair avec l'extension de la violence aujourd'hui chez les jeunes. Où sont les interdits ? Plus l'homme est cultivé, plus il est religieux, plus la conscience s'affine en lui.

 

La vivacité de l'esprit humain, qui est capable de discourir sur le ciel, la terre et les secrets de la nature, de les mettre en mémoire et de réfléchir à leur sujet en en tirant des conséquences pour le passé et l'avenir, est bien la preuve qu'il y a en l'homme quelque chose de distinct du corps. Notre intelligence de Dieu nous permet de concevoir Dieu et les anges qui sont invisibles, ce qui n'est pas le cas de notre corps...

 

Le langage est la clé de notre supériorité sur les animaux ; il nous a mené à l'écriture et à la lecture, à la mémoire collective. Mais ce langage reste à la hauteur de notre être, de ses capacités...Peut-il justement, « concevoir Dieu et les anges » ?

 

Donc Calvin va s'appuyer sur l'Ecriture pour démontrer avec force citations que l'âme est immortelle (pp. 136-137).  Il va borner à ce point son regard aux Ecritures qu'il pourra dire :

Afin de ne pas être trop long sur un sujet qui ne soulève pas de problème...

 

p. 137 - 3.4. L'homme créé à l'image de Dieu

 

Ici je ne vais retenir des propos de Calvin que ce qui entraîne nettement mon adhésion ; en somme des propos assez sûrs et non des affirmations pour condamner péremptoirement ceux qui ne pensent pas comme lui, ou tous les méandres alambiqués de sa pensée, particulièrement  autour de la Trinité.

 

L'image de Dieu est spirituelle (ceci est dit par rapport au corps).

Il existe un débat d'importance touchant l'image et la ressemblance...(Calvin sur ce sujet n'est pas assez clair pour que je m'y embarque !...)

 

Bien que l'âme ne soit pas l'homme dans sa totalité, il n'est pas absurde qu'à cause d'elle, l'homme soit appelé « image de Dieu ». Je répète ce principe évoqué ailleurs : l'image de Dieu correspond à la dignité qui a été conférée à l'homme et qui le rend supérieur à toutes les espèces d'animaux... En reconnaissant l'image de Dieu en l'être humain, on avoue l'élever au-dessus de toutes les autres créatures et on le considère comme exceptionnel.

 

Calvin fait une exception pour les anges, créés aussi à la ressemblance de Dieu.(Mt. 22.30)

 

Adam a perdu presque totalement son intégrité dans sa chute ; l'image de Dieu est corrompue en lui ; Le Christ, le second Adam, la restaure.

 

Maintenant cette image transparaît chez les élus en partie, ou plus ou moins clairement, parce qu'ils sont régénérés par l'Esprit, mais elle ne sera pleinement réalisée qu'au ciel.

 

6. Définition de l'âme (p. 142)

 

Calvin nous dit que l'essence de l'âme est immortelle et

L'Ecriture nous enseigne que l'âme est une substance incorporelle.

 

Le paragraphe qui contient cette phrase, autour de l'idée de l'âme domiciliée dans un corps,  est à mon sens un beau passage d'anthologie...

 

Ensuite Calvin expose les facultés en l'homme, décrites par les philosophes, par Aristote, .. et par lui. Il n'en retient que deux : l'intelligence et la volonté.(p. 144)

 

Adam avait la possibilité de choisir entre le bien et le mal.

[libre-arbitre : faculté de la volonté à opérer un choix en toute liberté.]

Adam après la chute a, je pense, perdu son libre-arbitre, avec toute sa descendance, en ce sens qu'il est devenu l'esclave du péché, bien que Calvin ne le précise pas.

 

 

Est-il raisonnable de penser que Dieu soit astreint à faire l'homme de telle manière qu'il ne puisse ni ne veuille pécher ? ...mais plaider contre Dieu est plus que déraisonnable , car Dieu aurait pu aussi lui accorder bien moins, s'il l'avait voulu. (p. 146)

 

 

 

 

 

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