279 – « L’Institution de la religion chrétienne » de Jean Calvin. III. 4. La confession (suite)

Publié le par marike.over-blog.com

14 08 09

279 – Lecture libre et critique de « L’Institution » de Jean Calvin. III. 4. La confession (suite)


Si donc tu apportes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; après cela viens présenter ton offrande…(Matthieu 5. 24-25)
(ensuite le ton de Matthieu se fait menaçant ; se profile le jour du Jugement, puis : Tu n’en sortiras, je te le dis en vérité, que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole. (Matthieu 5. 26)

 

Encore une autre catégorie de confession : La confession publique de ceux qui se repentent après avoir commis un scandale dans l’Eglise. Notre Seigneur Jésus pense que la faute privée d’une personne qui aura offensé son frère est de nature à l’écarter de l’autel, jusqu’à ce qu’il se soit excusé et qu’il y ait eu réconciliation entre eux. A plus forte raison celui qui a blessé l’Eglise par un mauvais exemple ne devrait-elle pas se réconcilier avec elle en reconnaissant sa faute ? C’est ainsi que l’incestueux Corinthe a été reçu dans la communion des croyants après avoir humblement subi la correction imposée (II Corinthiens 2. 6). Cette pratique a duré dans l’église ancienne, comme Cyprien le signale…


Ce n’est pas à nous de lier et d’astreindre les consciences avec d’autres liens, puisque Jésus-Christ défend strictement de les tenir en servitude…


Ceux qui ont une conscience affligée peuvent avoir recours [ à la Cène] pour retrouver la paix…



Le « pouvoir des clefs »

Le pasteur, ambassadeur de Jésus-Christ, a la charge de déclarer le pardon de Dieu et de le faire au nom de son Maître et par son autorité, selon la charge qu’il a reçue.

 

Ce « pouvoir des clefs » s’exerce : quand l’Eglise demande pardon à Dieu en reconnaissant de façon solennelle ses péchés ;  [quand] une personne particulière qui a commis une faute grave au détriment de l’Eglise, rend témoignage de son repentir ; [ quand]celui qui a besoin de conseil et de la consolation de son pasteur,l’informe de son problème, étant troublé en sa conscience.

Cependant, lorsqu’il est question du pouvoir des clefs, il faut toujours se garder d’imaginer une puissance donnée à l’Eglise, séparée de la prédication de l’Evangile…toute l’autorité que Dieu a donnée pour « lier et délier » est attachée à la Parole.

Je ne présenterai pas ici le détail du paragraphe 15 : les erreurs et les dangers de la confession auriculaire. Les théologiens papistes ont compliqué une question simple, à mon avis, selon ce que dit Calvin ; ils ont ainsi obscurci la question et favorisé la domination des prêtres.


C’est moi, moi qui efface les crimes d’Israël ; c’est moi et hors de moi il n’y a point de Sauveur (Esaïe 43. 11, 25)


En réalité la citation est la suivante : 11 - C’est moi, moi qui suis l’Eternel, et il n’y a point d’autre Sauveur que moi –12- C’est moi qui ai prédit la délivrance, qui l’ai accomplie et qui l’ai d’avance annoncée ; ce n’a pas été parmi vous un Dieu étranger.

(La note 64 du livre pour cette citation inexacte renvoie à : Pierre Lombard. Sentences, IV, d.18, sect. 4.)


16. Enumérer tous ses péchés est impossible

En aucun cas on ne doit accepter ce qu’ils imposent comme loi : d’avoir à énumérer tous les péchés  ou de considérer que les péchés ne sont remis que si on a une ferme intention de les confesser, ou de penser que l’entrée du paradis est fermée à ceux qui ont passé, avec épris, l’occasion de se confesser.


David : Qui connaît ses fautes involontaires ? Pardonne-moi ce qui m’est caché. (Psaume 19. 13)
Mes fautes s’élèvent au-dessus de ma tête comme un lourd fardeau, trop pesant pour moi. (38. 5)


Il comprenait certainement combien est profond l’abîme de nos péchés, combien le mal est dans l’homme, combien a de têtes ce monstre qu’est le péché, et quelle longue queue il a derrière lui.


Sauve-moi, ô Dieu ;
…J’enfonce dans la fange d’un gouffre…(2,3)

O Dieu, tu connais mes égarements,
Et mes fautes ne te sont point cachées(6)…
Qu’ils n’aient pas à rougir à cause de moi,
Ceux qui se confient en toi,
O Seigneur, Eternel des armées !(7)

Retire-moi du bourbier…(15)
Dans tes compassions infinies, tourne-toi vers moi ! (17)

Psaume 69. 2-3, 15-16
(passages cités par Calvin)

 

 


Qui donc prétendra, maintenant, pouvoir tenir le compte de ses péchés lorsqu’il voit que David ne pouvait pas calculer le nombre des siens ? (Et Calvin ne connaissait pas encore l’inconscient freudien !)


17. Enumérer tous ses péchés est aussi cruel
Les âmes scrupuleuses essayaient bien de les compter tous, selon les classifications des docteurs… mais peine perdue : elles étaient en plus accusées de négligence ! et, au bout d’une année, devoir énumérer les fautes que l’on a commises chaque jour... était une tâche particulièrement impossible...


De quelque manière que notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur. (I Jean 3.20)

 

Cette pratique ne pouvait que désespérer les âmes ou les rendre hypocrites.

Car, en ne se préoccupant que de dénombrer leurs péchés (bien qu’il faille le faire, ajoute plus loin Calvin) ils en viennent à oublier le secret abîme du péché qui est au fond de leur cœur, les iniquités intimes et les souillures cachées… (il faut donc avoir conscience que le péché est plus grand que tout ce que l’on peut dire)

 

Avant qu’elle ne soit instaurée la confession n’existait pas, et pourtant les pécheurs étaient pardonnés, précise Calvin ; il dit encore qu’un prêtre ne peut absoudre sans avoir connaissance de la totalité du péché confessé, et comment le pourrait-il ?  Ils usurpent abusivement cette autorité.


La cause de l’absolution réside dans la foi et dans la repentance  de celui qui demande pardon. Or ces deux choses ne sont pas connues d’un homme mortel pour lui permettre de formuler un jugement.  D’où il est évident que la certitude de lier ou de délier ne relève pas de la connaissance d’un juge terrestre.


Maintenant, pour bien protéger leurs forteresses, ils [les confessionnaires] disent que Christ n’a pas accordé le pouvoir de lier et de délier à ses apôtres avant de leur avoir donné le Saint-Esprit (Jean 20. 22-23) … Ils se vantent d’avoir le Saint-Esprit mais leurs actes les contredisent.

Nous voyons donc où ils voulaient en venir…ils voulaient régner arbitrairement et sans restriction, sans Dieu et sans sa Parole. (p. 582)


Dieu requiert simplement la repentance et la foi. (Matthieu 9. 29)


Les papistes, (Calvin n'a pas encore employé la notion adverse de "parpaillot") par la « satisfaction » que comporte la pénitence, c’est à dire le rachat des péchés par de bonnes œuvres, comme les jeûnes ou les aumônes, font obtenir le pardon de Dieu  par notre mérite. Or le pardon de Dieu est gratuit (Esaïe 43. 25, 52. 3 ; Romains 3. 24-25 ; Colossiens 2. 13-14 ; 2 Timothée 1. 9) ; il s’acquiert par le Christ (j’ajouterais personnellement : car il nous a « enseigné » Dieu, en quelque sorte, par l’exemple de sa vie et par son message). Tout ce qui a trait à « la victime expiatoire » chez Calvin, je le passe sous silence, car ce n’est pas ma conviction, la lecture libre et critique étant personnelle) …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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